Esther fait partie de ces films qui énervent au plus haut point. Non pas qu’il soit totalement mauvais malgré quelques fautes qui feront fuir certains mais il est juste misérablement vendu.
Je m’explique : Esther est vendu comme un film d’épouvante-horreur. Rien que cet aspect devrait attirer des spectateurs voulant voir du sang, des tripes et sentir monter leur jauge d’adrénaline avant la fin de l’année. Seulement voilà, Esther n’a rien d’un film d’épouvante-horreur ! Il s’agit plus d’un thriller familial qui n’est pas sans rappeler L’Intrus avec John Travolta ou Le Beau-Père avec Dylan Walsh de Nip/Tuck.
Du coup, les spectateurs venus voir un film d’horreur seront forcément déçus. Ca ne vous rappelle pas quelque chose par hasard ? Moi ça me rappelle le coup de gueule de Viggo Mortensen, outré que l’on ai pu vendre La Route comme un film d’action alors qu’il n’en est rien. Procédé navrant puisqu’il ne fait qu’attiser l’énervement de spectateurs ressentant l’étrange impression de s’être fait piéger.
Pour en revenir à Esther (puisqu’il s’agit de la critique du film, autant en parler !), le film n’est pas mauvais mais ne ressemble aucunement à un film à mes yeux. Lors de sa projection, j’avais sans cesse l’impression d’être devant un téléfilm que M6 diffuserait durant une nuit d’Halloween ou du Jour de l’An.
La faute à qui ? La faute à quoi ? Tout simplement à une mise en scène beaucoup trop conventionnelle et statique pour nous embarquer réellement dans cette histoire pourtant travaillée. Le réalisateur s’est contenté de nous faire un patchwork de tout ce que l’on a déjà pu voir ces dernières années et de les compiler à la suite avec une saveur, une âme, à peine perceptible.
Du coup l’intérêt d’Esther décroit au fil des minutes et contraste énormément avec l’ambition de l’équipe du film. Car il faut rendre à César ce qui appartient à César, ils ont travaillé ! Le film dure deux heures (fait très rare pour ce genre de film qui ne dure en général qu’une heure trente à tout casser) et témoigne de la volonté de leur part d’instaurer une ambiance, de nous soumettre à un crescendo qui aurait pu être très jouissif mais qui ne l’est pas forcément au final.
Fort heureusement, Esther possède certains atouts non négligeables à commencer par Isabelle Fuhrman aka Esther en personne. La jeune actrice de 12 ans dont c’est le premier rôle à l’écran est détonante. Sa prestation reste le principal charme du film et quand arrive la dernière demi-heure, la jeune actrice explose et dévoile un talent inébranlable. On est captivé, fasciné, enivré par cette tête à claque qui ne recule devant rien pour réaliser des objectifs loin d’être catholique.
Le final d’Esther vaut également que l’on s’y attarde quelque peu. Non pas qu’il soit révolutionnaire (loin de là) mais il ne peut (j’en donne ma main à couper) être pressenti à aucun moment. Cela vient du fait qu’il soit totalement loufoque et tiré par les cheveux ce qui aura deux conséquences chez le spectateur : cette fin sera orgasmique pour certain et a contrario totalement pathétique et ridicule pour les autres. N’empêche que l’intention créative est bel et bien présente.
Alors au final, Esther est à prendre comme il vient, c’est-à-dire une série B honorable pour peu que l’on ne s’attende pas à des miracles et à un film d’horreur comme la publicité nous le laissait prétendre.
A partir de là, le film de Jaume Collet-Serra, dont c’est le troisième film après La Maison De Cire et Goal 2, peut plaire à n’importe qui étant d’humeur à se laisser embarquer dans une histoire, certes pleine de défauts mais possédant un certain charme, qu’il croira comprendre dès le début mais qui le surprendra à la fin.
Wesley