MISSION IMPOSSIBLE

MISSION IMPOSSIBLE, saga marquée par la patte « De Palma » – Critique

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En 1996, Hollywood décide d’adapter sur grand écran la série télévisée Mission Impossible qui s’étala sur sept saisons de 1966 à 1973. Plus de vingt ans après et avec à la réalisation le maître du thriller Brian De Palma, MISSION IMPOSSIBLE allait évidemment proposer une œuvre différente et aux antipodes.

Seulement De Palma va bien plus loin en réalisant une œuvre particulièrement propre à SON cinéma. Le réalisateur parvenant à inclure dans ce film de commande tout ce qui le caractérise, tout en gardant une certaine fidélité à la série (bien que le dénouement final ait provoqué la colère de Peter Graves, interprète de Jim Phelps dans la série). Mais avec ce réalisateur aussi marquant et marqué, dont l’empreinte est identifiable au premier plan, MISSION IMPOSSIBLE est à part dans la saga. Mettant en place les bases de la série de films à venir, cet épisode, certainement le meilleur, s’avère très différent du reste. Presque renfermé sur lui-même. Si particulier qu’il en deviendra impossible à reproduire pour les suites. Ainsi, plus qu’un Mission Impossible, c’est avant tout un De Palma ! Cela venant de la grande liberté offerte par la production au réalisateur. Un choix pour le moins judicieux puisque le film sera un succès commercial, récoltant plus de 450M$ au box office pour un budget de 80M$.

Les membres d’un commando de la CIA sont envoyés à Prague avec pour mission d’appréhender, lors d’une réception dans l’ambassade américaine, un espion ennemi qui s’apprête à dérober une disquette contenant la liste secrète des agents en Europe centrale. Seulement ils ignorent que la CIA, persuadée que le commando est infiltré par une taupe, a envoyé une seconde équipe sur place…

Photo du film MISSION : IMPOSSIBLE

Brian De Palma n’est pas connu pour faire dans l’action explosive. Au contraire, le réalisateur s’est plutôt révélé maître en matière de suspense, privilégiant manipulation et paranoïa, accompagné de scénario (dont il est souvent l’auteur) aux rebondissements surprenants. On peut penser au sublime Obsession (1976) ou au fascinant Pulsion (1980) pour ne citer qu’eux. Même Scarface (1983), bien que, plus dynamique qu’une grande partie de sa filmographie, s’avérait relativement intimiste. Avec MISSION IMPOSSIBLE le réalisateur reste fidèle à ses obsessions et nous offre un vrai film d’espionnage, composé de jeux de dupes et de trahisons. Un genre qui va s’avérer parfaitement adapté à son cinéma. Les premières minutes du film présentent une mission comme une autre pour l’équipe d’IMF (Impossible Mission Force). De Palma y dissimile grâce à quelques uns de ses plans favoris des indices sur les personnages et les révélations à venir. On pense à la vue subjective, justifiée par l’utilisation d’une mini caméra sur les lunettes d’Ethan.
De Palma montre alors son génie dans la mise en scène, en dévoilant l’ensemble de l’intrigue et de ses rebondissements dès l’incident déclencheur – il reproduira cela de manière plus virtuose dans la foulée avec Snake Eyes (1998), ouverture magistrale en plan séquence. On retrouve également dans le générique de début une succession d’images du films pouvant annoncer les événements à venir (on retrouvera d’ailleurs un générique similaire dans MI4). Evidemment malgré tous ces indices, impossible pour le spectateur de deviner ce qui l’attend. Cela, jusqu’au dénouement final qui révélera ce qui nous a échappé.

Plus qu’un Mission : Impossible, c’est un De Palma !

Le héros de MISSION IMPOSSIBLE est donc Ethan Hunt (et non pas Jim Phelps comme dans la série), un agent encore jeune et fougueux, incarné par Tom Cruise (producteur du film). Si le traitement du personnage d’Ethan reste en-soi relativement classique, celui de Claire offre davantage d’ambiguïté. Une femme fatale indéchiffrable façon film noir comme les aime De Palma, bien portée par Emmanuelle Béart. Pour le reste des protagonistes il y a ce pari osé de supprimer du film des acteurs comme Kristin Scott Thomas et Jon Voight, dès la première partie, lors d’une scène des plus dramatiques. Devant cet Ethan impuissant, qui ne peut qu’entendre ses amis se faire éliminer les uns après les autres, on repense évidemment à Jack Terry (John Travolta) dans Blow Out (1981). Les conséquences en font dès lors un personnage passionnant. Un vrai héros motivé par la vengeance et la justice mais qui n’en perd pas pour autant son contrôle.
Pour prouver son innocence – officiellement le seul survivant il devient le principal suspect – Ethan doit former une seconde équipe pour trouver la taupe responsable du massacre de son unité. Luther Stickell (Ving Rhames) que l’on retrouvera dans chaque épisode, et Franz Krieger (Jean Reno) se joignent au duo Ethan / Claire, malheureusement pas entièrement exploité. Cela étant certainement dû aux coupures au montage de plusieurs de leurs scènes. Avec cette nouvelle équipe, les clans se forment. Tout comme Ethan, on ne sait pas à qui faire confiance. De Palma joue avec brio sur la paranoïa de son personnage et développe avec intelligence son scénario. Car si MISSION IMPOSSIBLE reste aussi fascinant, encore aujourd’hui, c’est justement par sa simplicité. Tout se déroulant autour d’un cercle réduit : quatre protagonistes et un ennemi, Job, longtemps invisible. En témoigne la séquence magistrale et mythique d’Ethan suspendu dans le vide pour dérober des informations au bureau fédéral de la CIA. Une séquence presque sans bruit qui plonge dans un fort état de stress et de tension, véritable clou du spectacle. Bien plus intéressante et passionnante que la séquence finale, tout de même très efficace.

Photo du film MISSION : IMPOSSIBLE

Evidemment avec Brian De Palma, MISSION IMPOSSIBLE ne peut qu’être « trop » marqué par l’empreinte du réalisateur pour permettre de réaliser une suite dans la lignée. D’une part, le film tient par son scénario qui ne peut être reproduit une seconde fois. Mais également toute la réalisation, des choix d’angles, des mouvements de caméra, du montage ou même de l’accompagnement sonore signé par Danny Elfman, porte la marque si particulière de De Palma (ce dernier ayant, on le répète, joui d’une grande liberté sur le film). Ce premier MISSION IMPOSSIBLE est donc un régal et ne vieillit pas, mais il oblige en même temps à une coupure nette avec les épisodes qui suivront. D’ailleurs, si on peut trouver des ressemblances entre les épisodes suivants, plus classiques dans le genre du film d’action, difficile d’associer celui là au reste. Il serait en effet impossible et inintéressant de produire une suite à partir de ce matériaux, tant il se révèle unique. En donnant, quatre ans plus tard, les clés de Mission Impossible 2 à John Woo, réalisateur trop à l’opposé de De Palma, dans l’excès et l’action pure, la production fera son unique erreur de la saga.

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Mise en scène
Scénario
Casting
Photographie
Musique
Note des lecteurs5 Notes
4.3
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