Autant le dire dès maintenant, ne pas tourner autour du pot et aller droit au but : le GODZILLA de Gareth Edwards est épique. Hier (presque) total anonyme, le réalisateur du très peu connu Monsters pourrait bien accéder au statut de « personnalité » tant son deuxième long-métrage est à couper le souffle. Et pour une fois, on sait où sont passés les 160M$ de budget ! Explications.
« Le physicien nucléaire Joseph Brody enquête sur de mystérieux phénomènes qui ont lieu au Japon, quinze ans après un incident qui a irradié la région de Tokyo. Refusant de s’en tenir à la version officielle, il revient sur les lieux du drame accompagné par son fils Ford, soldat dans la US Navy. Ils découvrent que les incidents ne sont pas liés à une catastrophe naturelle, mais à des monstres réveillés par des essais nucléaires dans l’Océan Pacifique au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Ces créatures sont surveillées par une organisation, mais elles menacent bientôt la sécurité de l’archipel d’Hawaï et de la côte Ouest des États-Unis. Au même moment, la compagne de Ford gère les blessés dans un hôpital de San Francisco. »
Si vous aimez l’action, ce film est pour vous. Si vous aimez les films qui tentent de faire réfléchir et savent pour cela utiliser toute la technologie qui est mise à disposition, ce film est pour vous. Si vous aimez que l’on traite des rapports père-fils sans en faire un drame familial, ce film est pour vous. Si vous aimez Bryan Cranston (BREAKING BAD), Aaron Taylor-Johnson (KICK-ASS) ou bien Elizabeth Olsen (MARTHA MARCY MAY MARLENE), ce film est pour vous. Mais si au contraire, vous n’êtes pas friand du genre « film de monstres », passez vite votre chemin. Je vous aurai prévenu. En effet, en voulant écrire une œuvre unique et impressionnante, les scénaristes Max Bernstein, Dave Callaham (THE EXPENDABLES), Frank Darabont (LA LIGNE VERTE) et David S. Foyer (trilogie THE DARK KNIGHT) n’y sont pas allés de main morte. Leur scénario peut sembler fouillis, voire complètement indigeste et bordélique. Ça court, ça tire, ça explose et s’effondre de partout. Voilà comment les plus pessimistes d’entre nous résumeront le film.
En mettant en avant une relation ente un père et son fils, GODZILLA tente de brasser un public assez large grâce à un thème des plus universels. Malheureusement, la mayonnaise ne prend pas ou alors très difficilement. Aaron Taylor-Johnson, fils de Bryan Cranston ? Sur le papier, ça fait rêver. Mais à l’écran, c’est une toute autre histoire. Pas de ressemblance, pas d’alchimie… Bref, un véritable néant entre les deux hommes. Et l’histoire d’amour entre Aaron et Elizabeth Olsen n’arrange pas les choses ! Bien qu’ils soient tous les deux très adorables, on a du mal à se sentir profondément concerné par leurs problèmes. Et même la possibilité qu’ils puissent ne pas survivre au film ne nous atteint pas. Car les morts, ce n’est pas ça qui manque dans GODZILLA, et ce même au sein des têtes d’affiche. Malheureusement, s’il y a bien un personnage qui aurait mérité de mourir, et le plus tôt aurait été le mieux, c’est le docteur Ichiro Serizawa, interprété par Ken Watanabe. D’ordinaire très émouvant et/ou intéressant (souvenez-vous de LETTRES D’IWO JIMA ou encore d’INCEPTION), on ne peut qu’être peiné qu’il ait accepté d’incarner ce personnage à l’utilité plus que relative.
Des scènes d’action absolument époustouflantes.
Non, s’il faut chercher quelque chose de vraiment sensationnel dans GODZILLA version 2014, c’est évidemment du côté de la photographie. Zappons directement le found footage tout droit emprunté à CLOVERFIELD et qui donne mal a la tête et l’influence japonaise déjà présente dans PACIFIC RIM, et restons simplement bouche bée devant le travail de Seamus McGarvey. Déjà à l’œuvre sur REVIENS-MOI et ANNA KARENINE, ce directeur de la photographie irlandais a apporté une esthétique et un visuel flamboyants au film de Gareth Edwards. Qu’il s’agisse des côtes japonaises, des plages et monts hawaïens ou encore du désert du Nevada, le tout est magnifique, magnifié. A tel point que l’on en oublierait presque que ce qui est filmé et représenté tend davantage du chaos que de la carte postale. Idem pour la musique d’Alexandre Desplat, qui a déjà composé les bandes originales d’ARGO et ZERO DARK THIRTY (entre autres). Savamment mixée et bien placée, elle confère au film une atmosphère outrageusement sombre, une insoutenable tension et met le spectateur dans tous ces états. Étant donné que le danger peut venir de partout, on finit même par avoir peur des oiseaux. Bien joué !
Et s’il y en a un qui fait frissonner, c’est sans aucun doute Godzilla himself. Créature préhistorique et cracheur de feu entièrement réalisé en image de synthèse, il surpasse toutes nos espérances. Mais comme toujours, moins on le voit, ou plutôt moins on en voit, plus il est effrayant. A l’instar des deux monstres biberonnés aux radiations qu’il doit affronter. Tous les trois impressionnants et bien mis en scène, ils vous donneront envie de revoir entièrement votre définition du « film de monstres ». Néanmoins, bien que l’on puisse ne pas être fan de l’incessante quête d’humanisation de Godzilla (il a des mains !), il faut tout de même reconnaître qu’Andy Serkis consultant sur le film, a bien fait son boulot.
Même si une suite est possible, le film de Gareth Edwards se regarde, s’apprécie et se savoure avant tout comme un terrifiant one-shot. Malgré un scénario un peu trop fourni et un casting pas non plus extraordinaire, GODZILLA impressionne et laisse sans voix grâce à des scènes d’action absolument époustouflantes. Mention spéciale à cette séquence de saut en parachute où l’immersion est totale.