UN MOMENT D'ÉGAREMENT
© Mars Distribution

UN MOMENT D’ÉGAREMENT, aussi mal pensé qu’interprété – Critique

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Le début de l’été est toujours l’occasion de la sortie de ces fameux « films de potes », au casting garni, et au scénario plutôt mince mais comblé par de la bonne humeur, des vacances et des engueulades. UN MOMENT D’ÉGAREMENT semblait à première vue offrir un cocktail plus intéressant et original : Vincent Cassel + intrigue ambiguë + film de mœurs + remake du film éponyme de Claude Berri (que je n’ai pas vu). Mais au final se révèle bien plus décevant et désagréable que les films de saison calibrés.

Avec à la réalisation Jean-François Richet, auparavant aux commandes des films Mesrine ou de Ma 6T va crack-er, UN MOMENT D’ÉGAREMENT c’est l’histoire de Laurent (Cassel) et Antoine (François Cluzet) emmenant leurs filles, respectivement de 18 et 17 ans, en Corse pour les vacances. Au milieu de ce décor idyllique, Louna, la fille d’Antoine, est très amoureuse et séduit Laurent qui se laisse entrainer. Il se trame alors un jeu de cache-cache et de chantage entre les amants d’un soir, Antoine et Marie, la fille.

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Alors, premier point noir du film : les personnages. Tous sont des stéréotypes de ce qu’ils représentent, et cela aussi bien dans leurs caractéristiques propres, que dans les relations qui les unissent. Les deux adolescentes passent la première partie du film à souffler de mécontentement, à lever les yeux au ciel d’exaspération, et à commencer chacune de leur phrase par « oh putain meuf … », provoquant ainsi irrémédiablement l’agacement du spectateur. Tandis que chez les deux pères, l’un est célibataire et a su rester « jeune et cool », alors que l’autre est un « vieux con » à tendance réac’, au bord de la rupture avec sa femme, qu’il soupçonne de frivolité. On va de plus retrouver dans UN MOMENT D’ÉGAREMENT une image très déplaisante de la relation homme-femme. Dépeinte comme manipulatrice et malicieuse, la femme cherche toujours à piéger l’homme, victime, en proie à ses instincts sexuels. Ce qui sera le maitre mot de la relation entre Vincent Cassel : l’adulte fautif mais victime, et Lola Le Lann (Louna) : l’adolescente innocente mais tentatrice et bourreau.

Par l’absence de subtilité dans la mise en scène et l’écriture, le film se révèle être aussi mal pensé qu’interprété.

En second lieu : le casting est en roue libre. Bien que mené par deux briscards du cinéma français, l’ensemble peine à convaincre. Vincent Cassel est à la traine, perdu dans ce film, son intonation particulière convient assez peu au film, il reste crédible mais sans plus. François Cluzet parvient lui à transcender l’idée même du sur-jeu, dans des séquences « endiablées » ou simplement dans des répliques banales, qui, à défaut d’être convaincantes, feront rire par leur aspect risible. Pour ces deux comédiens de talent, on est en droit de supposer une mauvaise direction d’acteur, ou même l’absence de celle-ci. Pour l’interprète de la jeune Louna, la faute est bien plus grave et désagréable. Aucune de ses répliques ne fait mouche, et, pire, chacune de ses interventions énerve, agace profondément. Toujours dans la niaiserie et l’excès la comédienne n’est jamais crédible. Alice Isaaz est finalement la seule à tirer son épingle du jeu, étant à la fois une actrice formidable, et interprète du personnage le plus intéressant : blessé et troublé. Dommage que ce soit le personnage le plus en retrait… Ce casting et sa direction parviennent ainsi à planter en partie le long métrage.

En partie seulement, car l’écriture finit d’achever le film. D’une part le scénario se révèle finalement assez creux, redondant et pas franchement intéressant ; et d’autre part les dialogues des comédiens (qui ne se portent pas mieux depuis le paragraphe précédent) sont soit maladroits, soit simplement mauvais. Donnant alors parfois dans le grand ridicule, tel le fameux : « La vie sert à faire des choses dont on se souviendra le jour de sa mort »… A méditer.

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Tout cela vient être parachevé par une réalisation qui reflète une absence de créativité et transpire même parfois le vulgaire. Jean-François Richet, persuadé de tenir en Louna sa Lola, sexualise à outrance son personnage féminin sans que cela ne soit nécessaire outre mesure, et ne parvient qu’à donner un aspect ridicule à ces séquences. Cette absence de subtilité se retrouve dans toute la mise en scène. Le réalisateur ose, certes, mais pour finalement ne rien dire, ne faisant alors ni dans le subversif ni dans la réflexion. Survolant tout de son sujet, qui ne sert que d’enjeu cocasse, UN MOMENT D’ÉGAREMENT prend la tournure d’une grande blague raté, désagréable et détestable.

Révélateur qu’un bon sujet ne fera jamais un bon film, UN MOMENT D’ÉGAREMENT est raté à tous points de vue. Se voulant certainement comme un film d’amour teinté d’humour, à l’image de sa fin, il n’est finalement qu’une comédie maladroite, désagréable et mal menée. L’absence de subtilité dans la mise en scène et l’écriture, révèle un film aussi mal pensé qu’interprété. Il en résulte cependant que le long métrage est parfois si ridicule et bête qu’on ne peut s’empêcher de rire, ce qui aura au moins le mérite de faire passer le temps et retiendra jusqu’au générique de fin.

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Tilcare
Tilcare
Invité.e
25 août 2021 8 h 17 min

Plutôt raccord avec le contenu de l’article, ce film est d’une pauvreté navrante au niveau du jeu, notamment CASSEL pitoyable dans son habituel rôle de pervers refreiné. Un mot tout de même sur le sujet, le cinéma se permet des dérapages de ce style, confronter des gamines à des hommes mûrs, les dénuder et les soumettre à des scènes de sexe dégradantes alors que CASSEL, lui, garde son slip… Elles traîneront toute leur vie ces images fixées sur le web et dans les mémoires. Dans la vraie vie ça s’appelle un détournement de mineur mais au cinéma on se le permet sans que rien ne se passe. Bref, un très mauvais film, un sujet pervers et des images dégoûtantes.

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