tn gnp dvd review lumets despairing the pawnbr 001 1 - [critique] LE PRÊTEUR SUR GAGES

[critique] LE PRÊTEUR SUR GAGES

Mise en scène
9
Scénario
9
Casting
10
Photographie
9
Musique
9
Note des lecteurs2 Notes
7.4
9.2

[dropcap size=small]L[/dropcap]E PRÊTEUR SUR GAGES (1964) est le septième long-métrage du réalisateur américain Sidney Lumet, décédé il y a 3 ans des suites d’un lymphome. Il se focalise sur le personnage de Sol Nazerman (Rod Steiger), rescapé de la Shoah ayant émigré aux États-Unis et ouvert une boutique de prêt sur gage en plein cœur de Harlem. La Seconde Guerre Mondiale fut une expérience d’autant plus terrible pour cet ancien professeur vu que sa femme et ses enfants n’ont quant à eux pas eu la chance de survivre.

S’il a perdu sa famille à Auschwitz, Sol Nazerman y a également laissé son humanité. Il s’agit aujourd’hui d’un homme solitaire, taciturne et renfermé sur lui-même qui se montre aussi froid avec ses semblables qu’impitoyable en affaires. Il a beau se montrer désagréable, ce caractère antipathique a pour but de masquer ce profond traumatisme qui le ronge de l’intérieur et qui ne l’a jamais quitté.

En effet a force de vouloir à tout prix occulter de sa mémoire cette sombre période, cette dernière prend un malin plaisir à refaire surface, ce qui n’arrange rien à l’état de notre protagoniste. Les grillages des terrains de basket-ball lui rappellent les barbelés des camps de concentration, le métro lui rappelle les trains bondés où lui et les autres Juifs étaient déportés, une prostituée nue lui fait se remémorer que sa femme a servie d’objet sexuel aux soldats nazis… . Comme pour souligner que ces douloureux souvenirs continuent de bourdonner l’esprit de Sol Nazerman, Lumet opte pour un montage très rapide laissant apparaître de manière quasi-subliminale les images des camps de concentration avant de dévoiler intégralement ces flashbacks, absolument poignants.

Photo du film Le Prêteur sur gages  © Swashbuckler Films
Photo du film Le Prêteur sur gages © Swashbuckler Films

« Formidable, déchirant et authentique, LE PRÊTEUR SUR GAGES est un drame bouleversant qui frappe par sa maîtrise technique, la beauté de la bande-son, la qualité d’interprétation et surtout l’intelligence du propos. Grand film ! »

Enfermé dans sa boutique sombre et grillagée ou encore dominé par les fondations imposantes de Harlem, Sol Nazerman ressent à chaque instant le poids la culpabilité, la culpabilité d’avoir survécu, la honte d’être un survivant alors que sa famille et ses amis eux y sont restés. L’aura négative qu’il dégage est telle une vengeance qu’il aurait pris à l’encontre de la vie qui lui à enlever tout ce qui lui tenait à cœur. Dans le rôle de ce prêteur sur gages on retrouve un Rod Steiger impérial, une interprétation impeccable où l’acteur parvient à nous amuser, nous agacer et bien évidemment nous bouleverser. Il évolue dans un environnement en pleine mutation où les individus sont une nouvelle fois placés dans des cases. Harlem sonne comme une résonance avec son passé étant donné que ce lieu a souvent par le passé été qualifié de ghetto, peuplé ici par la communauté Afro-américaine.

Entre les clients désespérés de ne pouvoir tenir une conversation avec lui et ceux qui ne voient en lui qu’un pauvre Juif radin, il est clair et net que son comportement rude ne laisse personne indifférent. Malgré ses fréquentations pour le moins discutables, son jeune et pétillant employé Jesus Ortiz (Jaime Sanchez) reste très attaché à son patron qu’il voit comme un véritable enseignant et tente tout du long de déceler pourquoi Nazerman se comporte de la sorte. Le prêteur sur gages attire tout autant l’attention de Marilyn Birchfield (Geraldine Fitzgerald), une oreille attentive que Sol réprimera dans un premier temps. On retrouve également au casting l’acteur Brock Peters (DU SILENCE ET DES OMBRES) ainsi qu’un certain… Morgan Freeman ! Il fait apparemment une apparition dans le film en tant que passant, par contre pour ce qui est de l’apercevoir c’est une autre histoire. Formidable, déchirant et authentique, LE PRÊTEUR SUR GAGES est un drame bouleversant qui frappe par sa maîtrise technique, la beauté de la bande-son, la qualité d’interprétation et surtout l’intelligence du propos. Grand film !

[divider]CASTING[/divider]

Titre original : The Pawnbroker
Réalisation : Sidney Lumet
Scénario : Morton S. Fine, David Friedkin
Acteurs principaux : Rod Steiger, Jaime Sanchez, Geraldine Fitzgerald, Brock Peters
Pays d’origine : Etats-Unis
Sortie : 9 juillet 2014 (reprise)
Durée : 1h56
Distributeur : Swashbuckler Films
Synopsis : Un rescapé des camps de concentration nazis devenu propriétaire d’un magasin de prêt sur gage doit à la fois affronter les cauchemars de son passé et l’environnement hostile du ghetto new-yorkais dans lequel il vit

[divider]BANDE-ANNONCE[/divider]

Auteur·rice

  • Né le 31.10.1995 | Profession : Étudiant en cinéma | Réalisateurs préférés : Quentin Tarantino, David Fincher, Stanley Kubrick, Alfred Hitchcock, Christopher Nolan, Martin Scorsese, Guillermo Del Toro, Steven Soderbergh, Nicolas Winding Refn, Paul Verhoeven, Zack Snyder, Edgar Wright... | Films préférés : Les Princes de la ville, Sin City, Usual Suspects, Le Parrain, Les Affranchis, Casino, Le Loup de Wall Street, Vol au-dessus d’un nid de coucou, Full Metal Jacket, Orange mécanique, La Cité de Dieu, 12 hommes en colère, Sunset Blvd, La Fureur de vaincre, Tigre et Dragon, Le Secret des Poignards Volants, American History X, La Vie d’Adèle, Django Unchained, Inglourious Basterds, The Dark Knight Rises, The Specacular Now, Seven, The Social Network, Millenium, Gone Girl, Black Dynamite, A History of Violence, Mystic River, The Killers (1964), RoboCop, Summer of Sam, Do the Right Thing, Drive, Scott Pilgrim vs. The World, Suspiria, It follows…

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