LES NOUVEAUX SAUVAGES
© Warner Bros. Pictures España

[critique] LES NOUVEAUX SAUVAGES

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Mise en Scène
9
Scénario
9
Casting
7
Photographie
8
Musique
8
Note des lecteurs2 Notes
8.9
8
Note du rédacteur

[dropcap size=small]L[/dropcap]ES NOUVEAUX SAUVAGES fonctionne comme le A TOUCH OF SIN de Zhang-ke Jia : il s’agit également d’un film à sketches, dont le sujet serait : la violence sous différentes formes.
Mais contrairement au film chinois, LES NOUVEAUX SAUVAGES ne cherche pas à suggérer par l’image l’état social de son pays (ou en tous cas très très peu). Le film de Damian Szifron est plutôt dirigé vers le spectateur, crée un grand huit imprévisible, joue avec les codes de narration, nos nerfs, et le tout avec énormément d’humour.

L’introduction du film, comme souvent dans cette sélection cannoise donne le ton du film.
Je vais tenter de vous la résumer pour vous donner envie de courir voir ce qui peut se passer après.

[toggler title= »Spoiler » ]

Donc le film commence sur une femme, qui marche dans un aéroport. Arrivée au guichet, elle réserve son vol. Demande si, par hasard, elle peut cumuler des miles. On lui répond : non, que son billet est réservé par sa société, à un tarif qui ne le permet pas… Dialogue bizarre, mais OK. Elle part donc s’installer à sa place, dans l’avion. Un mec mate son cul, un autre entame la discussion. Ils réalisent pendant cette petite phase de séduction, avoir une connaissance en commun, Gabriel Pasternak.
Le dragueur, ancien membre du jury d’un conservatoire, a recalé Pasternak lors d’un examen. La femme que l’on suit depuis l’aéroport, explique qu’elle est son ex. Une autre dame, assise sur le siège devant eux tend l’oreille, reconnait le nom, explique qu’elle fut le professeur de ce mauvais élève, Gabriel Pasternak. Puis le type du siège d’avant prétend également le connaître (haha dans la salle), l’avoir martyrisé en classe, jusqu’a ce que chaque passager réalise que sa place dans cet avion n’est pas fortuite, et que tous, ont cet abruti de Gabriel Pasternak en connaissance.
L’hotesse à ce moment explique que le fameux Gabriel s’est enfermé dans la cabine des pilotes ; L’avion commence à trembler. Un des passagers, un psy, tente de le raisonner, lui explique que cela vient du comportement de ses parents, qu’il est désolé de l’avoir arnaqué… Son ex, en profite pour s’excuser de l’avoir trompé… Avec le type du fond, celui qui matait son cul, un peu plus tôt (re-HAHA)…

Subitement, changement de décor : deux vieux assis au bord d’une piscine, en train de lire et de bronzer. Au loin, dans le ciel, un point grossit, encore un peu, un peu plus…  … …  C’est l’avion de Pasternak !!!!

Il se rapproche, se rapproche,, se rapproche,  SE RAPPROCHE, puis arrêt sur image lorsque l’AVION (oui, oui, un boeing, un truc très très gros quoi.) arrive à quelques centimètres de ces petits vieux, de l’écran, de nous.

Musique et générique sur cette impressionnante image :
RELATOS SALVAJES.
CHOC.

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LES NOUVEAUX SAUVAGES © Warner Bros. Pictures España
LES NOUVEAUX SAUVAGES © Warner Bros. Pictures España

Donc, cette introduction est le prototype de chacun des sketches du film. Chacun d’entre eux fonctionne comme un puzzle. Plusieurs éléments sont donnés au spectateur, ou plutôt aucun élément n’est hasardeux – on sent l’influence de Almodóvar producteur ! Au fur et à mesure des dialogues / actions des personnages, on commence à entrevoir ce qui sera la source de la violence, jusqu’à ce que subitement, elle se montre à nous.

