[critique série] Tenacious D

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Kyle Gass et Jack Black sont deux guitaristes-chanteurs un peu losers qui donnent toutes les semaines un concert dans le même bar. Le public est indifférent, mais ils restent convaincus d’être des rockstars.

Note de l’Auteur

[rating:8/10]

Saison : 1
Nombre d’épisodes : 3
Format : 30 minutes
Titre original : Tenacious D – The Greatest Band on Earth
Création : Jack Black, Kyle Gass, David Cross, Bob Odenkirk
Avec Jack Black, Kyle Gass
Extrait d’un épisode :
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=VSr7xLQ8H2A[/youtube]

Il y a des gens qui connaissent Jack Black sans connaître le film Tenacious D. Et il y a des gens qui connaissent le film sans savoir qu’il succède à un album du même nom sorti en 2001. Enfin, il y a des gens qui connaissent l’album sans savoir que Tenacious D, au départ, c’était une mini-série plus ou moins diffusée sur HBO entre 1997 et 2000, dont l’histoire, bien que petite, vaut la peine d’être racontée. Les comparses Jack Black et Kyle Gass ont enregistré 3 épisodes (d’une demi-heure chacun), qui ont tellement plus à la chaîne qu’après avoir diffusé le premier, elle leur en a demandé 7 de plus, à condition qu’ils renoncent à être producteur exécutifs. Ils ont refusé ; HBO n’a pas débloqué de fonds et a attendu 3 ans avant de diffuser les 2 derniers épisodes. Ce qu’il faut retenir de ce récit, c’est évidemment l’étonnante intégrité artistique de Black et Gass, mais également l’authenticité des épisodes déjà tournés, qui ont donc été conçus et réalisés avec une liberté totale.

Avec le recul dont nous disposons aujourd’hui, on peut se rendre compte que Tenacious D contient déjà les prémisses de tout ce que sera Jack Black au cours de sa carrière : un éternel grand enfant, un amoureux de musique et un excellent chanteur dont les velléités comiques ne doivent pas faire oublier les talents vocaux, et surtout un acteur incroyablement expressif au visage élastique, dont les mimiques cartoonesques sont un sketch à elles seules. Alors que Black ressemble de plus en plus à une caricature de lui-même dans ses rôles comiques, il n’en apparaît que plus frais, plus spontané, et donc plus drôle ; le public ne sait pas encore quoi attendre de lui, et il s’offre sans retenue, avec un enthousiasme communicatif. Dès le premier pisode il apparaît d’ailleurs en slip, comme pour dire que tout le cœur de son œuvre est déjà là, et que tout ce qu’on pourra voir par la suite ne sera en fait que de l’habillage.

Le secret d’un humour qui fonctionne peut bien souvent être un mélange subtil entre la simplicité extrême d’un concept initial et l’imagination qu’on met en place pour en créer les variations les plus loufoques possibles. Le pitch de Tenacious D tient donc sur une feuille de PQ : deux personnages, Kyle et Jack, sont musiciens à la petite semaine, persuadés d’être des rock stars incomprises, et jouent toutes les semaines dans le même bar à une soirée open-mic. Pour pimenter le tout, il leur arrive des trucs, plus ou moins extraordinaires – sachant que même l’ordinaire revêt un caractère extraordinaire dans la série. Successivement, ils partiront donc à la recherche de l’inspiration, se disputeront une fille, rencontreront le yéti, improviseront la meilleure chanson de tous les temps avant de l’oublier, auront un fan, et partiront jouer dans la ville d’à côté. Ces évènement donneront l’occasion à Kyle de courir dans la nature à poil avec des chiens, à Jack de refaire une scène d’Apocalypse Now, au yéti de jouer de la batterie, et à des intégristes religieux de cultiver des pommes de terre géantes dans leurs excréments. Entre autres. [pullquote]Quand la musique est bonne, quand la musique donne, quand elle ne triche pas, on en redemande.[/pullquote]

Ceci étant dit, outre Jack Black lui-même, le réel centre de Tenacious D est la musique. Les deux acteurs jouent de la guitare, et puisque leurs personnages sont eux-mêmes musiciens, ils passent pas mal de temps sur scène, à interpréter leurs propres compos, souvent aussi drôles (et même parfois plus encore) que les intrigues qu’ils accompagnent. Là encore, le jeu explosif de Jack Black, qui gesticule et vitupère dans tous les sens tandis qu’il modèle habilement les vibrations de ses cordes vocales, sont pour beaucoup dans la réussite des effets comiques des morceaux. Il ne doit cependant pas faire oublier la qualité de la musique en elle-même, qui est telle qu’elle redonne la foi en l’acoustique et impose la guitare folk comme instrument rock à part entière, qu’il est possible d’exploiter avec agressivité et dynamisme, et pas uniquement pour des ballades ou des morceaux chiants. Malgré sa calvitie, son gros bide et ses doigts boudinés, Kyle Gass est un tueur, et il surprendra aisément tous ceux qui osent en douter.

Filmé pour 3 fois rien, écrit et composé à la va-vite dans deux ou trois décors cheaps, Tenacious D est néanmoins une mini-série hilarante, tristement méconnue en France (et même aux Etats-Unis ça doit rester assez obscur), qui constitue à n’en pas douter le plus grand sommet jamais atteint par Jack Black, dont tous les autres rôles similaires, de Rock Academy à Pick of Destiny, ne peuvent que paraître fade en comparaison. Tenacious D distille savamment un humour absurde, parfois potache mais jamais vulgaire, parfois référentiel mais jamais obscurantiste, qui en tout cas fait mouche à chaque fois, et parvient à faire rire des clichés de l’univers du rock n’ roll sans pour autant les tourner réellement en ridicule ou s’en moquer. Tenacious D est à recommander aux fans de Jack Black, aux amateurs de rock, et pourquoi pas à tout le monde en général. Quand la musique est bonne, quand la musique donne, quand elle ne triche pas, on en redemande.

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