nomadland
Crédits : The Walt Disney Company France

NOMADLAND, apprendre à célébrer la vieillesse – Critique

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Chloé Zhao traverse avec brio le chemin de la reconnaissance. La réalisatrice et scénariste chinoise propose ainsi avec son dernier film Oscarisé et Lion d’or à Venise, un road-trip saisissant, émouvant bestiaire de la vie nomade.

Après l’effondrement économique de la cité ouvrière du Nevada où elle vivait, Fern décide de prendre la route à bord de son van aménagé et d’adopter une vie de nomade des temps modernes, en rupture avec les standards de la société actuelle. De rencontres en rencontres, Fern renait et initie sa découverte des vastes étendues de l’Ouest américain.

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Crédits : The Walt Disney Company France

Tourné en équipe réduite, exacte opposé du blockbuster réalisé par Zhao, NOMADLAND se veut le reflet d’une part oubliée de la société américaine. Cette part invisible aux yeux de ceux qui voient l’Oncle Sam comme le pays des rêves, du glamour. Là où il fait bon de vivre. La Déclaration d’Indépendance des Etats-Unis dit d’ailleurs : « Nous considérons que ces vérités sont évidentes, que tous les hommes ont été créés égaux, qu’ils ont été dotés par leur créateur de certains droits inaliénables qui sont notamment la Vie, la Liberté et la poursuite du Bonheur ». Et c’est dans la quête de celui-ci que le personnage de Fern, interprété par l’éblouissante Frances McDorman, réside en permanence. A travers son émancipation, la sexagénaire passe de boulot en boulot, de saisons en saisons, luttant contre l’âgisme que subissent les personnes de cet âge. Un thème qui tient forcément à la réalisatrice chinoise, le respect et la valorisation des ainés étant beaucoup plus importante en Asie que sur le continent américain. A mi-chemin entre la fiction et le documentaire, comme l’était déjà The Rider, NOMADLAND célèbre donc la vieillesse dans les plus beaux paysages désertiques que réservent l’Arizona et la Californie.

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Crédits : The Walt Disney Company France

Outre la mise en avant de la poursuite du bonheur et de la beauté du troisième âge, le film dresse le portrait des adieux et de l’autophobie inversée. Sous ses airs de western, NOMADLAND esquisse la deuxième vie de Fern. Celle d’une femme isolée qui préfère rester seule plutôt que devoir dire « aurevoir » à ceux qu’elle aime et qu’elle aimera. Peut-être est-ce cela le défi d’être routard. La bravoure et l’audace de partir sans possiblement ne jamais revenir. Le vent de Brokeback Mountain semblant souffler discrètement sur ce drame intimiste adulé des festivals. Ce sont d’ailleurs les protagonistes secondaires du film de Zaho qui soulignent cette authenticité timide qui fait de Fern, une femme attachante et détachée. Un voyage initiatique qui, par-delà ses longueurs, nous fait bourlinguer aux notes de Ludovico Einaudi.

Chloé Zhao retrouvera donc prochainement les salles obscures, avec un contraste aveuglant, pour dévoiler son film de super-héros 100% américain qu’est Eternals. Une étrange similitude avec l’un des plans phares de NOMADLAND : celui d’une veille femme rongée par le temps qui traverse la rue fasse à l’affiche d’un certain Avengers… simple clin d’oeil ou réel débat lancé. Toujours est-il qu’entre les somptueuse ombres de l’American Way Of Life, le drame distribué par la Walt Disney Company a tout d’un grand film indépendant. De quoi conclure sur la plus belle réplique de ce road movie : « Non, je ne suis pas sans-abri. Je suis… sans maison « . Agnès Varda l’aurait adoré.

Robin

Note des lecteurs8 Notes
Titre original : Nomadland
Réalisation : Chloé Zaho
Casting : Frances McDormand, David Strathairn, Gay DeForest
Date de sortie (France) : 09 juin 2021
Durée : 1h 48min
Genre : Drame
Nationalité : Américain
4
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