love
© Wild Bunch Distribution

[CRITIQUE] LOVE

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Mise en scène
7
Scénario/Rythme
5
Casting
7
Photographie
9
Musique
8
Note des lecteurs8 Notes
5.7
8

[dropcap size=small]U[/dropcap]n film qui fait bander les mecs et pleurer les filles, voilà le programme de LOVE si l’on en croit les propos de Gaspar Noé. Présenté en Séance de Minuit, le nouveau film du sulfureux réalisateur à fait l’événement, comme prévu. La foule a afflué en masse et il n’y avait pas de places pour tout le monde. Découvrir LOVE se méritait, il fallait supporter les heures d’attente, regarder les précédentes personnes rentrer avec la peur au ventre que ce ne soit pas notre cas. Les films attendus étaient légion cette année mais rare sont ceux qui sont arrivés à provoquer un engouement massif aussi impressionnant: tout a été fait pour. En concoctant une promo racoleuse au possible, on imagine sans mal le délice que ça devait être pour Gaspar Noé lorsqu’avec des dizaines de minutes de retard, il a monté, surexcité, les marches d’un tapis qu’on a peu connu aussi bouillant.

Après un avertissement imposant signifiant le début du film et nous invitant à mettre nos lunettes 3D sur le nez, ça y est, LOVE commence. La couleur est annoncée : dans un plan fixe, un homme et une femme se masturbent mutuellement. Le plan dure et dure encore, les corps se chevauchent comme dans un tableau antique, ils inspirent et expirent, jusqu’à une éjaculation. Vous vouliez du cul ? Ne vous inquiétez pas, vous allez être servi. La froideur avec laquelle les deux personnages ont un rapport sexuel impose une distance, personne ne fait l’amour comme ça. On sent de la distance entre eux, la femme, dessus, est dos à l’homme. Aucun des deux ne se regardent directement dans les yeux, ils se regardent le sexe de l’autre. Ce qui est intéressant et impose toute la beauté du film, c’est que Noé part d’une scène de sexe assez comme celle-là pour, petit à petit, revenir aux sources du couple et nous montrer, dans le dernier tiers, des relations pleine de passion et de douceur. On explore le passif d’un couple, ses bons comme ses mauvais moments. Pour être franc, il était difficile de s’attendre à un film aussi sensible avec Noé aux commandes. Le réduire à un film de cul serait passer à côté de toute sa véritable beauté. LOVE porte très bien son nom, c’est un film qui parle avant tout d’amour, de la passion.

Photo du film LOVE
© Wild Bunch Distribution

En fait LOVE joue la même carte d’Irréversible en commençant par la fin et en finissant par début. Le fil conducteur est le mal-être de Murphy dans le présent, qui se met à repenser à celle qu’il aime et qu’il a aimé. On plonge dans sa tête via sa voix-off, et la caméra reste très proche de lui. On le découvre dans son appartement, sa nouvelle vie qui l’étouffe. Noé le filme dans l’encablure des portes pour accentuer son emprisonnement. La mise en scène préfère les longs plans plutôt que les coupes. Les amateurs du réalisateur seront en terrain connu. On navigue dans le souvenirs par une caméra flottante qui capte une ambiance superbe, servie par la lumière d’un Benoit Debie devenu un élément incontournable du cinéma de Noé. A l’image de la scène de la boîte échangiste, hallucinée et somptueuse, qu’on ne peut imaginer voir que chez ce réalisateur. Les néons et couleurs saturées composent un univers déréalisé, emprunt d’une profonde mélancolie, flirtant avec la naïveté dans sa description du sentiment amoureux. Après la tornade du début du film, on est témoin dans les derniers instants de la première rencontre entre les deux amants. Une scène pudique et belle, rare dans le cinéma du réalisateur d’origine argentine. Son cinéma ne s’est toujours pas débarrassé de certains défauts comme une longueur trop importante (2h15 quand même) et cette fascination pour la drogue qui laisse hermétique une grande partie du public si l’on n’est pas nous aussi dans la consommation. Après Enter the Void et son trip sensoriel, on espérait qu’il se détache de cet aspect faisant plus office de gadget ou une case à cocher dans le cahier des charges d’un projet estampillé Noé.

« LOVE fait partie de ces films dont on tombe amoureux, qui vous touchent droit au cœur et vous hantent après la vision. LOVE, c’est la vie. »

LOVE est une œuvre fascinante à laquelle on aime s’abandonner, malgré ses imperfections. Un voyage au sein de la passion, des sentiments exacerbés. Le sexe nous désintéresse très vite passé une scène de trio en forme de climax avant l’heure et la mise en scène ne joue pas l’esbroufe dans ces instants, optant le plus souvent pour une caméra en plongée totale et de longs plans fixes. Alors que Noé aurait pu jouer le petit malin et accumuler des effets de la trempe de l’éjaculation faciale balancée à la gueule des spectateurs. Et en 3D s’il vous plaît. Le caractère provocateur du réalisateur ressort plus dans son choix narcissique, et drôle, d’appeler Gaspar le fils du personnage principal.  Il s’amuse à insérer diverses références à sa personne ou ses goûts tout le long, allant jusqu’à, par exemple, frôler l’auto-citation dans une scène de boîte de nuit tendue. Ou encore de faire tourner en eau de boudin une scène avec un travelo comme pour prendre à contre-pied les spectateurs qui allaient s’en donner à cœur joie de critiquer une tentative facile de choquer. Rien de dingue à signaler au programme, on assiste aux traditionnels missionnaire/pipe/cuni assez sages, si ce n’est qu’ils ne sont pas simulés. S’il est beau, c’est parce que LOVE est un film qu’on a l’impression de ne jamais avoir vu. C’est une proposition de cinéma rafraichissante qui vous saisit dans ses premières minutes et ne nous relâchent pas. On voyage dans le cœur d’une relation tumultueuse en forme de montagnes russes en passant par tout un panel d’émotions. Bouleversant car il fait ressurgir le passif de chaque spectateur et hypnotisant par son emballage formel splendide, LOVE est une expérience unique. Il fait partie de ces films dont on tombe amoureux, qui vous touchent droit au cœur et vous hantent après la vision. LOVE, c’est la vie.

LOVE a été présenté en séance de minuit, au festival de Cannes édition 2015
[divider]INFORMATIONS[/divider]

[column size=one_half position=first ]love-poster[/column]

[column size=one_half position=last ]la critique de MAXIME
la critique d’ADELE
la contre-critique de Pierre
CANNES 2015 : les autres films de la sélection officielle
Affiches explicites de LOVE

Titre original : Love
Réalisation : Gaspar Noé
Scénario : Gaspar Noé
Acteurs principaux : Karl Glusman, Aomi Muyock, Klara Kristin
Pays d’origine : France
Sortie : 15 juillet 2015
Durée : 2h14min
Distributeur : Wild Bunch Distribution
Synopsis : Au cours d’une longue journée pluvieuse, Murphy va se retrouver seul dans son appartement à se remémorer sa plus grande histoire d’amour, deux ans avec Electra. Une passion contenant toutes sortes de promesses, de jeux, d’excès et d’erreurs…

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[divider]EXTRAIT[/divider]

https://www.youtube.com/watch?v=DMYtZYbEiyU

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Mise en scène
Scénario/Rythme
Casting
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