« MONTANHA » : quand le langage est plus corporel que verbal

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MONTANHA, c’est l’histoire universelle d’un gamin lisboète perdu et confronté prématurément aux responsabilités de la vie d’adulte. Lors d’un été, David, 14 ans, sait que son grand-père va mourir mais refuse de lui rendre visite de peur de le perdre. Sa mère, elle, passe des nuits entières à son chevet. Le vide que laisse déjà son grand-père oblige David à devenir l’homme de la maison. Il sent qu’il n’est pas prêt à endosser ce nouveau rôle, mais sans s’en rendre compte, plus il cherche à l’éviter, plus il s’en rapproche…

MONTANHA s’introduit par un long plan fixe, dévoilant le corps de David enlacé par les quelques rayons de soleils assassins, adoucis par un ventilateur salutaire. Une introduction annonciatrice de l’ambiance générale du récit de David, un adolescent en passe de passer à l’âge adulte, dans l’ombre d’une funeste tragédie. Victime d’une contagieuse léthargie, David et ses amis errent dans ce Lisbonne vidé de son habituelle joie de vie communicative. Bien lointaine d’une image carte postale, la ville dégouline de mélancolie et de rugosité. Les corps inexpressifs déambulent dans ces rues, ces cités mornes et grisâtres, à la merci du temps qui passe.

Photo 3 Montanha
© Pyramide Distribution

Après une palme d’or (Arena, 2009) et un ours d’or à Berlin (Rafa, 2012) sur le format court métrage, il était naturel que João Salaviza vienne boxer dans la catégorie supérieure. Sa mise en scène est âpre et modelée dans cette radicalité où le langage y est plus corporel que verbal. En effet, toute la nostalgie des personnages est dessinée dans le cadrage de João Salaviza et hissé à un haut niveau de plastique photographique. Le travail consiste à animer les immenses blocs de béton dans lesquelles sont illuminées les terrasses inhabitées. Par la même occasion, Lisbonne devient le théâtre des lamentations adolescentes à la lueur du soleil et à l’inquiétante domination des ombres meurtrières. De ce jeu de lumières, toute la poésie élégiaque émerge, d’une esthétique foudroyante. Ainsi, la combinaison des ces deux pans de mise en scène débouche sur une narration aussi habile que subtile. A ce titre, d’excellentes idées se dégagent de MONTANHA comme ce plan rotatif dévoilant un touchant et pudique premier baiser.

« Très esthétique, MONTANHA dévoile par l’image, toute la mélancolie et la vertigineuse chute de David. Néanmoins, l’exigence du projet laisse peu de place à toute forme d’empathie. »

Mais l’exigence du projet peut tenir à distance le spectateur du récit. MONTANHA impose, en outre, un rythme lent et trop peu dialogué. Si l’on est subjugué par la plastique démente du long métrage, on peut parfois être gagné par l’ennui. Cette rigueur que s’impose João Salaviza  peut également omettre de créer l’empathie avec le spectateur. Car finalement, si l’on guette les méandres de cette jeune génération laissée à l’abandon, le metteur en scène oubli parfois de nous inclure dans la moelle narrative. Dès lors, l’empathie nous gagne de justesse à l’écoute des derniers mots prononcés par David, à la fois dans la renonciation et la maturité.

Sofiane

D’ACCORD ? PAS D’ACCORD ?

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montanha_affiche

Titre original : Montanha
Réalisation : João Salaviza
Scénario :  João Salaviza
Acteurs principaux : David Mourato, Maria João Pinho, Rodrigo Perdigão
Pays d’origine : Portugal
Sortie : 4 Mai 2016
Durée : 1h31 min
Distributeur :  Pyramide Distribution
Synopsis : Voir ci-dessus

 

 

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