[évènement] Rencontre avec Pablo Giorgelli, réalisateur de Las Acacias

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Festival de Cannes 2011, Germán De Silva, Hebe Duarte, Jean-Christophe Berjon, La Semaine De La Critique, Las acacias, Maria Astrauskas, Pablo Giorgelli

Dans le cadre de la Semaine de la Critique, Las Acacias nous a été présenté au Festival de Cannes. Jean-Christophe Berjon, le délégué général de la Semaine de la Critique, définit ce film comme « un huis-clos minimaliste et intimiste (mais d’une générosité et d’une émotion profondes) ». Rien n’est moins vrai. Suite à la projection de ce film majestueux, Pablo Giorgelli, le réalisateur, et Maria Astrauskas, la monteuse du film et aussi la femme de Pablo Giorgelli, nous rejoignent pour discuter du film et de l’Amérique Latine.

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Pablo Giorgelli : C’était donc un voyage très long, très fatiguant, dans un très vieux camion. Je voulais que vous aussi, vous ressentiez la fatigue de ce long voyage.

L’acteur qui incarne Rubén, Germán De Silva, est un professionnel qui vient du théâtre. Il a fait pas mal de rôles secondaires. Mais au départ mon idée était de ne pas tourner avec des professionnels pour que ce soit le plus naturel possible. Donc j’ai fait de grands castings au Paraguay pendant longtemps. Le coup du sort c’est que Hebe Duarte [ndr : l’actrice qui incarne Jacinta] est l’assistante de production de la personne qui est responsable des casting au Paraguay.

Public : Et la ‘chica’ ?

Pablo Giorgelli : Effectivement, cette petite fille c’est la starlette du film. Ce n’est pas la véritable fille de l’actrice mais à chaque fois que je regarde le film, je ne comprend pas pourquoi ce ne sont pas véritablement une mère et sa fille.

Public : Où se trouve Catamarca ?

Pablo Giorgelli : Catamaca est une province au nord de l’Argentine du côté de la Cordillera centrale, et non du côté du Paraguay.

Public : Est-ce une histoire vraie ?

Pablo Giorgelli :C’est une pure fiction. Il y a une dimension personnelle puisque ça aborde un sujet qui m’est cher et qui me concerne celui de la paternité. Au moment où j’écrivais ce film, je traversais une crise personnelle très douloureuse puisque mon père était malade et qu’il est mort quelque temps après. Au même moment, j’ai vécu un divorce. Et suite à la crise économique en argentine, je me suis retrouvé au chômage. Je voulais donc faire ressentir dans mon film ces moments de solitude et de douleur en plus du thème de la paternité.

Cette douleur vient de ce que l’on perd : soit la perte d’un être cher, soit la perte de quelque chose en général. C’est ça que je voulais transmettre à travers le personnage de Rubén qui est un homme endurci. Rubén s’est blindé à cause de cette douleur. Cette armure finalement lui permet de se protéger de l’extérieur.

L’histoire du film est celle d’un homme solitaire, qui s’est renfermé sur lui-même et l’histoire du film c’est « comment cet homme va ouvrir son cœur ? ». Dans cette démarche, la petite fille est un élément clef puisque c’est grâce à elle qu’il va réussir à s’ouvrir.

Animateur : Vous avez monté le film chez vous, tous les deux, comment s’est passé le travail ? Est-ce que c’est facile de travailler chez soi avec son mari sur le dos toute la journée ?

Maria Astrauskas : Oui ca a été plutôt facile. Nous nous sommes connu par le travail, nous sommes tombés amoureux grâce à ce travail. Justement nous formons un très joli couple de travail et dans la vie. Le montage du film a duré 6 mois durant lesquels nous avons fait le montage chez nous. La première version du film dure 120 minutes. Et pour arriver à la version que vous avez pu voir aujourd’hui qui dure 83 minutes, nous avons du faire beaucoup de choix, nous avons du élaguer le film pour enlever ce qui n’était pas absolument essentiel. Notre but était de trouver les subtilités du personnage de Rubén qui s’ouvre petit à petit.

Pablo Giorgelli : Tant mieux que ce soit bien passé, j’avais peur que tu demandes le divorce.

Public : j’ai remarqué qu’il y a plusieurs coproductions avec d’autres pays latino-americain, dont Cuba ? Dans quels domaines les différents pays sont intervenus, comment ça c’est passé ?

