Critique du film Les Amants Passagers (Los Amantes Pasajeros) réalisé par Pedro Almodovar avec Carlos Areces, Raul Arevalo, Javier Camara

[critique] Les Amants Passagers

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Affiche LES AMANTS PASSAGERS

Des personnages hauts en couleurs pensent vivre leurs dernières heures à bord d’un avion à destination de Mexico. La vulnérabilité face au danger provoque une catharsis générale qui devient le meilleur moyen d’échapper à l’idée de la mort. Sur fond de comédie débridée et morale, tous ces personnages passent le temps en faisant des aveux inattendus qui les aident à oublier l’angoisse du moment et à affronter le plus grand des dangers : celui que chacun porte en soi.

Note de l’Auteur

[rating:5/10]

Date de sortie : 27 Mars 2013
Réalisé par Pedro Almodovar
Avec Carlos Areces, Raul Arevalo, Javier Camara
Film espagnol
Durée : 1h30min
Titre original : Los Amantes Pasajeros
Bande-annonce :

Le cinéma de Pedro Almodovar a un thème plus qu’apparent dans la plupart de ses films : la sexualité. Il se questionne sur l’identité sexuelle à travers les relations sexeuelles entre humains ou encore en explorant l’homosexualité, le travestissement ou même la bisexualité. Mais ce n’est pas tout, le cinéaste espagnol s’interroge également sur les secrets intérieurs et les drames refoulés. Et bien, on retrouve tout cela dans le dernier film en date du cinéaste.

Tout d’abord, remarquons les apparitions spéciales de Penelope Cruz et d’Antonio Banderas, les deux acteurs favoris de Pedro Almodovar. Ils apparaissent que durant les cinq premières minutes du film et seront la cause de tout ce qui arrive. Avec Penelope Cruz et Antonio Banderas qui amènent l’histoire du film, on pourrait voir un clin d’oeil au fait qu’ils ont bien contribué la notoriété du réalisateur, comme si le cinéaste continuait à faire des films car ils sont là pour lui.

Autrement, nous avons toute une pléiade d’acteurs et d’actrices qui n’ont pas peur du ridicule. En effet, l’absurde est de mise dans ce film. C’est une comédie burlesque où les acteurs prennent visiblement plaisir, et c’est ce qui les rend convaincants, pour finir par ne plus les retrouver dans la filmographie de Almodovar. Ces acteurs et actrices sont au service dans ce film d’une récréation. Là où Almodovar était sans cesse en pleine recherche de nouvelles formes, en recherche sur le récit, … Ce film se présente comme une pause avant le prochain grand film du réalisateur espagnol.

Photo LES AMANTS PASSAGERS

Pedro Almodovar signe ici une récréation popcorn dans sa filmographie, en attendant sûrement sa prochaine grande idée.

Pedro Almodovar en mode perdu dans sa filmographie ou en mode ne sait plus quoi faire ? Après La Piel que Habito, on s’attendait à voir plus grand. Mais on a ici un Pedro Almodovar qui ne semble plus avoir d’idées innovatrice alors il nous sort une comédie poussive en attendant un nouvel éclair de génie. Alors oui, on sourit. Oui, on rit. Mais si on s’en tient aux scènes de la bande-annonce, il n’y a plus qu’à ajouter du blabla répétitif et des blagues clichés assommantes à force.

Un film popcorn qui a tout de même un petit message. Pedro Almodovar nous livre ici un film choral, funky mais aussi moral et personnel. Même si le film se cantonne sur l’Espagne (l’avion tourne en rond autour de Tolède), le film parle implicitement de l’actualité européenne actuelle. En écrivant une histoire farfelue autour de l’homosexualité, Almodovar s’imprègne du moderne pour l’inclure dans son cinéma. Là où l’Europe est en pleine réflexion et en plein débat sur le mariage gay, Almodovar nous offre une comédie burlesque sur le sexe et la révélation de son être.

C’est là que le film devient intéressant, dans sa manière de montrer qu’il ne faut pas paniquer à l’idée de se révéler comme on est. Durant tout le film, les secrets des passagers et des membres de l’équipage vont tomber. Et Pedro Almodovar nous dit que ça fait du bien, et qu’on s’en sentira soulagé et relâché. Mais à vouloir rester général dans son message, le cinéaste espagnol ne fait que survoler les histoires respectives de chacun de ses personnages. L’évolution de chacun est lente et a donc du mal à prendre son envol parmi toutes ces blagues.

Et malgré une scène de comédie musicale très élégante, le reste technique du film n’arrive jamais à la cheville d’un Piel que Habito ou d’un Les étreintes brisées (même si l’idée du huis-clos n’est pas dégueulasse). De plus, ceci ne sert en rien le récit qui tourne en rond (comme l’avion, tiens). Pedro Almodovar s’est créé une bulle comique, pleine de métaphores socio-politiques et économiques, dont il ne trouvera jamais la sortie pour réellement décoller vers le kistch suprême qu’on attend impatiemment tout au long du film.

Photo LES AMANTS PASSAGERS

Finalement, Les Amants Passagers est un film avec un Pedro Almodovar en mode minimal. Le cinéaste espagnol s’inscrit dans ses débuts de comédies baroques mais aussi dans l’actualité sociale moderne. Métaphore de la crise espagnole et du mariage gay, ce film est une constante volonté de dévoiler ce que nous sommes, sans complexes. Comédie farfelue, burlesque et chorale mais qui tourne en rond, minimale et poussive. Pedro Almodovar signe ici une récréation popcorn dans sa filmographie, en attendant surement sa prochaine grande idée.

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