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[LUMIERE 2016] DRIVER

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• Sortie : 23 août 1978
• Réalisation : Walter Hill
• Acteurs principaux : Ryan O'Neal, Bruce Dern, Isabelle Adjani
• Durée : 1h31min
• Projections au festival Lumière 2016:
Institut Lumière sa 8 à 15h
Comœdia di 9 à 22h30
Cinéma Opéra ma 11 à 17h
CNP Bellecour me 12 à 20h
UGC Ciné Cité internationale ve 14 à 20h30
Note des lecteurs1 Note
4
NOTE DU REDACTEUR

À l’instar de nombreux excellents films d’action tels les Mad Max, Die Hard (le premier), The Raid (le premier aussi) ou John Wick, le scénario de DRIVER en tant que tel est extrêmement réduit, épuré :
Los Angeles, années 70. Des braquages, des voleurs et un conducteur extrêmement doué, capable de sortir n’importe qui de n’importe quelle situation épineuse. En face de ce driver, un détective VRAIMENT très motivé qui veut l’attraper à tout prix. À TOUT PRIX. Au détour d’un casino, une joueuse, prête à parier sur on-ne-sait-quoi.

Voilà, c’est tout. C’est parti pour 1h20 non-stop de courses poursuites et de jeux de chats et de souris. Avec DRIVER, pas de gras. Pas de superflu, tout va à l’essentiel. C’est donc un excellent film de bagnoles / braquages auquel on assiste, sans histoire d’amour gnangnan, sans intrigue secondaire… Sans non plus de sophistication hors-sujet. Sobriété = efficacité = puissance intemporelle. Un excellent programme donc.

Les personnages ne sont ainsi jamais plus que leur fonction : le driver, la joueuse, le flic, les flingueurs…
Pourtant, c’est là l’une des forces d’un film reposant sur une sorte de paradoxe, l’épure amenant subtilement à la complexité. L’unidirectionnalité définit ainsi les personnages jusqu’au malaise (attraper le bandit à tout prix quitte à piétiner la ligne morale… conduire… ou s’enfuir ?… parier = bluffer etc.), faisant d’eux des figures à la fois tragiques et imprévisibles, charismatiques en somme. Le Driver est à ce titre et sans surprise, le personnage le plus fascinant: masquant jusqu’à l’extrême ses émotions ou motivations (trait renforcé par l’interprétation mono-expressive de Ryan « Barry Lindon » O’Neal), son comportement trouble mais décidé oblige subliminalement à se questionner sur son passé et sa personnalité. Pourquoi est-il si doué ? Pourquoi risque-t-il autant ? Est-il suicidaire ? Fait-il cela pour lui ? Pour quelqu’un ? Par amour ? Par défi ?

Le nombre d’interprétations possibles est fantastique, et donne même leur raison d’être et leur caractérisation à tous les autres personnages. C’est génial, et pourtant si simple.

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L’autre immense force du film, c’est sa mise en scène. Pas celle des personnages ou du décor, mais plutôt celle des voitures, de l’action. Walter Hill filme ainsi sans jamais se presser, sans jamais sur-découper, mais pourtant impose un rythme fou, une intensité démente. Encore une fois, l’efficacité de cette mise en scène repose sur un paradoxe : la patience et la précision, pour transmettre les sentiments de vitesse, de danger, de situations in extremis – à l’image du driver finalement. Angles de vue lointains, mouvements de caméra absents sinon latéraux, placements de caméra sur les véhicules, lieux improbables de courses poursuite (tunnels, entrepôts vides, ruelles étroites, parkings), montage calme et non hystérique… Walter Hill parvient par ces choix à dynamiser l’action à un point où elle n’a à rougir d’aucune comparaison. Il faut voir la force immersive de ces plans à fleur de route pour s’en convaincre, ou encore ces situations de pure tension, ces visites by night de Los Angeles, ces takedowns de folie… Tout cela se voyant certes à l’image, mais surtout se reflétant sur les visages effrayés des passagers du Driver… Et sur le flegme imperturbable de celui-ci.

« Des braquages, des voleurs, un conducteur de folie, un flic, une femme, des courses poursuites. Voilà : simple, efficace, c’est DRIVER, et c’est génial »

Il y a au final, un kif assez primaire à voir DRIVER aujourd’hui. Non seulement pour son indéniable efficacité, prenant d’autant plus de valeur à notre époque ou le spectacle cinématographique et son intensité sont formatés (Furious 7 coucou !)… Mais également pour quelque chose d’autre, de plus diffus et nostalgique. En effet, le film de Walter Hill renvoie quelque part à notre passif vidéoludique et ces titres orientés arcade, type Burnout, NFS, ou ceux plus scénarisés comme GTA ou… Driver. L’aspect déshumanisé du joueur, ses missions, ses skills de conduite hors-du-commun, la caractérisation des personnages, L.A., de l’action décomplexée, un rythme particulier… Tout un pan de culture vidéoludique trouve en DRIVER un parent spirituel !

Puis pour aller encore plus loin, on parlait en intro des Mad Max… La référence n’est définitivement pas fortuite, DRIVER étant – comme les films de George Miller – un pur kif de cinéma que l’on pourrait qualifier de simpliste mais qui cache une certaine profondeur. Par ses personnages et leurs interprètes (on ne l’a pas dit, mais Bruce Dern et Isabelle Adjani sont énormes), par la précision de sa mise en scène. Puis, comme les Mad Max encore, DRIVER a généré le même genre d’héritage cross-media tout au long des 40 dernières années, héritage dont un remake officieux viendra, dans la décennie ’10’s, à la fois entériner et perpétuer l’aura de génie. Fury Road pour Mad Max, le fantastique Drive de Nicolas Winding Refn pour DRIVER.

Bref. La remise à niveau s’impose, et sera même possible EN SALLES ! lors du festival Lumière 2016.

Le Festival Lumière, aura lieu du 8 au 16 octobre 2016, dan stous les cinémas du grand Lyon.
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