UNE MERVEILLEUSE HISTOIRE DU TEMPS

UNE MERVEILLEUSE HISTOIRE DU TEMPS, la technique au service de l’émotion – Critique

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UNE MERVEILLEUSE HISTOIRE DU TEMPS c’est quoi ?

 – Un sujet fort : Stephen Hawking, sa vie, ses exploits à travers l’épreuve la plus ardue (une maladie dégénérescente hardcore). L’homme écrivit ainsi des théories physiques révolutionnaires, ainsi qu’un livre de vulgarisation scientifique best-seller, tout en étant en quasi-totale incapacité motrice.
 – Une performance inhérente : l’impressionnant Eddie Redmayne. Et en second rôle, également impressionnante, Felicity Jones.
 – Une mise-en-scène : élégante, ambitions esthétiques, musique très illustrative (Johann Johansson)

Pourtant,
malgré son statut appuyé de grosse dramédie romantique,
malgré son étiquette « True Story »,
malgré sa propension à la technique et aux performances « à Oscars »

UNE MERVEILLEUSE HISTOIRE DU TEMPSest vraiment réussi.

La performance d’Eddie Redmayne est évidemment Oscar-Friendly. L’acteur interprète quand même un homme qui, à partir d’un certain point, ne put s’exprimer que par son regard.
Le truc en plus, qui fait la marque d’un grand acteur, c’est de faire oublier la performance. Très vite, Redmayne donne une personnalité à Hawking. Mimétisme ou composition n’est pas important… Cinématographiquement, ça marche. Une personnalité positive, et surtout normale, qui possède sa part d’angoisses sous la surface. Redmayne ne rend jamais ces sentiments là apparents (aidé il est vrai par l’atrophie d’ Hawking). Impressionnant. L’empathie envers son personnage est réelle, car en plus de le rendre crédible, il le rend vulnérable. Il est en cela énormément aidé par la mise-en-scène, et sa partenaire à l’écran, Felicity Jones.

Car avant de parler de l’incroyable Felicity Jones, il faut préciser qu’ UNE MERVEILLEUSE HISTOIRE DU TEMPS est, plus qu’un biopic, une très touchante histoire d’amour. De la rencontre à… l’épilogue, tout est crédible, palpable, réussi. Pour rejoindre un autre film de vulgarisation scientifique à l’aide de l’émotion (Interstellar), et si l’amour était cette constante unique capable de lier Physique et indicible ? Pour Stephen et Jane, ce sera le cas. Mais aussi avec une forme de réalisme peu cinégénique, trouvant un écho dans les théories de Stephen Hawking : comme le temps, l’amour à un début, et par conséquent, doit avoir une fin. Tous deux très intenses. Ce que le film parviendra à démontrer de manière pragmatique en moins de deux heures.
Arrivant après pas mal d’années de comédies romantiques, il s’agit d’un véritable tour de force de parvenir à se démarquer de la concurrence, tout en utilisant les mêmes recettes. UNE MERVEILLEUSE HISTOIRE DU TEMPS se rapproche ainsi de l’esprit indépendant de la comédie romantique gros budget, tel que Benjamin Button ou Il Était Temps, récemment. L’amour est présent, mais exprimé autrement que par un vulgaire jeu de chat-souris-infidélités-retrouvailles. Il s’agit ici, de dévotion, de prises de responsabilités, d’objectifs inatteignables, d’épreuves particulièrement physiques. En cela, l’histoire d’amour d’UNE MERVEILLEUSE HISTOIRE DU TEMPS emprunte plus aux films de super-héros type Marvel qu’aux comédies romantiques habituelles. Jane et Stephen, pourtant éloignés sur le plan intellectuel, sont mis sur un pied d’égalité en termes de volonté, ce qui crée cette connexion unique qui unit leurs personnages. Une énorme force pour le film.

Une prise d’otage émotionnelle, qui relâche peu à peu son emprise au profit d’un drame familial plus convenu, mais touchant.

