SPECTRE
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007 SPECTRE : un regard vers le passé

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L’ère Daniel Craig a marqué un tournant dans la saga James Bond et SPECTRE, fraîchement en salles, vient la conclure. Il s’inscrit comme la suite logique du formidable Skyfall tout en arrivant à en démultiplier l’importance accordée au passé. Si on peut lui reprocher des défauts, il n’empêche que ce 24ème épisode puise toute sa beauté dans l’utilisation du souvenir. En mettant en scène un mal tentaculaire, tapis dans l’ombre et responsable des précédentes souffrances de Bond, SPECTRE convoque les trois précédents films avec brio et leur donne une substance particulière puisqu’ils s’ancrent dans un prolongement inédit pour la saga.

Pour la précision du propos, cet article contient des spoilers, nous vous déconseillons donc de lire ce qui va suivre sans avoir vu le film.

Avant ce film, il y avait Skyfall, où par son final le film ramenait Bond dans la maison de son enfance afin de vaincre Silva, le méchant. Le scénario posait dans cette séquence toute la mécanique scénaristique qui anime SPECTRE : retourner vers le passé pour déjouer le présent et, peut-être, s’assurer le futur. Dès le début, on apprend que M a transmis un message à Bond dans lequel elle lui demande de traquer un homme. Ce personnage emblématique, disparu dans le précédent volet et sur qui on avait douloureusement tiré un trait, réapparait tel un fantôme qu’on n’espérait plus revoir. Un esprit du passé quasi-divinatoire, venu apporter sa parole pour assurer la pérennité du présent. Des fantômes, SPECTRE en est peuplé. C’est probablement sous cet angle que le titre du film trouve son sens le plus évident car on ne cesse de voir ressurgir ceux que les personnages ont laissé derrière eux, gentils comme méchants. Ce n’est pas un hasard que la scène d’introduction se déroule à Mexico durant El día de los muertos, La fête des morts. Bond, déguisé en squelette, déambule dans des rues peuplées d’autres gens déguisés pareillement. Brillante idée du scénario qui transforme d’office le héros en spectre marchant parmi les morts. Outre Bond, c’est Madeleine qui a aussi le droit d’être mise face à son passé. Elle revit les derniers instants de son père dans une somptueuse scène d’émotions, où l’utilisation du hors-champ nous rappelle que le regard vers le passé n’est pas toujours une nécessité s’il peut nous permettre de s’abstenir de souffrances plus amples.

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Ensuite c’est évidement Bond qui doit se retourner vers son passé, pour puiser dans sa douleur la force nécessaire. Au lieu de perdre sans arrêt les gens auxquels il tient, il va essayer cette fois de sauver Madeleine pour qu’elle ne rejoigne pas son armoire de regrets. Tout l’enjeu moral et profondément humain du film trouve sa force dans l’une des dernières scène où, comme un symbole, il arpente les ruines de l’ancien bâtiment du MI6 où est retenue prisonnière Madeleine. C’est à ce moment que le passé trouve son incarnation formelle la plus éblouissante. Il met les pieds dans le passé et se déplace dans ce labyrinthe de débris comme il se baladerait dans les tréfonds de sa mémoire. Frôlant l’onirisme par instant, ce passage réanime des figures rencontrées ultérieurement par Bond en le confrontant à des portraits d’eux accrochés dans des cellules. Pas d’effets spéciaux, on n’en appelle directement à la mémoire par le simple biais de feuilles de papier. Le spectateur se remémore, à son tour, en communion avec le personnage, les précédentes aventures. La scène d’action qui suit allie le soucis du spectacle et l’humain, soit ce que l’ère Craig a essayé d’apporter à la saga. Et ce qui a marché.

Puisque le passé n’est rien s’il ne trouve pas son utilité dans le présent (ou le futur), l’autre symbole fort est de voir l’ancien MI6 exploser à nouveau, comme si, enfin, c’était bon et on pouvait se défaire de l’avant pour aller en avant. La destruction a lieu devant le nouveau MI6, soit le passé qui se pose littéralement face au présent, comme un passage de témoin. Jusqu’à sa conclusion, plus légère, SPECTRE n’a que pour objectif de convoquer le passé. On rigole, dans les dernières secondes, de voir Bond partir au volant d’une vieille voiture après l’avoir vu conduire un bolide ultra-équipé dans une course poursuite à Rome. L’intention pourrait paraître puérile, guidée uniquement par le soucis de la conclusion humoristique. En réalité le geste est plus fort. Comme pour nous dire que le passé peut faire souffrir mais qu’il a aussi le pouvoir de faire naître le plaisir. C’est en bénéficiant des ruines acquises durant les trois précédentes aventures que SPECTRE bâtit toute sa réussite.

A LIRE ÉGALEMENT : Notre critique de SPECTRE.

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  1. Beaucoup d’interprétations pour un film fade, long et creu , sans fond ni forme , le moins bon(d) de la série selon moi , et de loin. Il n’y a guère que la promo qui fut réussie

    1. Je suis le premier à dire que le film comporte des défauts majeurs.
      MAIS, je ne pense pas que ce que j’avance relève de l’interprétation tant le film accumule les éléments qui vont dans le sens de mes dires.
      Puis dire qu’il est « sans forme » c’est quand même de mauvaise foi, Mendes a un réel sens du cadre qu’on n’a jamais vu avant dans la saga.
      Il l’a prouvé avec Skyfall et encore maintenant avec Spectre. Difficile pour moi d’attaquer le film là-dessus, il y a bien d’autres choses sur lesquelles c’est faisable…

    2. « Le moins bon de la série » j’aime beaucoup lire ça parce que franchement dire que SPECTRE est loin d’être parfait, je suis d’accord, bien que certains défauts soient des éléments qu’on estimait manquant dans Skyfall mais bon, mais en faire le pire film de la franchise quand elle compte des navets comme Moonraker et Die Another Day…

    3. « Fade, long et creux » ? On n’a pas dû voir le même film alors.
      J’ai trouvé que pour un film de 2h30, on ne voyait pas passer les minutes et que justement, il comportait bien plus d’action que dans SKYFALL par exemple.
      De quelle « série » parles-tu ? L’ensemble des films – et là ce serait juste faux – ou l’ère Daniel Craig ?