[critique] No Country For Old Men

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A la frontière qui sépare le Texas du Mexique, les trafiquants de drogue ont depuis longtemps remplacé les voleurs de bétail. Lorsque Llewelyn Moss tombe sur une camionnette abandonnée, cernée de cadavres ensanglantés, il ne sait rien de ce qui a conduit à ce drame. Et quand il prend les deux millions de dollars qu’il découvre à l’intérieur du véhicule, il n’a pas la moindre idée de ce que cela va provoquer…

Moss a déclenché une réaction en chaîne d’une violence inouïe que le shérif Bell, un homme vieillissant et sans illusions, ne parviendra pas à contenir…

Note de l’Auteur

[rating:8/10]

Date de sortie : 23 janvier 2008
Réalisé par Joel Coen, Ethan Coen
Film américain
Avec Tommy Lee Jones, Javier Bardem, Josh Brolin, Woody Harrelson
Durée : 2h 02min
Bande-Annonce :
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Les frères les plus déjantés et succulents du tout-Hollywood reviennent avec un nouveau film noir, violent, nerveux, un film des frères Coen quoi !

Autant le dire tout de suite, avec cette adaptation du roman du même nom de Cormac McCarthy, on est proche du chef-d’œuvre.

Diversifiant et déridant les genres, Joel et Ethan Coen, les inséparables frères qui se sont déjà essayé au polar très noir avec Fargo, à l’absurde avec The Big Lebowski et au comique avec O’Brother et Ladykillers, ressuscitent cette fois un genre qui n’a pas vraiment su trouver son public ces dernières années avec des films parfois ratés comme Total Western d’Eric Rochant ou encore Cobra avec Sylvester Stallone : je veux bien entendu parler du western urbain.

Ici, tout démarre avec une scène de meurtre en plein milieu du désert, et plus précisément une mallette pleine de billets (thème récurrent chez les frères Coen). Llewelyn Moss, soudeur texan qui passe son temps libre à chasser, est confronté à deux choix simples et formalistes : prendre ou laisser l’argent. Etant avant tout un homme, notre cher soudeur prend bien évidemment cet argent facile, ne se doutant pas une seule seconde de la suite des événements. Car dorénavant, il sera la proie dans une chasse à l’homme sans merci.

Ce scénario maîtrisé dans les moindres détails permet aux frères Coen de revenir au cinéma de leurs débuts et au film de genre revisité, mélange de western et de film noir. Ainsi No Country For Old Men peut être considéré comme une version débridée de Fargo. En effet, les mêmes repères sont présents dans les deux films : une violence à la limite de l’extrême, un tueur psychopathe, un shérif en traque, une dénonciation de la perversité de l’argent sur l’homme, une tension palpable dans les moindres recoins, l’écrasement du paysage et du climat texan qui apparaît ici plus étouffant et malsain que jamais. No Country For Old Men fait partis de ces rares films qui s’écoutent, se regardent, se ressentent, se vivent.

Mais le principal atout de ce film reste avant tout son casting quatre étoiles : les frères Coen ont tout misés sur des acteurs à « gueules » aussi éclectiques que charismatiques.

Ainsi, nous retrouvons avec un plaisir non dissimulé Josh Brolin (American Gangster, Harvey Milk) en bouseux texan prêt à tous les sacrifices pour quelques dollars de plus à dépenser, Tommy Lee Jones (Trois Enterrements, Les Disparues), irrésistible en représentant de la loi fatigué et pensif donnant lieu à de grande leçons philosophiques sur le changement, la vieillesse, la vie, la mort, Woody Harrelson, figure emblématique des années 90 pour ces interprétations remarquables de Larry Flynt et dans Tueurs-nés, mais surtout Javier Bardem (Vicky Cristina Barcelona, Talons Aiguilles), oscarisé pour ce rôle de tueur psychopathe sans pitié, terrifiant et magnétique à la fois, utilisant des armes aussi dévastatrices qu’originales (un fusil à pompe avec silencieux et un compresseur d’air). L’acteur a mis ici tout son talent, tout son charisme au profit de ce rôle déroutant, déstabilisant.

A ces interprétations envoûtantes s’ajoutent des dialogues incisifs, taillés dans le vif, remplis de métaphores et de symboles qui font le charme de ce western urbain palpitant.

No Country For Old Men s’ancre fermement comme une référence indéniable en la matière, l’un de ces moments de cinéma que l’on a du mal à faire partager tant on a peur qu’on nous prive de ce plaisir, un chef-d’œuvre d’humanité comme en atteste les nombreuses récompenses couronnant cette entreprise : oscars du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur acteur pour un second rôle et du meilleur scénario adapté.

Comme quoi, quand les frères Coen mettent leur savoir faire au service du film, et non l’inverse, ils restent l’une des valeurs sures du cinéma hollywoodien.

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