photo 2 du film - CLIMAX, une mise en scène d'une dualité éreintante - Analyse
Crédits : Wild Bunch Distribution

CLIMAX, une mise en scène d’une dualité éreintante – Analyse

Quasiment 5 ans, jour pour jour, après sa sortie en salle, revenons sur Climax. Gaspar Noé nous offre ici un film plus dérangeant que surprenant, une avalanche d’images, toutes plus hypnotiques les unes que les autres et une mise en scène audacieuse.

Le film, après nous avoir introduit à l’unicité d’une troupe de danseurs, nous révèle petit à petit l’horreur qui se cache en chacun des personnages et le retranscrit merveilleusement de par sa maitrise technique et sa volonté de nous plonger dans un trip hallucinant, donnant à la fameuse citation de Jean-Paul Sartre, « l’enfer, c’est les autres », un sens tout particulier.

L’histoire

Au tout commencement du film, chaque personnage a le droit a son interview filmée à travers un poste de télévision, entourées de diverses œuvres dont les titres sont assez évocateurs de ce qui pourrait advenir de nos personnages, étant donné les références de son auteur.

Cette introduction laisse vite place à des plans-séquences immersifs et une maitrise technique à couper le souffle. Le spectateur se laisse facilement porter par ces mouvements de caméra digne d’un ballet. La légèreté du ton et des dialogues, ainsi que le naturel du jeu des acteurs, nous immergent un peu plus encore.

Une chorégraphie prenante – qui parlera aussi bien aux amateurs de danse qu’aux non initiés – fait ressortir les liens et l’unicité de cette troupe. Malgré des clichés coriaces dépeints en début de film au niveau de la sexualité ou de l’ethnie des personnages composant cette fresque cosmopolite, on ressent une symbiose et une connexion parfaite lorsqu’ils sont au service de leur art.

Vient ensuite le moment où des petits groupes se forment et discutent à propos de sujets divers, chaque discussion étant entrecoupée de fonds noirs, marquant l’éloignement de chacun malgré leur proximité apparente.

Photo du film CLIMAX
Crédits : Wild Bunch Distribution

Bien que la manière de retranscrire le malaise ressenti par les personnages, à l’aide des mouvements de caméra, soit peu originale, il faut noter qu’il est plutôt rare de constater une telle exécution technique dans un huis clos. Ce qui ajoute un côté malaisant supplémentaire, s’additionnant à la claustrophobie psychotrope notoire de certaines scènes.

Ces mêmes scènes soutenues par des jeux de lumières maitrisés, ainsi que l’utilisation parfaite des couleurs, en fait un recueil d’image aussi intrigant qu’effrayant. Tout ceci appuyée par la bande originale du film, qui met tout d’abord l’accent sur le côté festif pour monter en tension et faire ressentir la folie au fur et à mesure de l’avancement du récit.

Le film se situe entre beauté et laideur, entre vie et mort. À l’image d’un propos qui associe l’art de la danse, ce que l’humain est capable de produire de meilleur et la violence gratuite ainsi que la déchéance, ce que l’humain est capable de produire de pire.

Petit à petit, nous sommes plongés dans un trip nauséabond, où il devient difficile de rester de marbre face à certaines situations qui nous plongent dans un inconfort certain. Nous qui, en tant que spectateurs, avons l’impression d’être impuissant face au spectacle macabre qui nous est offert.

La dualité

La dualité est un thème central dans le film. Elle est représentée à la fois visuellement et narrativement de manière percutante.

Pour souligner ce propos, le réalisateur va même jusqu’à chambouler les codes du cinéma, en proposant son générique de fin dès le début, ainsi que le nom des acteurs et des artistes de la bande originale en milieu de film, une intervention non nécessaire, à qui l’on peut reprocher de casser quelque peu le rythme.

Visuellement, Gaspar Noé utilise intensément les couleurs pour symboliser la dualité. Au début du film, les couleurs chaudes, telles que le rouge et l’orange, sont dominantes, créant une atmosphère joyeuse et festive. Cependant, au fur et à mesure que le film progresse, ces couleurs se transforment en teintes plus sombres, comme le vert, le bleu et le violet. Des couleurs plus angoissantes qui renforce le sentiment de malaise et de désespoir.

Dès les premières scènes, au premier plan, sur la piste de danse, se trouvent ses couleurs chaudes et tandis que le personnage de David emmène à l’écart le personnage de Selva, nous pouvons apercevoir dans le fond, près des coulisses, des couleurs plus effrayantes, laissant présager au spectateur un destin funeste pour nos personnages.

Photo du film CLIMAX
Crédits : Wild Bunch Distribution

Les jeux de lumières stroboscopiques utilisés lors des scènes de danse créent un contraste entre beauté visuelle et désorientation. Ces lumières éblouissantes contribuent à l’aspect hypnotique du film, mais également, à force de répétition, deviennent oppressantes et cauchemardesques.

La dualité se retrouve également mise en évidence à travers les longs plans-séquences qui capturent à la fois la grâce et l’esprit festif du début, ainsi que la descente aux enfers et l’esprit horrifique de la deuxième partie du film.

La fluidité de la caméra contraste littéralement avec le chaos qui règne dans le récit, soulignant encore un peu plus la dualité entre l’apparence et la réalité des choses.
Les interactions entre les personnages évoluent tout au long du film. Au début, on observe une camaraderie et une complicité entre les danseurs. Cependant, à mesure que l’effet de la drogue les envahit, des tensions émergent, des rivalités se développent et la confiance s’effrite, montrant, une fois encore, la dualité de leurs relations et des sentiments humains en général.

En somme, la dualité visuelle et narrative est habilement mise au service d’une tension constante et haletante tout au long du film. L’impact émotionnel de l’œuvre en est alors renforcé et des plus percutante.

CLIMAX explore intensément la dualité inhérente à la nature humaine de manière provocante et visuellement captivante, avec plus d’intelligence et de tact que les œuvres précédentes de Gaspar Noé.

Critique

L’œuvre de Gaspar Noé nous plonge dans une brutalité étouffante, l’immersion est complète, notamment grâce à de superbes plans-séquences habillement mis en place. C’est un film haut en couleur, explorant toutes les facettes de l’humain. On retrouve ainsi une dualité au cœur du récit et de la mise en scène desservie par des mouvements de caméra et des lumières aussi cryptiques qu’hallucinogènes. Sans écriture en apparence, l’exécution suffit à insuffler un fond à la forme jusqu’à l’épouser complètement.

Maxime LARGER

Cet article a été publié suite à une contribution d’un·e rédacteur·rice invité·e.
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RobertoD
RobertoD
Invité.e
4 octobre 2023 15 h 12 min

On veut un nouveau film gaspar !

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