Une fois digérée l’introduction à l’univers du Caped Crusader dans Batman Begins, Christopher Nolan s’attaque à l’ennemi emblématique de Batman : le Joker.
En conservant les ingrédients qui ont bien fonctionné dans le premier opus de ce qui devrait être au final une trilogie, le long-métrage fait évoluer certains personnages de manière intelligente comme celui de James Gordon, toujours excellement interprété par un Gary Oldman en grande forme et introduit un Joker totalement barré, ultra-violent et dont l’interprète au funeste sort, Heath Leadger, aura marqué sans conteste les esprits en effaçant des mémoires la version pourtant déjà très pertinente de Jack Nicholson. Ici, moins cabot et plus psychopathe, le Joker est clairement effrayant jusque dans son maquillage bien plus… animal.
Le montage du film est encore plus lisible que dans le précédent avec moins d’ellipses brutales, malgré encore quelques faiblesses dans les scènes de combats. Toutefois, les longueurs du premier opus se retrouvent à nouveau dans la deuxième partie du film introduisant un second méchant en la personne de Two-Face, qui s’avère malheureusement un peu fade après un Joker terrifiant. L’interprétation de l’acteur reste néanmoins fort valable, surtout en comparaison de celle de Tommy Lee Jones dans l’opus de Joel Schumacher (autres temps, autres mœurs)… L’ambiance générale du film traitée de manière assez “polar” par le réalisateur reste globalement de bon aloi.
On retrouve des thématiques chères à Christopher Nolan avec les questionnements identitaires (Two-Face, la dualité Bruce Wayne / Batman…) par exemple mais également sa tendance à prendre l’angle un peu plus original d’une intrigue qui pourrait être plus prévisible (ici le questionnement sur la limite entre la violence pure du Joker et celle « utile » du Batman). Cette « patte » Nolan est renforcée par la participation au film de nombreux de ses collaborateurs habituels à l’écran (avec aussi Michael Caine, Cillian Murphy…) et derrière la caméra avec notamment le directeur de la photographie Wally Pfister (qui l’accompagne depuis Memento) et le co-scénariste Jonathan Nolan, son propre frère.
L’ensemble du film est excellent mais on pourra néanmoins lui reprocher un dommageable manque d’équilibre. Le poids du propos du film sur la lutte contre le crime et le côté sombre et taciturne du « vigilante » que peut être Batman (toujours brillamment interprété par Christian Bale) éclipse un peu le côté héroïque, à part peut-être dans la conclusion du long-métrage. De même, les deux ennemis présentés dans le film n’ont carrément pas le même poids dramatique alors que leurs prestations sont dans les deux cas de qualité : on remarque d’ailleurs que la deuxième partie est plus longuette à cause de cela. C’est sans doute le seul véritable défaut dont le film peut pâtir mais il n’est tout de même pas anodin.
Excellent film en soi et sans aucun doute une référence dans le domaine du film super-héroïque, THE DARK KNIGHT – LE CHEVALIER NOIR rappelle à ceux qui l’auraient oublié qu’un bon méchant fait souvent une bonne histoire. Toutefois, malgré ses nombreuses qualités, la haute qualité ne tient pas tout le long du film et redescend parfois à un niveau plus standard qui se révèle un peu décevant et longuet par moments. Mais c’est un peu un paradoxe de gourmet à ce niveau global de qualité…
Eric
• Réalisation : Christopher Nolan
• Scénario : Jonathan Nolan, Christopher Nolan, David S. Goyer, Bob Kane
• Acteurs principaux : Christian Bale, Heath Ledger, Aaron Eckhart
• Date de sortie : 13 août 2008
• Durée : 2h27min