Le Temps des aveux
© Les Films du Cap / Gaumont - photo Rafael Winer

[critique] LE TEMPS DES AVEUX

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Mise en Scène
6
Scénario
7
Casting
5.5
Photographie
7.5
Note des lecteurs2 Notes
7.3
6.5

[dropcap size=small]P[/dropcap]ourriez-vous aimez un bourreau ? Non ? LE TEMPS DES AVEUX va vous prouver le contraire.

Régis Wargnier transpose à l’écran le livre autobiographique de François Bizot, « le portrait ». Cet ethnologue français y décrit sa capture au Cambodge en 1971 par les Khmers Rouge. Prisonnier pendant quatre mois, il sera libéré par son geôlier, Douch, plus tard reconnu comme responsable de la torture et de la mort de 13000 personnes.

C’est le rapport inhabituel entre ces deux hommes qui a intéressé le réalisateur. On assiste à l’histoire d’un syndrome de Stockholm inversé. Le geôlier s’identifie à son prisonnier, s’attache à lui et tente de le défendre alors que le prisonnier fait tout ce qu’il peut pour se sortir de sa situation. Pourquoi cet homme a-t-il sauvé l’ethnologue français ? On s’interroge, on cherche des indices : est-ce parce qu’il est étranger ? Est-ce parce que Douch croit en son innocence ? Est-ce parce qu’il est le seul avec qui Douch peut échanger des citations sur son idéologie ? La réponse reste élusive, sûrement parce que le narrateur lui-même ne la connait pas.

Le rythme lent du film, contemplatif parvient à nous capturer et à nous plonger dans l’histoire de ces deux hommes. On découvre avec incrédulité la vie Cambodgienne de l’époque et l’évolution sans heurt (c’est du moins notre impression) des Khmers Rouge. Les paysages, ainsi que les décors sont beaux et réalistes. Le choix de filmer au Cambodge en pleine nature avec des vrais paysans et des vrais moines n’y est pas étranger.

© Les Films du Cap / Gaumont - photo Rafael Winer
© Les Films du Cap / Gaumont – photo Rafael Winer

Kompheak Phoeung est la véritable révélation de ce film. Dans la peau de Douch il brille, il fascine, il effraie autant qu’il charme. Sa connaissance de l’homme – il a été le traducteur français lors du procès de Douch – l’a peut-être aidé à en tirer un portrait aussi juste. On a envie de trouver des excuses à sa conduite et on se jette sur chaque parcelle d’humanité qui transpire de ce personnage. Comme il le dit lui-même « c’est la procédure », il n’a pas le choix. Lorsqu’il rencontre ses supérieurs, il perd de sa superbe et on le voit bloqué dans cette hiérarchie. On tombe plus facilement dans le piège du syndrome de Stockholm que François Bizot.

Raphaël Personnaz ne livre pas une performance inoubliable. Sa transformation physique est impressionnante – il a perdu 10 kilo pour le rôle – mais son interprétation est trop lisse. On ne retiendra pas non plus ses assistants ou sa femme auxquels on ne s’attache pas un instant.

Le film aurait clairement pu gagner en émotions. Cependant une fois que l’on prend conscience que Régis Wargnier ne va pas jouer sur la corde sensible, la retenue dont il fait preuve fonctionne et amène, par ailleurs, un certain réalisme. La violence est hors champs, factuelle, protocolaire, très loin de l’image chaotique que l’on pourrait avoir d’une révolution. L’ordre qui règne parmi les Khmers Rouge transparaît à l’écran et dans la narration du film. Tout est linéaire et administratif, sur le fond comme sur la forme. L’absence de musique renforce cette sensation. Pas d’envolée lyrique pour cette histoire, ce sont les prémices d’un génocide pas une fresque romanesque.

« L’approche respectueuse – presque timide – de Régis Wargnier peut surprendre, mais apporte un réalisme certain au film.”

Cette retenue reste néanmoins très frustrante pour le public. On a faim de plus. Plus d’émotions entre les deux époux, plus de marques de souffrances dans les camps et surtout plus d’interactions entre Douch et François Bizot. C’est surtout ce dernier point qui perturbe pendant le film car le peu d’échanges à l’écran n’explique pas le lien qui se crée clairement entre eux.

LE TEMPS DES AVEUX ne deviendra peut-être pas LE film à voir sur l’histoire des Khmers Rouge mais il reste un très bon moment à passer.

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17 décembre Le Temps des aveux

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Titre original : Le Temps des aveux
Réalisation : Régis Wargnier
Scénario : Antoine Audouard, Régis Wargnier, D’après l’oeuvre de François Bizot
Acteurs principaux : Raphaël Personnaz, Kompheak Phoeung, Olivier Gourmet
Pays d’origine : France, Belgique, Cambodge
Sortie : 17 décembre 2014
Durée : 1h35min
Distributeur : Gaumont Distribution
Synopsis : Cambodge, 1971.
Alors qu’il travaille à la restauration des temples d’Angkor, François Bizot, ethnologue français, est capturé par les Khmers rouges. Détenu dans un camp perdu dans la jungle, Bizot est accusé d’être un espion de la CIA. Sa seule chance de salut, convaincre Douch, le jeune chef du camp, de son innocence. Tandis que le français découvre la réalité de l’embrigadement des Khmers rouges, se construit entre le prisonnier et son geôlier un lien indéfinissable…

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