Des mois que le nom d’Avatar résonne dans chacune de nos têtes comme le son des cloches salvatrices annonçant une ère nouvelle, une ère jouissive avant l’heure, une ère qui marquera à jamais l’histoire du cinéma d’une trace indélébile. C’était ça, Avatar, avec sa multitude d’opérations marketing nous annonçant le messie que les fans de SF attendent depuis des années. Du grand spectacle qui nous clouerait le cul au siège en le mettant à rude épreuve pendant plus de 2h30min.
Je restais tout de même dubitatif quant à la révolution annoncée avec la mise en ligne de la bande-annonce qui, à mon goût, nous en disait un peu trop pour que le film soit si attrayant au final. Mais bon, les puristes me disaient que je n’étais qu’un sot ignorant qui réfléchissait trop. OK, ils ont peut-être raison mais je décidais de garder au fond de ma mémoire cette petite appréhension me disant que cela pourrait toujours servir le moment venu. Et (mal)heureusement cette petite lueur de doute à priori anodine a pris tout son sens pendant la projection de ce soi-disant chef-d’œuvre.
Commençons par la 3D. Véritable révolution en soi qui promet un bel avenir dans le monde du cinéma, la 3D n’a pas encore fait ses preuves car elle sert le plus souvent à masquer de grosses lacunes au niveau du scénario, les producteurs espérant sans doute nous faire avaler plus facilement la pilule en nous balançant de la poudre aux yeux. Destination Finale 4 et Meurtres A La Saint-Valentin sont les exemples les plus parlants de ce procédé digne des plus belles escroqueries du 21ème siècle.
Pour Avatar, il paraît de source sûre et indiscutable que Cameron a mis les moyens nécessaire pour nous en mettre plein les yeux. Connaissant la filmographie respectable du monsieur, on ne pouvait s’attendre qu’à des merveilles visuelles. Si les trois-quarts du film nous en mettent effectivement plein les yeux avec un univers envoûtant, des décors époustouflants et une population humanoïde saisissante de réalisme, il reste de gros points noirs à ce procédé de la 3D. La scène d’ouverture du film est pour ma part totalement ratée, bousillant notre rétine plus qu’autre chose avec une sorte de flou incompréhensible et une profondeur d’image quasi inexistante (la petite animation avant le film était déjà plus réussie). En parlant de cette profondeur de l’image, certaines laissent grandement à désirer comme ces petites méduses représentants les âmes de Pandora qui deviennent tout simplement immondes quand elles tentent de s’approcher au plus près des spectateurs. On en conclut donc que ce procédé assez génial en soi a encore beaucoup de chemin à parcourir avant d’être réellement jouissif sans que certaines erreurs viennent gâcher notre plaisir. L’expérience n’en reste pas moins déroutante et je dois bien reconnaître avoir été ébahit devant le travail effectué par Cameron sur l’univers (faune et flore comprises) d’Avatar.
Là où Avatar m’a le plus déconcerté c’est au niveau de son scénario. L’histoire n’est ni plus ni moins qu’un western des temps modernes qui nous conte l’histoire de la conquête de l’Ouest avec l’extermination des indiens (ici représenté par les Na’vi) et la ruée vers l’or (les ressources naturelles richissime de Pandora) le tout saupoudré d’un happy-end tout beau, tout mignon, pour essayer de viser le public le plus large possible. Alors ce concept aurait pu être captivant du début à la fin mais c’est extrêmement mal exploité ; n’en témoigne ce message écologique intéressant au départ qui devient too-much par la suite et qui finit par tomber dans le ridicule de la propagande sectaire avec cette danse pour la moins hilarante (ou pathétique) des Na’vi.
Mettre 14 années à faire un film qui patine autant au niveau de l’histoire relève de l’exploit.
C’est extrêmement décevant de savoir qu’il s’agit d’un film réalisé par James Cameron. Lui, le réalisateur qui nous a scotché avec Terminator, qui en a remit une couche avec Terminator 2 et Aliens Le Retour, lui qui s’est amusé avec de l’action-movie pur et dur avec True Lies et a connu la consécration ultime avec Titanic, lui, ce mec-là, comment a-t-il pu se planter autant avec Avatar ? Prenons juste comme exemple Titanic. Ce réalisateur a réussi à nous embarquer dans une histoire dont on connaissait la fin sur le bout des doigts. N’empêche que le film est captivant jusqu’à la toute dernière seconde grâce à une réalisation méticuleuse et un scénario béton. Avec Avatar tout est téléphoné, tout est écrit d’avance à l’image de cette affrontement final que j’ai trouvé abominablement kitch.
Autre aspect qui m’a pour le moins dérouté, ce sont les acteurs et leur crédibilité. Si l’entrée en matière me laissait présager le pire, la suite n’a fait que confirmer mes craintes les plus folles. C’est cucul la praline pendant toute la durée du film, Cameron essaie avec une conviction au plus bas de sa forme de nous noyer d’une émotion quasi hypocrite à la longue. Le fait que le personnage de Sam Worthington soit handicapé est une chose qui colle plutôt bien au scénario, nous faire des gros plans sur ses jambes paralysées et sa difficulté à les soulever en est une autre complètement insensée. Ainsi, ce semblant d’émotivité finit par tomber dans le ridicule de la niaiserie américaine dans la plupart des cas.
Et puis dans tout bon film de Cameron qui se respecte, il y a toujours un putain d’acteur qui nous prend aux tripes pendant toute la durée du film. Michael Biehn, Arnold Schwarzenegger et Linda Hamilton pour ne citer que ces trois là sont les figures emblématiques des Terminator, Abyss et autres True Lies. Ici, rien, niet, nada ! Pas un seul bon acteur, tous bidons ! Il n’y en a pas un pour empêcher l’effondrement total des autres : Sam Worthington est bizarrement dénué de crédibilité et ses absences mentales à répétition finissent par lasser, Sigourney Weaver n’est plus ce qu’elle était, Giovanni Ribisi sur-joue à outrance son personnage et je me demandais bien quand Michelle Rodriguez allait se décider à enlever ses putains de lunettes Ray Ban !
Tout cela ne fait que gâcher un peu plus notre plaisir déjà bien affaibli par ce trop plein d’erreurs incompréhensibles.
Au final, Avatar est plutôt un bon divertissement qui ravira sans doute des millions de spectateurs voulant voir un bon film pour les fêtes de Noël. Malheureusement si on commence à creuser un peu et à le prendre pour ce qu’il prétend être (une révolution dans le monde du cinéma…), le film est une énorme déception. Jamais une ambiance aussi électrique en début de séance n’avait aussi rapidement laissée la place à une désillusion tenace et incompréhensible pour beaucoup.
Ayant la réputation d’être un martyr sur les plateaux de tournage (DiCaprio et Kate Winslet ne rejoueront sans doute jamais avec lui !) à cause de sa grande méticulosité, on ne peut que constater que James Cameron s’est assagi avec l’âge car il y a des erreurs impardonnables qui ne trompent pas et qu’il n’aurait jamais fait auparavant.
Désormais, après une telle claque négative, on ne peut espérer qu’une chose, qu’Avatar ne soit qu’un malheureux faux pas et que si trilogie il y avait, l’erreur serait très vite corrigée.
Wesley