MOKA

MOKA, de très beaux portraits de femmes – Critique

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MOKA
• Sortie : 17 Août 2016
• Réalisation : Frédéric Mermoud
• Acteurs principaux : Emmanuelle Devos, Nathalie Baye
• Durée : 1h29min
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Note du rédacteur

Les romans de Tatiana de Rosnay ont décidément la côte auprès des réalisateurs : après Boomerang sorti en 2015, Spirale et Le Voisin actuellement en tournage, c’est aujourd’hui MOKA qui est adapté à l’écran.

Second long métrage de Frédéric Mermoud, MOKA fut pour ce dernier l’opportunité de remettre en lumière sa « muse » Emmanuelle Devos, qu’il avait particulièrement aimé diriger dans Complices. Le personnage qu’elle interprète ici est de nouveau en quête de vérité mais agit cette fois officieusement, partant à la recherche du chauffard ayant donné la mort à son fils avant de s’enfuir au volant d’une voiture couleur moka… De réflexions solitaires en rencontres inattendues, le réalisateur nous invite à suivre le parcours intérieur de cette femme sur le chemin du deuil, passant du désir de vengeance à l’acceptation de l’inacceptable. En dépit d’un manque de crédibilité par endroits, Frédéric Mermoud parvient à maintenir une tension liée à l’enquête et à susciter une forte empathie envers ses protagonistes, merveilleusement interprétées.

MOKA

De prime abord, MOKA est l’histoire d’une femme – Diane (Emmanuelle Devos) – qui décide de sortir de l’état de sidération dans lequel elle fut plongée lorsque son jeune fils est décédé, renversé par une voiture dont le conducteur n’a toujours pas été identifié. Incapable d’accepter cette douloureuse réalité, elle décide de partir seule mener l’enquête, passant de Lausanne à Evian sur les traces de la femme qui conduisait cette Mercedes moka. Mue par un désir compréhensible de vengeance dont elle espère tirer une forme d’apaisement, c’est finalement face à elle-même que Diane va se trouver confrontée : ses peurs, ses démons, sa volonté, sa détermination mais aussi face à son humanité. C’est précisément ce cheminement intérieur qui est intéressant dans MOKA, au-delà de celui qui mène au coupable.

En effet, ce qui captive c’est l’arc d’évolution du personnage incarné par Emmanuelle Devos. Ce qui émeut c’est le mélange de force et de sensibilité que révèle Diane lorsqu’elle apprend à connaître celle qui aurait tué son fils et dont elle s’apprête à détruire la vie. Entre la vengeance rêvée et la réalité, l’humain surgit et surprend. L’incarnation du coupable par une personne attachante (Marlène – Nathalie Baye) complique la donne, désarçonne, sème le doute et conduit à s’interroger sur « l’après » jusqu’ici savamment ignoré. Que faire de la vérité ? La douleur de la perte d’un enfant sera-t-elle atténuée par le fait de savoir son meurtrier en prison ? L’absence sera-t-elle plus supportable ? La conscience trouvera-t-elle du repos ? Peut-être sont-ce les réponses à ces questions que Diane cherche finalement à travers cette quête et qui lui permettront de franchir une étape du processus de deuil : l’acceptation, conduisant par la suite à une reconstruction progressive.

Plus intéressant du point de vue psychologique que de l’intrigue policière, la principale force de Moka reste cependant l’incroyable duel puis duo que forment à l’écran Emmanuelle Devos et Nathalie Baye.

Si le traitement psychologique du drame est assez bien maîtrisé par Frédéric Mermoud, on ne peut pas en dire autant de la « traque » du coupable. En effet, un manque flagrant de précision ou de rigueur conduit à différentes erreurs de raccord et de réalisation dans son ensemble qui nuisent à la crédibilité de l’enquête : les filatures sont grossières, les coïncidences et enchaînements parfois improbables ou trop faciles. C’est un peu dommage car le travail de fond est pertinent et propose de surcroit une ambiance à la fois mélancolique, poétique électrique qui n’est pas inintéressante.

Au bout du compte, MOKA reste un film prenant et émouvant mais plus intéressant du point de vue psychologique que de l’intrigue policière. Sa principale force reste cependant l’incroyable duel puis duo que forment à l’écran Emmanuelle Devos et Nathalie Baye qui livrent, comme à leur habitude, des prestations qui rivalisent de talent, de justesse et de charisme, offrant à MOKA une intensité qui le rend digne d’intérêt à travers de très beaux portraits de femmes.

Stéphanie Ayache

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corinne perrot
corinne perrot
Invité.e
25 août 2016 0 h 14 min

Bon film sur un sujet douloureux et servi par un casting de choix

pillet pascale
pillet pascale
Invité.e
24 août 2016 14 h 59 min

je souhaite juste recevoir les critiques des film a l affiche

Yannick
Yannick
Rédacteur.rice du site
Répondre à  pillet pascale
24 août 2016 15 h 06 min

Bonjour,

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