Photo du film CE QUE LE JOUR DOIT À LA NUIT
© Orange Studio

CE QUE LE JOUR DOIT À LA NUIT, du roman au film – Critique

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Les frontières entre l’art et la littérature s’efface de plus en plus, l’adaptation d’œuvres littéraires à succès mondiaux en films fait de plus en plus son émergence au cinéma et les exemples sont nombreux : Orgueil et préjugés de Jane Austen (2005), Les misérables de Victor Hugo (2012), Madame Bovary de Gustave Flaubert (2015) etc. Retour sur l’adaptation du best-seller international Ce que le jour doit à la nuit (2012) de Yasmina Khadra, sacré Prix roman France Télévisions 2008.

Inspiré de faits réels, le film adapté par Alexandre Arcady nous plonge dans l’Algérie des années 30 aux années 60 pendant la guerre d’indépendance algérienne et suit l’histoire d’amour impossible entre Younes, un jeune algérien élevé comme un pied-noir par son oncle et la belle Émilie, une jeune française qui fait chavirer tous les cœurs.

Photo du film CE QUE LE JOUR DOIT À LA NUIT
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Tiraillé entre deux cultures et la promesse que Younes a faite à la mère d’Émilie, le drame romanesque transporte le spectateur dans une histoire bouleversante, poignante et tumultueuse. Mais bien plus qu’une histoire d’amour impossible entre un algérien et une française, le film met en avant le déchirement de deux peuples qui ont chéri ensemble pendant plus d’un siècle la même terre. Le tout est transposé avec une belle mise en scène et une bande sonore mémorable.

Récit poétique, le roman quant à lui nous immerge dans une ambiance parfois triste, parfois gaie, tantôt légère, tantôt dramatique avec un style d’écriture sobre, envoûtant, où Younes le narrateur livre à la première personne les moindres détails de son existence à Oran, puis à Rio Salado en retraçant tous les évènements heureux, tragiques, nostalgiques, violents qui transcendent son être.

De même, l’histoire du film est racontée du point de vue de Younes. Tout au long du film, on retrouve une voix off qui communique les pensées du personnage principal. On retrouve également la plupart des personnages figurant dans le roman et on remarque que le réalisateur a essayé de recréer le plus fidèlement possible les espaces et les décors des rues des années 30. La question des unions mixtes et l’impact de la différence des cultures et religions sur les relations est également assez présente dans le roman et le film. On retrouve par exemple des séquences où Madeleine dit à Younes « Tu sais ce que c’est pour une catholique d’aimer un musulman ? Toute ma famille m’a tourné le dos et la sienne aussi, mais on s’aimait et on s’aime encore. », en parlant de sa rencontre avec son oncle. Il y a aussi la séquence où Isabelle crie « Moi je suis une Rucillio, je ne peux pas être amoureuse d’un Arabe », ou encore la séquence où Émilie demande à Younes « Pourquoi tu ne veux pas m’épouser, c’est parce que je suis Française ? ». De plus, le rappel aux origines a bien été conservé : par exemple, on retrouve dans le film des propos tels que « N’oublie jamais d’où tu viens ».

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Mais si le roman se concentre sur le destin de Younes et l’histoire de l’Algérie, le film, lui, se concentre sur le personnage de Younes (son honneur, son serment, son tiraillement entre deux cultures) et son histoire d’amour, ce qui atténue le climat tragique du roman et la complexité des relations entre les différents personnages. Ainsi, des moments historiques de la vie de Younes sont passés sous silence dans le film, comme le massacre du 8 mai 1945, le meeting du Général de Gaulle en 1960 ou encore le cessez-le-feu du 19 mars 1962. De même, des personnages féminins tels que la mère de Younes et les dames du patio (Yezza, Hadda, Badra) n’ont pas grande importance dans la version filmique, alors que la mère de Younes était à l’origine du personnage principal dans le roman. Nombreux autres passages qui touchent Younes ont également été délaissés ou survolés comme la recherche de son identité, le déchirement familial etc. Ce qui atténue la profondeur de ces scènes émouvantes.

Alexandre Arcady s’est donc donné beaucoup de liberté en adaptant le roman, en effectuant des raccourcis, peut-être par manque de temps ou d’argent, mais malgré que l’adaptation soit assez loin de l’émotion suscitée par le chef d’œuvre littéraire, le film ne manque pas de nous faire frissonner, époustoufler et transporter dans l’Algérie coloniale. 

Une adaptation doit-elle être une transposition fidèle de l’œuvre source ? En tout cas, Alexandre Arcady nous fait découvrir CE QUE LE JOUR DOIT À LA NUIT d’une autre manière. De l’écrit à l’écran l’œuvre adaptée est recréée selon la vision de son cinéaste.

Sandra

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Titre original : Ce que le jour doit à la nuit
Réalisation : Alexandre Arcady
Scénario : Daniel Saint-Hamont, Alexandre Arcady, Blandine Stintzy, Yasmina Khadra
Acteurs principaux : Nora Arnezeder, Fu'ad Ait Aattou, Anne Parillaud
Date de sortie : 12 septembre 2012
Durée : 2h39min
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