La Momie

[LUMIÈRE 2016] LA MOMIE (1932)

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Après les deux chefs d’œuvres que sont Dracula et Frankenstein, tout deux réalisés par des artistes d’exception, nous poursuivons cette rétrospective de la série UNIVERSAL MONSTERS (notre rétrospective: ICI) avec La Momie. Si le film de Karl Freund est certes moins réputé et emblématique que les précédents, il a tout de même contribué à populariser la figure de la momie au même titre que les remakes gentillets mais bien inoffensifs de Stephen Sommers. Cependant, ce serait une erreur de traiter La Momie comme un film mineur ou de seconde zone tant il s’inscrit parfaitement dans la logique mise en place par Carl Laemmle Jr tout le long de la série. Imparfait, parfois maladroit, parfois fort sympathique, le premier film de Karl Freund n’est en tout cas pas à exclure et sait se distinguer assez des grands classiques de la série pour devenir intéressant.

La Momie est un premier film, et comme la plupart des premiers films, il n’est pas parfait. Bien sûr, Karl Freund n’est pas un illustre inconnu inexpérimenté, il a notamment été chef opérateur sur l’excellent Dracula de Tod Browning, et surtout, il a travaillé avec les génies que sont Murnau, Fritz Lang, ou Paul Wegener. La perspective d’avoir un des directeurs de la photographie le plus connu et talentueux de l’époque à la barre d’un film fantastique comme La Momie était plus qu’alléchante ; les moyens colossaux mis en place par Universal, allié à un sujet comme l’Egypte antique qui permet énormément d’idées et de partis pris visuels, auraient pu donner un film visuellement audacieux et à l’ambiance unique. Malheureusement, Karl Freund réalise ici une œuvre assez gentillette en terme de photographie, pas désagréable à regarder bien sûr, mais assez décevante en comparaison du potentiel de La Momie. Il y a bien ces quelques séquences très surprenantes, ou ces plans sur les visages typés expressionnisme qui fonctionnent parfaitement, mais dans l’ensemble les cadres et le travail des lumières est sans surprises et même parfois peu inspiré, un comble pour Karl Freund. Pour rester sur la technique, il faut mentionner un montage lié à une écriture surprenante, qui à première vue peut dérouter mais s’avère finalement être remplie d’idées. L’abus de fondus au noirs très rapides et l’enchaînement des scènes, tout cela est pensé pour faire monter la pression et l’intention est bien visible, mais encore une fois on retrouve quelques maladresses. Les scènes de dialogue, qui constituent une grande partie de l’œuvre, alternent avec des scènes de tension bien réalisées mais beaucoup trop courtes et mal inscrites dans le récit, donnant une impression d’un rythme mal géré. Mais avec du recul, ce montage et cette écriture parfois frustrante car annihilant l’action est en fait un parti pris plutôt intéressant. Il permet à l’ambiance de se développer, et à assumer la priorité donné aux personnages. Mieux encore, il inscrit le film dans un héritage classique, qui a clairement vieilli et est bien loin de la modernité d’un Tod Browning ou James Whale, mais qui s’avère payant tant le charme un peu cheap, un peu rétro du film opère à merveille. Et c’est en quelque sorte cela qui sauve La Momie.

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Il y a un effet un point à éclaircir ; le film de Karl Freund n’est pas un film raté, c’est un film maladroit. Et cette nuance est ce qui fait de La Momie une œuvre bien sympathique, qu’on ne peut pas détester tant ses partis-pris et ses imperfections témoignent d’une volonté de bien faire qui crève l’écran. Et si le réalisateur parvient à mettre en scène cette sincérité, il est bien aidé par un casting talentueux et dirigé dans cette optique. Les réactions des personnages sont surjouées, datées, et cela participe au charme du film. Il est également un point intéressant à signaler dans le film de Karl Freund ; il s’agit plutôt d’une histoire d’amour que d’un film d’horreur à proprement parler, ce qui aurait pu être une grosse tare tant Paul Leni est tombé dans le piège dans l’Homme qui rit. Mais La Momie a le bon goût de ne durer que 70 minutes, et de faire vivre ses personnages en conséquences. Pas d’ennui, pas de problèmes de rythme, et surtout, le visage magnifique et le jeu très stylisé mais tellement beau de Zita Johann, qui incarne ici deux rôles et le fait à la perfection. Il est regrettable que sa carrière cinématographique soit si peu remplie tant elle semble à l’aise avec ses personnages et permet au spectateur de s’intéresser à leur sort. Ainsi, Karl Freund parvient à partir d’un scénario très typé série-B, et une production qui semble l’être tout autant – une grande première pour l’instant dans mon visionnage de la série UNIVERSAL MONSTERS – à nous faire aimer ce petit film très court, sans prétention et bien loin de l’ambition d’un Frankenstein, et à faire passer un bon moment. On pouvait légitimement s’attendre à un chef d’œuvre, tant tous les éléments étaient réunis pour cela, mais il serait dommage de bouder son plaisir devant La Momie et les bonnes intentions de son réalisateur.

