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[critique] LES AMANTS ELECTRIQUES

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ill Plympton revient sur nos écrans, avec un projet financé en partie via la plateforme de financement participative Kickstarter. Cela peut sembler n’être qu’un détail, mais cela pourraît avoir beaucoup d’importance. Nous y reviendrons.
Pour l’instant, parlons de son film, qui raconte l’histoire d’amour fusionnelle, entre Jake et Ella.

LES AMANTS ÉLECTRIQUES (Cheatin’ en VO) nous décrit un coup de foudre qui évolue vers une passion destructrice sans limites.
Dès les premières images, le style de Bill Plympton, inimitable, nous en met plein la vue. Comme d’habitude, il ne s’agit pas de qualité esthétique ou de finesse de trait. La personnalité marquée de Bill Plympton s’exprime à travers une caricature constante des personnages, une folie imaginative qui exhale du détail, qui convoque son propre vécu, et le transcende par le dessin.
L’ajout, notable, consiste à inscrire ce film ci dans un contexte culturel persistant.
D’abord, par l’image. Bill Plympton y inscrit son histoire, simple, mais particulièrement mélodramatique… Développe des ressorts narratifs insoupçonnés par la simple force de la suggestion, associée à la précision de sa mise en scène, ainsi que l’histoire personnelle amoureuse de l’auteur, ainsi que d’élégantes références, à l’art dans son ensemble, cinéma, peinture, bande dessinée, etc : la représentation de Jake rappelle Marlon Brando chez Elia Kazan. Là, une fuite fait penser à Giorgio di ChiricoPlympton convoque également Dashiell Hammett, l’auteur d’Assurance sur la mort et du Facteur Sonne toujours Deux Fois, pour l’influence de l’amour et des sentiments sur la morale de ses personnages, etc.
Puis, par la musique. A travers les compositions nostalgiques de Nicole Renaud, comme par différents opéras iconiques (Boléro, Pagliacci, La Traviata). Cet accompagnement continuel de l’Image transforme le film, par l’intermédiaire de la mémoire collective, en un tout. Cohérent mais surtout, accessible.
Loin d’être une énumération d’influences, cela transcende l’idée du simple hommage pour toucher une forme de perfection, en parlant directement à l’inconscient de chacun.
Un exemple d’adéquation entre différentes sensibilités, oeuvres, inspirations pour provoquer le plaisir continuel du spectateur, cultivé ou non.

© Ed Distribution

Entre simplicité et extravagance, le récit évolue avec clarté, préparant avec précision et psychologie les divers ressorts de l’histoire, sans hystérie, mais au contraire, avec une logique narrative continuelle.
Comme toujours, Bill Plympton n’hésite pas à remplir l’écran de trouvailles visuelles décrivant autant un état mental, qu’un souvenir très enfoui, et très personnel.
Seulement, tout est justifié. Dans ses précédentes réalisations, le metteur en scène n’hésitait pas à nous détailler ses différents complexes, peurs, fantasmes et souvenirs… représentés dans une folie non-sensique généralement très politisée, sans liant ou continuité particulière. Dans LES AMANTS ÉLECTRIQUES, c’est beaucoup moins le cas. Ou du moins, lorsque le réalisateur convoque ses souvenirs, c’est pour étoffer sa narration : ces moments sont plus rares, et surtout admirablement bien mis en scène (cf la scène du « voilà mon cœur »).

”Une histoire personnelle, oui, mais agrémentée d’une accessibilité inhabituelle chez Plympton, pour donner lieu à un petit chef d’oeuvre de l’animation”

Ces qualités sont, somme toute, inhabituelles chez Bill Plympton. Non pas que le réalisateur manquât de talent, bien au contraire. Seulement on ressent dans LES AMANTS ÉLECTRIQUES une sorte de management artistique inhabituel chez le réalisateur. Un feeling similaire à celui qu’on ressent lors de la vision du film d’un auteur indépendant que l’on apprécie, mais produit par un studio Hollywoodien…
Sauf que force est de constater que la folie et la sensibilité de l’auteur, canalisées sur pellicule, confinent au chef d’oeuvre.
En cherchant dans les crédits, quelle surprise de voir que le film n’est pas produit par Hollywood, mais, loin de là, par financement participatif, Kickstarter ; 1/4 du budget total (celui-ci étant de 400.000$). Plympton a également proposé aux fans, un blog suivant étape par étape, la création du film. Le genre de démarche, qui implique le spectateur dans le processus de fabrication.

Par conséquent, sous une histoire qu’il définit comme personnelle, au travers d’un style talentueux qui lui est propre, peut-on percevoir une volonté de répondre à une forme d’attente en matière d’entertainment qui est inhabituelle chez lui. Peut-être que notre réalisateur, par ce biais, rend des comptes à ceux qui le produisent en proposant, pour une fois, une oeuvre dirigée vers nous, spectateurs, plutôt qu’ égocentrique.
En tous cas, ces AMANTS ÉLECTRIQUES ne manquent ni de personnalité, ni d’ambition, au contraire. Il s’agit au final d’une des histoires d’amour les plus touchantes de l’histoire du cinéma.

[divider]CASTING[/divider]

Titre original : Cheatin’
Réalisation : Bill Plympton
Scénario : Bill Plympton
Acteurs principaux : pas d’acteurs
Pays d’origine : U.S.A. Angleterre
Sortie : 23 avril 2014, sortir DVD le 26 août 2014
Durée : 1h16min
Distributeur : Ed Distribution
Synopsis : Jake et Ella se rencontrent dans un accident d’auto-tamponneuse et s’éprennent follement l’un de l’autre. Mais c’est sans compter le machiavélisme d’une garce qui sème le trouble chez les amoureux transis. Jusqu’où la jalousie la mènera-t-elle ? Entre envie de meurtres, tromperies en tout genre et un peu de magie, Jake et Ella sauront-ils surmonter leur rancœur ?

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