Pablo Giorgelli : En fait il n’y avait que l’Espagne qui a participé à la production du film. Ce n’est qu’une petite partie du film. En fait, en 2007 quand j’ai terminé l’écriture du scénario j’ai gagné un prix à Cuba, à la Havane, le prix du meilleur scénario. Ça m’a ouvert quelques portes puisque c’est suite à ça que la télévision espagnole à proposer sa collaboration.

Public : Comment se passe le passage de la frontière ? Il y a-t-il des problèmes avec les sans-papiers comme en Europe ?

Pablo Giorgelli : Buenos Aires est une très grande ville. Il y a donc énormément de gens qui émigrent vers Buenos Aires. C’est bien une réalité concrète en Argentine. Malgré la crise qui a frappé l’Argentine ces dernières années, les flots d’émigration continuent et augmentent même. C’est très facile de traverser la frontière Paraguayenne. Maria précisait même que la frontière était carrément ouverte. Apparemment, on peut même la traverser à pied sans que personne ne nous interroge. On peut même aller se balader au Paraguay pendant quelques jours.

Effectivement le problème du racisme est très présent en Argentine mais c’est un peu comme dans tous les pays du Monde. Il y a un mélange ethnique mais d’origines aussi : en Argentine il y a beaucoup de personnes qui sont les descendants d’Européens. Moi j’ai des origines italiennes, Maria a des origines lituaniennes, le producteur est Polonais. C’est donc très mélangé et il peut y avoir des conflits avec les personnes d’origine indienne. En général dans les autres pays d’Amérique Latine, il y a plus de populations d’origine indienne qu’en Argentine où il y a un grand mélange de descendants européens.

Public : Rubén s’arrête devant une tombe je pense avec des drapeaux rouges, que représentent ces symboles?

Pablo Giorgelli : Ce n’est pas une tombe. Toutes les routes en Argentine sont bordées par ces autels dédiés à un saint populaire qui était un bandit assassiné. C’est devenu un mythe car on dit qu’il a accompli un miracle. Il est donc devenu le protecteur des routiers : tous les routiers s’arrêtent de manière un peu rituelle pour demander la protection de ce saint populaire. Et si vous avez fait attention, dans la cabine de Rubén, il y a un chapelet rouge. C’est aussi en rapport avec cette croyance. C’est un peu sa religion.

Public : A un moment donné, Jacinta parle à son bébé, je voudrais savoir quel est cette langue. Et ce qui est drôle aussi c’est que Rubén, qui ne parle presque jamais, éprouve le besoin de demander le sens de ce qu’elle a dit et se fait traduire certains mots comme si la communication enfin commençait…

Pablo Giorgelli : Oui exactement. Le guarani est une langue très ancienne d’Amérique du sud. Au Paraguay quelque soit la classe sociale à laquelle on appartient pratiquement tout le monde parle le guarani. Les deux langues officielles sont le guarani et l’espagnol. Il y a même une langue un peu intermédiaire où on mélange le guarani et l’espagnol.

Du côté du film, il communique effectivement à travers le silence et petit à petit ils communiquent avec des mots. Mais finalement ils se contentent de dire le strict minimum.

 

Lire la critique du film Las Acacias.

Festival de Cannes 2011, Germán De Silva, Hebe Duarte, Jean-Christophe Berjon, La Semaine De La Critique, Las acacias, Maria Astrauskas, Pablo Giorgelli

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  1. Le Cinéma n’est pas vraiment définissable. Il y a différentes manières d’en faire. Las Acacias en propose une. Beaucoup n’aimeront pas ce film comme toi, Qux. Et chacun est libre de préférer un type de cinéma plutôt qu’un autre.

    Mais ce que j’ai justement aimé dans ce film c’est qu’il n’y a pas d’ambition philosophique ratée. Il retrace humblement un voyage duquel émerge une relation. C’est davantage un constat, un partage, qu’une réflexion sur le monde et les êtres humains.

  2. « C’était donc un voyage très long, très fatiguant, dans un très vieux camion. Je voulais que vous aussi, vous ressentiez la fatigue de ce long voyage. »

    Voilà tout le film résumé par ça, effectivement sensation très réussie, mais pour moi ce n’est pas du cinéma, juste de la connerie à la pseudo profondeur philosophique absolument ridicule.