SANG POUR SANG est le premier film des frères Coen mais on voit déjà les prémices du cinéma qu’ils continuent toujours de nous offrir et de leur style teinté d’humour noir, de situations ironiques et sordides.
Partant d’une histoire simple (mais souvent efficace dans ce genre de film) tournant autour d’une femme fatale (Frances McDormand), du mari jaloux (Dan Hedaya) et de l’amant (John Getz), SANG POUR SANG est à la fois un condensé de non-dits et de rebondissements aussi inattendus que surprenants. Peut on pour autant parler de coup d’essai aboutissant à un coup de maître? Je ne pense pas. Même si les acteurs sont pour la plupart très bons, le style n’est pas encore parfait et la spirale infernale amenée grâce à un enchaînement de scènes déjantées (qui sera plus tard le véritable moteur de la grande majorité des films des Coen) est encore trop parsemé d’éléments incohérents ou trop improbables (la péripétie de l’amant et du faux cadavre par exemple fini par lasser). Le suspens est malgré tout à son comble tout au long du film ce qui évite au spectateur de s’ennuyer malgré quelques longueurs sur le début.
Mais même s’il revisite bien le film sombre de triangle amoureux et que le scénario est plutôt bien ficelé, le film reste lent. Trop lent. Heureusement, la dernière demi-heure apporte une véritable accélération qui mène à une fin au rythme endiablé comme savent si bien le faire les frère Coen. La véritable force du scénario est du à la sensation de perte de contrôle des personnages, souvent dans la contemplation et dans la béatitude, impuissant fasse à des évènements tragiques et sanglants. Les non-dits entre les deux amants et le retournement de situation aussi soudain qu’inexplicable résonne comme une entrée en matière dans le style des Coen.
« Pour un premier film, c’est un coup d’essai très réussi, mais trop maladroit pour être un véritable coup de maître. »
Revoir SANG POUR SANG, c’est aussi l’occasion de retrouver la splendide France McDormand en jeune femme fatale, et c’est une belle prestation que l’on peut (re)-découvrir. Tout au long du film, chaque personnage semble comme plongé dans un état second, subissant les évènements d’une vie typique de loosers textans. La prestation de Emmet Walsh sort quant à elle vraiment du lot, et son ricanement agonisant lors de la dernière scène reste encore aujourd’hui, d’une noirceur à la hauteur des meilleurs films du genre.
Loïc VDS
[divider]BANDE-ANNONCE[/divider]
• Réalisation : Joel Coen
• Scénario : Ethan & Joel Coen
• Acteurs principaux : Frances McDormand, John Getz, Dan Hedaya
• Date de sortie : 25 juillet 1984
• Durée : 1h36min