Ceux qui travaillent
Olivier Gourmet ©2019 Condor Distribution

CEUX QUI TRAVAILLENT, critique acerbe d’un capitalisme sans pitié – Critique

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Dans son premier long-métrage, Antoine Russbach dénonce les dérives de notre société consumériste à travers le portrait d’un cadre au chômage. Percutant.

Ça commence par une douche glacée. Frank n’est pas du genre à avoir froid aux yeux. Cadre supérieur dans une entreprise de fret maritime, il enquille les heures sans sourciller, convaincu que la consécration ne passe que par le travail. Son quotidien bien huilé vole en éclats à la suite d’une situation de crise à bord d’un cargo. Sur un coup de tête, il prend une décision illégale, qui entraîne son renvoi immédiat. De bourreau de travail à chômeur paumé, la chute est rude. Pour retrouver le monde de l’emploi qu’il chérit tant, Frank devra s’interroger sur ses motivations profondes et ses limites morales.

Ceux qui travaillent
©2019 Condor Distribution

« Travailler plus pour gagner plus ». Qu’il semble avoir vécu, ce slogan capitaliste, à l’heure où on ne jure plus que par l’épanouissement personnel. Conférer à Frank cette maxime de vie, c’était l’assurance d’attirer sur lui une antipathie instinctive. Un choix judicieux car, paradoxe de la fiction oblige, les personnages de salauds sont toujours les plus intéressants. On se plait à mépriser la rigidité de ce cadre solitaire, sa routine de robot et ses décisions amorales. Frank est un Frankenstein moderne, un monstre en col blanc, qui peut changer le cours d’une vie depuis sa piscine en un coup de téléphone.

Le manichéisme est heureusement évité grâce à l’interprétation touchante d’Olivier Gourmet, qui parvient à exploiter finement les failles de son personnage. Moins blessé dans son orgueil que tétanisé par la honte de l’inactivité, Frank peine à partager son amertume avec sa femme et ses cinq enfants. C’est tout seul qu’il doit affronter le malaise de ses amis et la cruauté des entreprises concurrentes. Un roulement d’yeux, un froncement de sourcils ou un silence appuyé suffisent à l’acteur pour rendre à ce stakhanoviste toute sa fragilité.

Ceux qui travaillent
©2019 Condor Distribution

Au fur et à mesure, le blâme change de cible. Les véritables méchants de l’histoire, c’est nous. Les types comme Frank, aussi détestables soient-ils, ne pourraient pas commettre leurs méfaits sans notre complicité tacite. Pour recevoir tous nos produits de consommation, livrés sans délai et à prix cassés, nous sommes prêts à fermer les yeux sur des chaines de production à l’éthique douteuse. Antoine Russbach, également scénariste, a parfaitement saisi l’hypocrisie de notre génération, qui cloue au pilori les banquiers de Wall Street tout en tweetant frénétiquement sur son IPhone. CEUX QUI TRAVAILLENT livre une analyse sans fard du monde de l’entreprise, aussi lucide qu’implacable.

Valentin Hamon–Beugin

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Note des lecteurs3 Notes
Titre original : Ceux qui travaillent
Réalisation : Antoine Russbach
Scénario : Antoine Russbach, Emmanuel Marre
Acteurs principaux : Olivier Gourmet, Adèle Bochatay, Louka Minella, Delphine Bibet
Date de sortie : 25 septembre 2019
Durée : 1h42min
3.5

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Note finale

  1. un film poignant! j(y vois la solitude d’un homme cadre supérieur dans le fret qui commet une erreur irréparable dans le cadre de son travail et que les membres de sa famille méprisent et ignorent,ce qui compte pour eux, c’est leur train de vie et leur petite vie de nantis, seule sa fille cadette apporte un peu d’humanté et de sensibilité à ce monde cruel, elle lui évite de commettre l’irréparable et le ramène à la vie

  2. Film réaliste et qui en dit long sur les grosses entreprises pour pouvoir faire des bénéfices..
    Cependant l’intrigue est inexistante et le scénario trop plat.**

    1. xcénatio plat !!! pas du tout d’accord avec vous , ce film remue les tripes,un film poignant! j(y vois la solitude d’un homme cadre supérieur dans le fret qui commet une erreur irréparable dans le cadre de son travail et que les membres de sa famille méprisent et ignorent,ce qui compte pour eux, c’est leur train de vie et leur petite vie de nantis, seule sa fille cadette apporte un peu d’humanté et de sensibilité à ce monde cruel, elle lui évite de commettre l’irréparable et le ramène à la vie