Les différents sketches du film LES NOUVEAUX SAUVAGES s’envisagent de manière plus ou moins active / passive.
Passive lorsque certaines histoires forcent à simplement observer comment va se manifester la violence : elle peut être calculée, impulsive, ou logique, mais toujours imprévisible et explosive.
Certains sketches donnent dans la violence graphique et viscérale. D’autres examinent comportements, actes et paroles, montrent la part sombre d’âmes vicieuses, individualistes ou simplement revanchardes (Gabriel Pasternak, HAHAHA).
Certains cumulent les deux. Les sketches ont en commun d’être tous aboutis, réfléchis, basés sur une science du détail et du dialogue d’une précision remarquable.

C’est à ce niveau qu’en tant que spectateur, on peut être acteur du film et entamer un processus de décodage du film, sans doute moins ludique, mais autrement stimulant. Damian Szifron dispose effectivement des indices à l’intérieur de ses sketches, montre la précision de sa mise en scène, précision à la fois scénaristique et technique.

Les cadrages montrent toujours ce qu’il faut sans pour autant rendre les détails sur-brillants ; les acteurs, précis et subtils quand il le faut – ou à l’inverse pas du tout, sont CONSTAMMENT au bord du nervous breakdown. On s’amuse beaucoup à chercher les points de basculement, déjà dans leurs expressions, puis ensuite dans la trame scénaristique des sketches. Ceux-ci prennent presque tous la forme du huis clos, les personnages sont globalement prisonniers de leur environnement et donc obligés de se confronter entre eux. D’où l’importance du placement de caméras, parfait.

La photo est homogène, mais épouse rigoureusement le genre de chaque histoire (simili western, jeu de massacre en milieu bourgeois, drame urbain…). Enfin, la musique ou plus précisément la partition sonore, très accentuée, fournit beaucoup d’éléments à la fois comiques et révélateurs de l’état des personnages.

« L’effet comique est particulièrement lié à l’effet de surprise. Cette double émotion récurrente est la grande force du film : une source de plaisir continuellement alimentée par les trouvailles visuelles et scénaristiques de Damian Szifron. »

Enfin, Damian Szifron parvient à éviter toute répétition, et par là à donner un aperçu qui semble exhaustif des réactions possibles aux autres, ce qui confère un aspect total à son film.
Mieux, sur le dernier sketch, Szifron prend un train d’avance, prévoit, avec raison, que nous, spectateurs, avons compris le fonctionnement de son film, et prend à rebours le raisonnement que nous commençons à nous faire. Il va même jusqu’à jouer avec nos nerfs en modulant radicalement le rythme de cette dernière scène, de façon à rendre totalement imprévisible sa résolution. D’où la toute petite déception finale, liée à cette baisse de régime géniale en terme de mise en scène, mais également fatale à l’énergie générale du film.

LES NOUVEAUX SAUVAGES constitue donc le premier vrai choc du Festival de Cannes 2014, en prenant le parti de proposer un vrai divertissement maîtrisé et complet, sur le thème de la violence.
Le film, sans prétentions intellectuelles, ne sera probablement pas récompensé pour autre chose que son scénario et sa mise en scène, mais constitue une vraie réjouissance par rapport aux beaucoup plus classiques, autres films de la sélection Cannoise.

[divider]CASTING[/divider]

• Titre original : Relatos Salvajes
• Réalisation : Damian Szifron
• Scénario : Damian Szifron
• Acteurs principaux : Ricardo Darín, Oscar Martinez, Leonardo Sbaraglia
• Pays d’origine : Argentine
• Sortie : 17 septembre 2014
• Durée : 1h55mn
• Distributeur : Warner Bros. France
• Synopsis : Film à sketches sur le thème de la violence et de la sauvagerie.

[divider]BANDE-ANNONCE[/divider]

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Mise en Scène
Scénario
Casting
Photographie
Musique
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