À la sortie du film Kaamelott : Premier Volet et à l’aube du second opus, il est tentant de se plonger dans cet univers mêlé d’humour, de drame et d’Heroic Fantasy dont seul Alexandre Astier a le secret. Avec ses 458 épisodes, la série Kaamelott a connu un succès fulgurant et une base de fans qui ne cesse de s’accroître encore aujourd’hui.
Amateurs de tables rondes, de calembours, d’easter egg ou de chevaliers incompétents, pénétrez dans le royaume d’Arthur et laissez-vous porter par la légende de Kaamelott.
Une légende arthurienne complètement revisitée
Oubliez la légende arthurienne que l’on vous a contée autrefois : dans Kaamelott, c’est une vision totalement décalée qui nous est offerte. Rencontrez un roi Arthur qui peine à accomplir sa mission divine, constamment dépassé par son entourage composé de chevaliers peu valeureux et encore moins loquaces.
Confronté à l’effondrement de l’empire romain ainsi qu’à de multiples incursions barbares, il doit également s’évertuer à poursuivre sa quête : trouver le Saint Graal.
Si vous aimez l’humour absurde à la Monty Python, cette parodie du cycle de la table ronde est faite pour vous. Découpé en six saisons qui sont appelées « Livres », ce format court et rigolard évolue en véritable saga d’Heroic Fantasy pour notre plus grand plaisir.
Une comédie anachronique
La série Kaamelott a pour elle comme atout de très bien vieillir et de pouvoir être vue et revue sans crainte, même plus de 15 ans après sa sortie (ce que peu de programmes français ont réussi à accomplir). Si les costumes et les décors vous installent dans un environnement moyenâgeux, les dialogues, eux, pourraient être entendus sans surprise au bar du coin. De nombreux éléments contemporains sont insérés çà et là pour créer le rire. Ce décalage historique s’inscrit dans l’ADN de Kaamelott pour devenir sa signature.
Des personnages uniques aux répliques cultes
Quand l’on pense à Kaamelott, c’est avant tout ses protagonistes aussi attachants qu’incompétents qui nous viennent à l’esprit, accompagnés de leurs lots de répliques cultes. Plus que la monotonie du quotidien, c’est le ton trivial employé par les personnages qui les fait tomber du piédestal que leur attribuait la légende.
Ils sont montrés sous un aspect humain dénué de noblesse, que ce soit dans leurs paroles ou dans leurs gestes. Entraînant quiproquos et dialogues absurdes, chaque jeu de langage est un trésor pour les oreilles et pour l’esprit.
Les chevaliers qui prennent le mieux le contre-pied des légendes médiévales, ce sont sans conteste Karadoc et Perceval. Passant leur temps à boire des coups à la taverne du coin, leur vocabulaire argotique et familier, voire grossier, fait d’eux en quelque sorte les mascottes de la série.
Les avatars modernes de la table ronde sont bien loin des combattants légendaires et courageux voués à la quête du Graal, mais ce n’est pas pour nous déplaire. On s’attache à chaque personnage et à son histoire. Ce ne sont pas les héros sans défauts que l’imaginaire collectif a retenus qui sont mis à l’écran, mais bien des hommes ordinaires, moyens, voire encore en dessous.
Un bouillon de Pop culture
Vous l’avez compris, dans Kaamelott, le mythe d’Arthur est complètement détourné de sa légende. Pour déconstruire cette dernière davantage, Alexandre Astier n’hésite pas à y insérer des références qui en temps normal n’auraient rien à faire ici. C’est pour cela qu’au cours de votre visionnage, vous pouvez repérer des clins d’œil à Astérix et Obélix, Star Wars, Donjons et Dragons, Stargate, Warhammer et bien d’autres. Des détails que les fans de la série et férus de pop culture se feront un plaisir de dénicher tout au long de l’aventure.
Kaamelott : le Saint Graal de la télévision francophone
C’est en 2003 que la genèse de Kaamelott prend vie avec le court-métrage Dies Iræ réalisé par Alexandre Astier. Il met en place des thèmes et des personnages au cœur de la légende arthurienne et installe les prémices de la série. Deux ans plus tard, la société de production CALT cherche à remplacer Caméra Café, qui s’achève bientôt sur M6. Le projet est revisité en plusieurs épisodes pilotes de format court et proposé spontanément.
Créée par Alexandre Astier, Jean-Yves Robin et Alain Kappauf, la désormais culte série française Kaamelott voit le jour en 2005 et s’achève au cours de l’année 2009. Soufflant un vent nouveau sur la shortcom, elle marque une révolution du programme court en installant au fil de ses épisodes une narration de grande envergure. Véritable comédie d’auteur, elle s’inscrit sans mal dans la culture populaire de notre pays jusqu’à en devenir incontournable.
