« Allez, sois pas relou, amène moi steuplé ! Toutes les copines y vont, elles me l’ont dit sur Facebook ! » Comment voulez vous résister à une ado de quinze ans qui, pour une fois, est habillée et prête à partir et, surtout, qui daigne vous adresser la parole, avec même, oh joie, un sujet de conversation qui semble l’intéresser ?!
Bref, en sœur cool de 22 ans, je me sacrifie pour son bien être personnel et finalement, me dis que ça pourrait être rafraîchissant de voir enfin un film français qui parle de l’adolescence et pas pour la énième fois de la crise de la quarantaine…
Humour décalé, dialecte quasi-incompréhensible, portable incrusté dans la main… Oui, tout est là ! D’un point de vue cinématographique, pas de quoi sauter au plafond, même si certains effets de ralenti nous donnent l’impression d’être dans une « série américaine » et que le partie pris de lumière a tendance à sublimer ces jeunes incompris !
Elle, c’est Lola (interprétée par la très convaincante Christa Theret) mais ses copains parisiens l’appellent Lol (c’est plus cooool). Oui, parce qu’il faut préciser que tout ce petit monde habite Paris, et pas en banlieue s’il vous plait. Non, sinon ça ne serait pas rigolo : ils ne pourraient pas s’acheter de guitare en allant à Londres , ni avoir le dernier Mac à la mode ou déambuler dans un appart géant pour échapper à leurs parents qui leur courent derrière… Donc il fallait qu’ils soient « riches », ça aide ! La maman, c’est Sophie Marceau, qui n’a pas pris une ride depuis qu’elle écopait d’une claque dans La Boum. Mais sur ce coup là, c’est elle qui s’empêche d’avoir la main trop leste, et on l’adore. Son jeu est simple, efficace, sans certains chichis auxquels elle nous avait habitués ces dernières années. Elle rayonne, et le film s’illumine autour d’elle.
Liza Azuelos a choisi de nous faire revivre les premiers amours d’une troupe de musicos débraillés, et on l’en remercie, parce qu’elle nous emmène dans leurs petites têtes, comme pour nous rappeler que nous aussi, un jour, on était à leur place. On adore les détester sur fond d’une bande son djeunz et grave de la balle ! Même la blondasse peroxydée devient finalement sympathique. Ça crie, ça câline, ça pleure et ça rie… Les parents, grands ados complètement paumés par leurs rejetons, se réconfortent à coup de tranquillisants pour certains, de relations plus ou moins bancales pour les autres…mais tous sont contents de se perdre parfois dans la fumée d’un bon petit pétard confisqué à leurs têtes blondes.
Certaines scènes sont hilarantes (prenez un poulet ou une alarme, vous verrez…), d’autres serrent la gorge (mais prenez un bon « K lin », et tout ira mieux) : mises bout à bout, on obtient un film réussi, bonbon acidulé que l’on se plait à laisser fondre dans la bouche. Le tout sonne juste, mis à part peut être l’omniprésence d’un milieu social plus qu’aisé qui a tendance à fausser le côté « comme tout le monde » ; que voulez-vous, on n’a pas tous un papa ministre ou une maman qui met des pulls en cachemire…
Le plus gros défaut reste tout de même le fait que les filles sont roulées comme des allumettes et que ce petit monde semble ne pas connaitre l’acné. C’est bien dommage, parce que, si je me souviens bien, la question du physique est quand même très problématique quand on a 16 ans… La réalisatrice aurait pu (et du !) coller un peu plus à la majorité du public visé.
Quand la lumière se rallume, l’insupportable ado assise à côté de moi est redevenue ma toute petite sœur. J’ai envie de lui dire que je la comprends, parce que je me souviens, maintenant. Puis elle lève les yeux vers moi et me dis « ouahh, il était grave beau Maël ! ». Je vous parie ce que vous voulez que ce petit bout de femme s’est empressé d’aller promouvoir le film sur MSN… Et elle aura eu raison !
Liloie