Fidèle à ses expérimentations, Quentin Dupieux délivre un nouveau délire audiovisuel à l’histoire loufoque.
Ce matin, il fallait le vouloir pour assister à l’ouverture de la Quinzaine des réalisateurs. Les festivaliers ont bravé le vent, la pluie et le froid pour découvrir la dernière imagination signée Quentin Dupieux.
L’absurdité de l’individu pour encadrer un monde qui n’a plus de sens. Sur ce postulat, LE DAIM se révèle assurément jouissif. En témoigne l’improbable obsession de Jean Dujardin dans cette errance monotone, traversée du cœur de la France dépressive et remplie de banalité, « être le seul homme au monde à porter un blouson ». Il faut donc prendre ce huitième long métrage à l’accoutumée, ne pas s’attendre à cerner les évolutions des personnages, la mécanique du récit ou le squelette du scénario, à chercher à en extirper une quelconque signification alors que le film déroule son ubuesque fracas.
Dans LE DAIM ce sont les objets, ou plutôt, les vêtements cousus de peau de daims qui chevillent un scénario à la limite du délire psychiatrique. Puis, au milieu de l’étrange, tout est plongé dans un mélange de genres, entre le slasher Carpenterien et l’irrationnel, entre la folie personnelle et la normalité collective. Mais LE DAIM, c’est aussi Dupieux vu par Dupieux. Une réponse envoyée à ceux qui l’accusent de jouer au petit malin, de confectionner du cinéma bis sans intérêt. Il s’agit davantage, en creux, d’interroger avec ironie les frontières de l’art et à quelles conditions une succession d’images – réelles, mises en scènes ?- se suffit à elle-même pour être considérée comme du cinéma.
Emmené par un Jean Dujardin bedonnant, frisant l’apathie et une Adèle Haenel débordante de naïveté, LE DAIM a lancé d’une belle manière la Quinzaine des réalisateurs. S’il nous avait laissé sur notre faim à la sortie du commissariat, l’indomptable Quentin Dupieux retrouve assurément des couleurs. Dès lors, c’est un ouvrage de plus à ajouter dans ce cabinet des curiosités, dont l’Oeuvre trouve, patiemment, une parfaite cohérence dans un monde en perte totale de signification.
Critique publiée lors de l’édition 2019 du Festival de Cannes.
Sofiane
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• Réalisation : Quentin Dupieux
• Scénario : Quentin Dupieux
• Acteurs principaux :Jean Dujardin, Adèle Haenel, Albert Delpy
• Date de sortie 19 Juin 2019
• Durée : 1h17min