[critique] Greenberg

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Los Angeles. En attendant mieux, Florence Marr, qui rêve de devenir chanteuse, travaille chez les Greenberg comme assistante personnelle. Autrement dit, elle s’acquitte pour eux des tâches du quotidien les plus rébarbatives… Lorsque Philip Greenberg emmène sa femme et ses enfants en voyage à l’étranger, Florence a soudain plus de temps pour elle. Ce qui ne l’empêche pas de venir s’occuper du chien de la famille et de passer voir, par la même occasion, Roger, quadragénaire en visite chez son frère Philip. Tout aussi paumé que Florence, Roger a passé plusieurs années à New York où ses projets n’ont pas abouti. Il revendique désormais son droit de ne «rien faire»… Touchée par sa fragilité, Florence se rapproche peu à peu de cet homme en qui – curieusement – elle se reconnaît. Il se noue alors entre eux une relation improbable…

Note de l’Auteur

[rating:7/10]


Date de sortie : 28 avril 2010
Réalisé par Noah Baumbach
Film américain
Avec Ben Stiller, Greta Gerwig, Rhys Ifans
Durée : 1h 45min
Bande-Annonce : [dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/xcx8my_greenberg-bande-annonce-trailer-vos_shortfilms[/dailymotion]

Retraçant les déboires et la rencontre de deux êtres en pleine crise de vie, Greenberg est une comédie dramatique américaine qui sonne étonnamment juste. Ici pas de faux semblant ou de surenchère d’émotions pour nous mettre la larme à l’œil, Noah Baumbach, qui s’est déjà illustré avec Les Berkman Se Séparent, dresse un récit d’une délicatesse et d’une souffrance intérieure d’une rare beauté tout en jonglant avec parcimonie entre la dramaturgie des situations et la comédie qu’elles peuvent engendrer.

Bien que la mise en scène soit fluide et le script intelligemment construit, c’est véritablement autour de ses personnages que Greenberg puise son énergie. Ben Stiller, attendu au tournant avec ce rôle à contre-courant, excelle dans la peau de ce quadragénaire dépressif et misanthrope qui avance à reculons vers un chemin parsemé de souvenirs amers. Son jeu fluide et subtil à la fois étonne et nous prouve, tel un Jim Carrey, qu’il sait se diversifier dans ses rôles tout en gardant une crédibilité essentielle sous le coude. De son côté, Greta Gerwig est délicieuse dans la peau de cette nunuche rondelette et boutonneuse qui arriverait presque, à l’image de Roger Greenberg, à nous faire craquer.

La relation qui se construit autour de ces deux êtres blessés et perdus dans cette société de surconsommation gagne en puissance au fil des événements et réussit à ne pas être qu’une simple coquille vide visant à intégrer un semblant de romance. D’ailleurs, ces situations de romance virent le plus souvent à la dérision et au pathétique avec des scènes jonglant parfaitement avec les genres et bénéficiant de sous-couche de lectures intéressantes. A cela s’ajoute une bande son qui retranscrit avec brio la détresse et la folie de nos deux âmes en vadrouille et une mise en scène loin d’être clinquante nous entrainant dans un Los Angeles plus intimiste, plus humain, plus vrai, loin des strass et des paillettes.

Le seul reproche que l’on pourrait faire à Greenberg est le manque de recul entre le spectateur et un sujet aussi délicat que celui-ci. Choix purement personnel du réalisateur et pleinement assumé mais au combien instable. Greenberg, en nous embarquant dans cette lourdeur scénaristique retranscrivant l’ennui de ses personnages, risque de perdre une partie de son auditoire en route (certaines scènes monotones pouvant facilement lasser et ennuyer).

Qu’importe dirons-nous, Noah Baumbach a opté pour un film indépendant loin de la popularité de certaines productions et on le remercie de nous avoir embarqué loin des sentiers battus que d’autres réalisateurs ne se seraient pas gênés d’emprunter par fainéantise et peur de l’échec. Sur ce point, Noah Baumbach a eu la chance de collaborer en tant que scénariste avec l’une des personnalités les plus originales et à contre-courant de ces dernières années : Wes Anderson. Cette collaboration a déjà porté ses fruits avec Les Berkman Se Séparent et gagne en profondeur ici. Un seul mot nous vient à la bouche à la sortie de la séance : merci. Merci pour ce tête-à-tête intimiste et poétique.

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