[critique] Honeymoons

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Dans l’espoir d’une vie meilleure, deux jeunes couples quittent leurs pays respectifs. Melinda et Nik quittent l’Albanie en bateau pour l’Italie, afin de vivre leur amour interdit. Vera et Marko, quant à eux, quittent la Serbie, en train, pour l’Autriche, via la Hongrie. Marko, violoncelliste talentueux, a la chance d’entrer dans le fameux orchestre philarmonique de Vienne. Mais, à leur arrivée à la frontière, bien qu’ils aient des visas en règle, pour eux, les problèmes commencent…
En dépit du fait qu’ils n’ont rien à voir avec un grave incident qui s’est déroulé la veille au Kosovo, et à cause de coïncidences malheureuses, ils sont arrêtés. Leur espoir de réaliser leurs rêves dans cette Europe, synonyme de Terre Promise, s’évanouit. Comme c’est souvent le cas avec les jeunes des Balkans, ils payent les erreurs des générations précédentes…

Note de l’Auteur

[rating:6/10]

Date de sortie : 23 décembre 2009
Réalisé par Goran Paskaljevic
Film serbe
Avec Nebojsa Milovanovic, Jelena Trkulja, Josef Shiroka
Durée : 1h35min
Titre original : Medeni mesec
Bande-Annonce :

HoneyMoons de Goran Paskaljevic décrit, en parallèle, deux histoires, deux bribes de vie. A la fois antagonistes et similaires, elles auront la justesse de ne jamais se croiser dans la diégèse à l’exception d’une rencontre inévitable dans l’imaginaire du spectateur. Cette valse impalpable fait toute la force et la beauté de ce film.
La structure de Honeymoons se fonde sur un problème géopolitique spécifique. La Serbie, l’Albanie et l’Italie en sont les principales entités. Je ne reviendrais pas précisément sur ce conflit qui n’est pas en soi toute l’essence même du film.

Nos deux couples de personnages proviennent respectivement de la Serbie et de l’Albanie. Nombreux de leurs habitants démontrent une grande force patriotique voire raciste. Mais nos protagonistes, eux, ne sont pas aveuglés par cette doctrine : « le mal est forcément en face ». Ils souhaitent quitter leur propre pays, trouver une terre d’accueil, et notamment en Italie.
Le rêve n’est pas facile d’accès : l’Italie, ayant perdu certains de leurs soldats au Kosovo (sans savoir si les coupables sont Serbes ou Albanais)  traitent, dès qu’ils le peuvent, les immigrés avec suspicions. Ces séquences en Italie ne sont pas là pour en faire l’éloge, à tel point que le producteur italien s’est retiré durant le tournage, et que ce film ne verra probablement pas le jour dans ce pays latin.

Le film semble capturer au vol des instants parfois magiques, parfois difficiles, et nous les restituer. Avec grâce et légèreté, la caméra semble flotter autour des personnages. L’image laisse la place à ce silence remplit d’une vérité qui nous est difficilement accessible mais dont on peut en percevoir toute la force. Josef Shiroka (Nik) est remarquable, et participe grandement à cette sensation d’insaisissable. L’histoire est elle-même silencieuse, elle se passe de commentaires.
La caméra semble respecter cette absence en laissant la place à de nombreux gros plans des personnages. Ils sont seuls dans ce contexte politique, injuste, et incompréhensible. La caméra les isole tout en les rapprochant de nous. Tout est justement millimétré. Voilà peut-être pourquoi nous ne comprendrons pas toujours l’utilité de certaines scènes, nous laissant perplexe quand on ne cède pas à l’ennui.

Ces points positifs et négatifs créent une attente dubitative auquel Goran Paskaljevic ne cédera pas. La fin nous surprend mais ne nous déçoit pas. Le film résiste à la tentation d’une conclusion qui pourrait être de trop. Il s’arrête là, au milieu, abandonnant littéralement nos protagonistes. Ce sera peut-être au spectateur de les protéger au sein de leur mémoire.

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