Karl Freund signe un premier film imparfait, maladroit, mais qui se laisse visionner avec plaisir et se paye même le luxe d’émouvoir son spectateur”

Moins marquant que les derniers films de la série que j’ai pu visionné, La Momie l’est assurément. Karl Freund signe en effet un premier film imparfait, maladroit, mais qui se laisse visionner avec plaisir et se paye même le luxe d’émouvoir son spectateur. Le metteur en scène, bien entouré par des acteurs et une équipe totalement au service de ses intentions, semble prendre plaisir à construire le charme kitsch du film mais n’en oublie pas pour autant les critères de la série. Les plans sur le visage déformé de Boris Karloff ou les scènes d’épouvantes sont bien présentes et toujours saisissantes, mais le réalisateur impose son style daté, loin de la modernité vers laquelle tendent les œuvres précédentes, mais véritablement sympathique. Sympathique, voilà en somme le meilleur mot pour caractériser La Momie. Il sera intéressant de voir si James Whale, à l’origine du meilleur film de cette série pour l’instant, retournera à l’ambition et à la puissance d’Universal, ou continuera dans la voie intéressante qu’initie ici Karl Freund. Réponse dans quelques jours, avec la critique de l’Homme Invisible !

Louis

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Le Festival Lumière, aura lieu du 8 au 16 octobre 2016, dan stous les cinémas du grand Lyon.
la programmation
notre couverture
– notre rétrospective UNIVERSAL MONSTERS

[divider]CASTING[/divider]

Titre original : The Mummy
Réalisation : Karl Freund
Scénario : John L. Balderston
Acteurs principaux : Boris Karloff, Zita Johann, Edward Van Sloan
Pays d’origine : Etats-Unis
Sortie : 1932
Durée : 1h12
Distributeur : Universal Pictures
Synopsis : En 1921, sur le site de Thèbes, des archéologues du British Museum découvrent un sarcophage contenant la momie d’Imhotep, prêtre de l’ancienne Égypte embaumé vivant pour être tombé amoureux de la princesse Ank-Souh-Namun, en dépit de l’interdit. Ramené à la vie par accident, Imhotep s’enfuit en emportant le parchemin de Thot, qui permet de ressusciter les morts.

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https://www.youtube.com/watch?v=Skyuybdkb4w

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notre-dame-de-paris

1923 – Notre dame de Paris (★★★★☆)
« une excellente manière pour Universal de s’imposer comme un studio majeur »

le-fantome-de-lopera

1925 – Le fantôme de l’opéra (★★★★☆)
« une pépite visuelle et augure encore de belles choses pour la suite de la série »

lhomme-qui-rit

1928 – L’homme qui rit (★★★☆☆)
« pas un mauvais film, mais il aurait pu être bien plus »
dracula
1931 – Dracula (★★★★★)
« Tod Browning réalise une œuvre majeure, que ce soit sur le plan cinématographique pur ou sur la représentation de Dracula sur grand écran »
frankenstein
1931 – Frankenstein (★★★★★)
« un classique instantané réalisé à la perfection »
la-momie
1932 – La momie (★★★★☆)
« un premier film imparfait, maladroit, mais qui se laisse visionner avec plaisir et se paye même le luxe d’émouvoir son spectateur »

lhomme-invisible

1933 – L’homme invisible (★★★★☆)
« le metteur en scène s’attaque aux thèmes du pouvoir et de l’avidité sans concession et multiplie les séquences éprouvantes moralement »

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1935 – La fiancée de Frankenstein (★★★★★)
« L’œuvre de James Whale s’impose comme le joyau ultime d’une série absolument fascinante »

le-loup-garou

1941 – Le Loup-garou (★★★☆☆)
« LE LOUP-GAROU reste un film à voir, s’inscrivant visuellement et thématiquement dans la continuité des Universal Monsters, et qui saura vous captiver le temps d’une heure »

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1954 – L’étrange créature du lac noir (★★★★★)
« Jack Arnolds réalise un film d’une grande intelligence et d’une audace faisant tout à fait honneur aux premiers chefs d’œuvres de la série, tout en créant son propre mythe »

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Rédacteur depuis le 12.07.2014

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