On en vient donc à Felicity Jones, incarnant Jane Hawking… La véritable héroïne du film. L’actrice derrière la femme est impressionnante. Elle aussi, pour la simplicité réaliste qu’elle donne à son personnage, mais également pour l’intelligence de sa répartie – et donc de l’écriture des dialogues. Ils parviennent à définir en quelques mots, quelques scènes, l’amour qui unira ces deux êtres, leur connexion à un niveau sentimental comme intellectuel. Passé ces premières minutes, sa volonté ne sera jamais remise en cause, construisant ainsi un personnage féminin d’une force rarement montrée au cinéma… L’amour est ce qui motive cette femme à supporter son mari dans tous les sens du terme. Un exemple de pur féminisme dissimulé à l’intérieur d’une vision archaïque de la femme. Beau.

La mise-en-scène quant à elle, n’est pas forcément très originale. On sent notamment l’influence de Fincher, dans cette précision de cadrages, dans cette fluidité, et ce soin apporté à l’image. On pense également à Soderbergh, pour cette saturation extrême comme reflet des humeurs des personnages. Mais justement, à l’inverse des deux premiers, tout cela n’a qu’un but chez Marsh : l’illustration d’une histoire d’amour, et l’émotion qui en découle. Contrairement à Fincher, qui montrait l’impact du temps sur l’amour de façon plutôt pessimiste et morbide dans Benjamin Button, ici le temps est destructeur du corps, mais pas des sentiments. Ceux-ci évoluent de manière rationnelle et pragmatique, mais restent entiers. On abordera pas Soderbergh sur le terrain de l’émotion, car ses films en sont globalement dépourvus.

Donc si la réalisation de James Marsh accompagne parfaitement l’histoire de ce couple, c’est surtout par le rythme.
Marsh, intelligemment, dose ses climax. Intensifie certains moments, dans le spectaculaire (l’évolution de la maladie / les découvertes de Hawking) comme dans la simplicité (la rencontre, les prises de décision). Il permet au spectateur de respirer aux moments les plus adéquats, et ainsi, ne tombe jamais dans un pathos hors-sujet.

Enfin, dernier gros plus ; les dialogues.
À la manière d’un Christopher Nolan (encore) les théories de Hawking sont proposées telles quelles, donc incompréhensibles pour le non-physicien. Seulement, les scénaristes se sont débrouillés pour introduire, par quelques mots très simples – notamment dans les discussions mettant en scène le fameux couple, une vulgarisation très réussie. Au final, ce bruit scientifique est globalement compréhensible. Pas dans le détail, mais par l’interaction avec l’intime du couple Hawking. Tout est lié et cohérent.

Vous l’aurez donc compris : UNE MERVEILLEUSE HISTOIRE DU TEMPS est une habile connexion entre la direction d’acteurs, l’alchimie du couple central, une écriture fine, complexe et intelligente de personnages et de dialogues ainsi qu’un excellent dosage de rythme.
La technique au service de l’émotion, qualité que nous apprécions particulièrement au cinéma.

Une Merveilleuse Histoire du Temps VS les Oscars

En ces temps de nominations/récompenses aux prestigieuses cérémonies américaines, il est intéressant de comparer les concurrents entre-eux. Cela donne un aperçu des tendances du cinéma américain, en matière de reconnaissance artistique.

Par exemple, UNE MERVEILLEUSE HISTOIRE DU TEMPS pourrait facilement être comparé à The Imitation Game, par la performance de l’acteur principal, et le récit inspiré d’un personnage ayant sensiblement laissé son empreinte sur le monde. La différence réside ici dans la justesse et la personnalité, tant dans la réalisation que dans le jeu d’acteurs.

Le rythme du film, nous a également rappelé celui du Whiplash de Damien Chazelle – pour son intensité. La musique du film, également nominée est selon nous trop orchestrale et démonstrative, mais participe pleinement à l’émotion ressentie devant le film.

Ces films sont tous complètement différents, mais dénotent – si l’on se réfère aux Oscars – à un certain attrait pour le hors-norme-consensuel … Ce qui sera au final, le véritable point négatif du film. UNE MERVEILLEUSE HISTOIRE DU TEMPS  ne sera pas cet ovni parvenant à bousculer les préceptes établis par ce genre de récompenses artistiques, comme récemment y sont parvenus The Artist, Démineurs, ou Les Infiltrés.

Note des lecteurs11 Notes
3.5
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