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Les meurtres de 1974 ont engendré un mythe de maison hantée, sur lequel Hollywood a capitalisé à peine cinq ans plus tard avec AMITYVILLE, LA MAISON DU DIABLE. Devenu culte pour certains, le film n’est pourtant qu’un pur produit marketing de son époque, passable et peu inspiré.
L’affaire d’Amityville, c’est avant toute chose un terrible fait divers. Survenu à l’automne 74, le massacre d’une famille toute entière va marquer au fer rouge cette petite ville côtière située sur Long Island, à l’Est de New-York. En effet, le mercredi 13 novembre, à très exactement 3 h 15 du matin, Ronald DeFeo Junior, l’aîné des cinq enfants, se saisit d’un fusil et assassine son père, sa mère, ses deux frères et ses deux sœurs dans leur sommeil. Aux origines du mythe, son procès. Où il ne cessera d’affirmer que des voix dans sa tête lui ont ordonné de tuer. Et plus particulièrement, une entité qu’il nomme lui-même « le diable ». Condamné à la prison à perpétuité en 1975, Ronald DeFeo passera ensuite toute sa vie derrière les barreaux. Jusqu’au 12 mars 2021, date de son décès, à 69 ans.
Basé sur une histoire vraie
La tragique histoire aurait pu s’arrêter là. C’était sans compter sur la famille Lutz qui, flairant la bonne affaire, rachète cette fameuse maison dont personne ne veut. À partir de leur arrivée dans les lieux en 1975 surviennent des faits étranges et surnaturels. Les Lutz témoignent alors d’odeurs désagréables, fugaces et soudaines, de nuées d’insectes apparaissant brusquement dans certaines pièces, ainsi que d’inquiétants bruits de pas. Et surtout, de cauchemars et de réveils nocturnes à… 3 h 15 du matin. Transis de peur, ils quittent la maison dans la précipitation, moins d’un mois après leur emménagement. Par la suite, ils confiront leur histoire au journaliste Jay Anson, qui en tirera un bestseller vendu à des millions d’exemplaires dans le monde.
Et c’est donc sur ce récit que se base le film de Stuart Rosenberg, sorti en 1979. Car oui, déjà à cette époque, la machine hollywoodienne n’a pas de temps à perdre et s’empresse de capitaliser sur le phénomène. Aussi, car la vague d’ésotérisme caractéristique de la décennie va bientôt s’essouffler – on commence, en effet, lentement à s’en lasser. AMITYVILLE, LA MAISON DU DIABLE se pense alors comme une œuvre purement mercantile, produite pour rentabiliser un phénomène en bout de course, possiblement déjà ringard. Impressionnée par le récit des Lutz, crédule et voulant croire, la foule se presse cependant bel et bien en salle et se dit terrifiée par le long-métrage. Or, en réalité, AMITYVILLE, LA MAISON DU DIABLE se résume à sa fonction putassière et ne se distingue par aucune once de créativité.
Peu inspiré et risible
En effet, malgré un découpage journalier, le film n’est finalement qu’une succession de phénomènes étranges sans logique particulière. Il n’en résulte qu’une bête énumération des passages marquants du livre, sans grande inspiration et à la limite du ridicule. On ne retient finalement que ces yeux rouges de démon dans la nuit noire… Et encore, il ne s’agit, très visiblement, que de deux lampes de poche tenues maladroitement derrière la fenêtre. De même, on perçoit tous les poncifs du long-métrage grand public de l’époque. Comme cette scène d’amour bucolique outrageusement seventies, que les pires films érotiques du dimanche soir n’auraient pas osé eux-mêmes. Quant à James Brolin et Margot Kidder, leur charisme s’est envolé, comme les âmes du cimetière indien enseveli sous la maison.
Ce qui sauve (à peine) AMITYVILLE, LA MAISON DU DIABLE, ce sont quelques effets de lumière ça et là. Particulièrement sur les iconiques fenêtres des combles – condamnées de nos jours. À bien y réfléchir, Amityville 2 : le possédé s’avère incroyablement meilleur et réussit tout ce que ce premier film bâcle lamentablement. Ceci, très certainement en raison de ses prises de liberté vis-à-vis des faits réels. Car ce premier volet souhaite tant surfer sur l’aspect sensationnaliste de l’histoire vraie qu’il en oublie totalement d’être un film d’horreur. Il ne se réveille que lors de son final, ultra fantasmé et passablement rushé. Par ailleurs, le mythe d’Amityville s’avère aujourd’hui mort et enterré. En effet, à la lumière de nombreux témoignages émanant de l’entourage des Lutz, peu de doutes subsistent quant à la véracité de leur récit. Et ainsi donc, le film de 1979 nous paraît à présent bien désuet…
Lily Nelson
• Réalisation : Stuart Rosenberg
• Scénario : Sandor Stern, Jay Anson
• Acteurs principaux : James Brolin, Margot Kidder, Rod Steiger
• Date de sortie : 14 février 1980
• Durée : 1h54min