[critique] Lilya 4-ever

Nous souhaitons recueillir votre avis sur votre façon de nous lire. Merci de prendre 2 minutes de votre temps en cliquant ici !


Lilya, seize ans, vit dans une banlieue triste, quelque part en ex-Union Soviétique. Elle rêve d’une vie meilleure. Sa mère vient de partir aux Etats-Unis avec son compagnon. Lilya espère les rejoindre, mais ne reçoit ni nouvelles, ni argent.
Son seul ami est un garçon de onze ans, Volodya. Ils traînent ensemble dans les rues et s’inventent des histoires pour que la vie soit plus belle.
Mais un jour, Lilya tombe amoureuse d’Andrei, qui lui demande de le suivre en Suède pour commencer une nouvelle vie à deux.

Note de l’Auteur

[rating:8/10]

Date de sortie : 16 avril 2003
Réalisé par Lukas Moodysson
Film danois, suédois
Avec Oksana Akinshina, Artyom Bogucharsky, Pavel Ponomarev
Durée : 1h49min
Titre original : Lilja 4-ever
Bande-Annonce :

Lukas Moodysson est un jeune réalisateur suédois qui aime à rappeler qu’il n’est nullement l’héritier de Ingmar Bergman, tout au plus son petit-fils ! Son talent s’est révélé à la face du monde lors de la sortie de Fucking Amal, satire comico-dramatique sur le monde de l’adolescence, récompensée par de nombreux prix au niveau national et international. Je ne peux m’empêcher de le citer : « Je suis devenu cinéaste simplement parce que je suis en conflit profond avec mes propres sentiments sur les choses. »

Lilja (Oksana Akinshina) vit son adolescence dans une petite ville de banlieue en Estonie. Livrée à elle-même dans un minable petit deux pièces suite au départ de sa mère outre-Atlantique, Lilja se débrouille pour survivre, mais garde l’espoir d’une vie meilleure.
Jusqu’au jour où elle rencontre Andrei, qu’elle croit être celui qui va changer son destin. Il la convainc de tout quitter, de partir en Suède pour prendre un nouveau départ, Lilja se laisse tenter, accepte, pour finalement se retrouver prisonnière d’un réseau de prostitution…

Adapté d’une histoire vécue (celle de Dangoule Rasalaite), Lukas Moodysson dépeint au vitriol le portrait d’une société post communiste en manque de repères, stigmatisant un problème rendu presque insoluble : le trafic d’êtres humains et les réseaux de prostitution.
Mais au-delà du thème central, Lukas Moodysson met en scène une mosaïque d’émotions et de sentiments au travers de Lilja, et décrit avec une précision chirurgicale l’état d’une jeunesse en quête d’identité, avec pour seul héritage des décennies de sclérose et de misère sociale. Toute la dramaturgie du film repose dès lors sur l’interprétation des rôles. Oksana Akinshina apporte une authenticité rare au personnage central, Lilja. Cette jeune actrice russe (un interprète fut nécessaire pour la communication avec le réalisateur) réussit avec brio la prouesse de captiver votre regard et d’accaparer votre attention durant 110 minutes sans aucun répit. Son jeu n’a cure de la situation, elle s’adapte, inonde l’écran de sa présence, de ses regards, de ses répliques, passant allégrement de la joie à la peine, de la douceur à la colère, des certitudes aux doutes.
Lilja nous prend maternellement la main et nous invite à partager l’espérance et le courage qui l’habitent. Dans ce parcours de vie chaotique, un compagnon de route va devenir son confident, son gardien, son ‘frère’, Volodya (premier rôle pour Artyom Bogucharsky), petit garçon paumé lui aussi, errant de solitude, interprétant avec justesse ce premier rôle ingrat !

Remarquons au passage la référence au film-culte Psychose, lorsqu’après le viol collectif dans la douche, Lilja adopte la même pose que Janet Leigh, avec le rideau de douche déchiré !

Au milieu de ce climat sombre mais réaliste (il parait, selon certains témoignages, que la réalité est bien pire encore que ce qui est décrit dans le film !), les personnages gardent un caractère tridimensionnel, car même les plus odieux exhument leur humanisme enfoui.
La parabole que Lukas Moodysson utilise à la fin de l’intrigue vient consacrer un film d’auteur grandiose par son inspiration scénique. Certains brailleront à une forme de misérabilisme patenté, calfeutré dans un discours politique lisse et consensuel, qu’importe, leur verbiage, du haut de leur piédestal de critique, l’est souvent tout autant !

Nos dernières bandes-annonces

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

  1. Je viens de voir ce film et j’en suis encore toute bouleversée… D’autant plus que l’interprétation d’Oksana Akinshina est formidable!
    Un gros coup de coeur!