Alexandre Astier, enfant de la musique et de la comédie
Face à l’écriture de Kaamelott, Alexandre Astier n’en est pas à son coup d’essai. Musicien chevronné ayant grandi dans une famille de comédiens, il lui tenait à cœur d’écrire des dialogues qui soient divertissants à entendre, mais surtout à jouer.
« J’ai été élevé par des gens que je voyais de temps en temps s’ennuyer avec des textes qui n’étaient pas supers. […] Je voulais vraiment écrire de la matière pour comédiens » nous livre-t-il dans sa récente interview réalisée par Kyan Khojandi. Il est donc peu surprenant de constater que sa famille prend une grande place dans le casting de la série, lui apportant son lot d’authenticité et de spontanéité.
Avec comme passion la dramaturgie, la musique et le théâtre, il avait toutes les cartes en main pour créer ce qui deviendra plus tard un monument de la télévision française. Voulant faire de son œuvre plus qu’un simple feuilleton marrant, Alexandre Astier s’évertue à porter toutes les casquettes. Il devient ainsi acteur, réalisateur, compositeur, auteur, scénariste, producteur et monteur de son petit protégé, Kaamelott. Un exploit que l’on ne peut qu’applaudir au vu du résultat.
Une mélodie qui rythme la série
Dans Kaamelott, il n’y a pas que les dialogues qui ont été conçus pour nous divertir. La musique a elle aussi été réalisée par Alexandre Astier, afin de se fondre dans le décor moyenâgeux et nous transporter dans l’évolution du scénario. Les trois appels de cuivres qui marquent le début de chaque épisode des premières saisons nous rappellent les coups qui inaugurent une pièce de théâtre. Aucun détail de la série n’est laissé au hasard pour créer un univers opulent et cohérent.
Un Livre 5 qui marque un grand tournant
Ne pensez pas avoir saisi l’esprit de Kaamelott après seulement quatre saisons, car la série prend un virage à 180 degrés à partir du cinquième. Il faut dire que son auteur en avait assez de ne pouvoir étancher sa soif de narration dans un format si court. C’est pourquoi les épisodes s’allongent au fur et à mesure que l’histoire se complexifie, jusqu’à atteindre les 40 minutes dans le Livre 6.
Du rire aux larmes
Le Livre 5 marque un pas en avant pour Alexandre Astier. Peu importe la réaction du public, son souhait de faire évoluer Kaamelott vers un registre plus sérieux est à son apogée. Délaissant ainsi l’humour populaire au profit d’un scénario qui se remplit de noirceur et d’intrigues, c’est dans un tout autre univers qu’il nous emmène.
Entre doutes et interrogations existentielles, le héros n’est plus seulement un roi découragé par ses sujets, mais un homme qui veut trouver des réponses à des questions profondes. Au début troublé par ce changement d’ambiance, c’est sans mal qu’on s’enfonce dans les méandres de l’histoire pour découvrir une autre facette des personnages et de la série tout entière. Il est rare, voire exceptionnel, de constater une évolution aussi fulgurante à la fois dans l’écriture et dans la mise en scène. Si l’on compare le premier et le dernier épisode de la série, c’est à croire qu’il ne s’agit pas du même programme.
De la quête du Graal à la quête de soi
Si les premiers Livres peuvent facilement se visionner entre deux tâches ménagères, il vous sera difficile de décrocher vos mirettes de votre écran au cours des deux derniers. Les Livres 5 et 6 s’emplissent de mélancolie et de suspens au fur et à mesure que la narration s’étoffe. Les discours triviaux sont négligés au profit de véritables enjeux qui viennent s’installer dans la vie des protagonistes. Les bras cassés qui composaient l’armée d’Arthur font désormais face à une réalité qui les force à grandir et à prendre part à une aventure qui les dépasse.
De la série française à la trilogie
Bien plus qu’une simple anecdote humoristique de la légende arthurienne, Kaamelott est une totale réécriture du mythe qui dépeint mieux le présent que le passé. C’est une œuvre qui est en constante évolution et qui n’est, à ce jour, pas encore arrivée à son terme. La série se clôture sur un cliffhanger, ouvrant la voie à une trilogie cinématographique annoncée par l’auteur, censée marquer le point final de l’histoire.
Le premier volet, sorti le 21 juillet 2021, révèle une aventure épique qui prolonge celle de la série. Il aura fallu dix ans pour s’imprégner de la suite de l’histoire et pourtant sa fanbase n’a pas dégrossi avec les années, au contraire. Si vous ne faites pas encore partie de ceux qui placent un « On en a gros ! » ou un « C’est pas faux » au détour d’une conversation, foncez vous enivrer de chaque épisode pour enfin comprendre ce que vos collègues insinuent. Plus qu’une compilation de blagues, Kaamelott est devenu un univers incontournable, culte dans l’histoire de la télévision et dont le visionnage ne nous lassera jamais !
L’Encre du Web
Cet article a été publié suite à une contribution d’un·e rédacteur·rice invité·e.
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