TOMB RAIDER
Crédits : WARNER BROS. ENTERTAINMENT INC. AND METRO-GOLDWYN-MAYER PICTURES INC.

TOMB RAIDER, encore et toujours debout – Critique

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Reboot et préquelle adaptant le jeu vidéo qui était déjà un reboot des anciens épisodes vidéoludiques, ce Tomb Raider propulse Alicia Vikander en remplacement d’Angelina Jolie dans la peau de Lara Croft, 17 ans plus tard.

Après avoir tourné un premier long-métrage horrifique remarqué à Gerardmer dans son pays natal, (Cold Prey), le norvégien Roar Uthaug a confirmé certaines attentes placées en lui avec le film catastrophe The Wave. La première heure faisait office de scène d’exposition en même temps qu’elle nous familiarisait avec les personnages tout en faisant lentement mais sûrement monter la pression, jusqu’à une spectaculaire scène de tsunami, point culminant du métrage. La suite se transformait en un survival un peu moins surprenant mais assez efficace. Remarqué par Hollywood, il accepte de signer son premier gros budget américain avec un reboot des aventures de Lara Croft, sobrement intitulé TOMB RAIDER et co-produit par Square Enix, maison ayant édité le jeu vidéo du même nom.

TOMB RAIDER
Crédits : WARNER BROS. ENTERTAINMENT INC. AND METRO-GOLDWYN-MAYER PICTURES INC.

Il semblerait que dès les premières minutes du film, Roar Uthaug nous refasse le même coup qu’avec The Wave, à savoir prendre le temps de clairement exposer Lara dans son environnement routinier. L’intention est louable mais est menée avec bien moins de réussite. La mise en place est un brin laborieuse et étonnamment prosaïque, nous présentant une Lara boxeuse puis en livreuse à vélo qui nous rappelle instantanément le Peter Parker du Spiderman 2 de Sam Raimi, avant un champ/contre-champ filmé dans la salle d’attente d’une station de police. Pas très sexy pour débuter un récit se voulant haletant d’autant qu’il devient rapidement criblé de flashbacks intempestifs, répétitifs et sans saveur, seule idée trouvée pour nous raconter le contenu de la relation par intermittence entre Richard Croft et sa fille.Lorsqu’enfin l’aventure est lancée, elle trouve son rythme de croisière en baignant dans une fidélité exacerbée envers le jeu vidéo qu’elle adapte, ce qui n’est pas foncièrement déplaisant. Alicia Vikander ressemble beaucoup à son modèle de pixels, exhibant fièrement les 10 kilos de muscles qu’elle a pris pour ce tournage, malgré une stature encore un peu frêle et fragile. Une impression voulue par la chronologie de cet épisode mettant en scène une jeune Lara, pas encore aventurière et encore moins guerrière.

C’est exactement ce que cherchait à faire le jeu vidéo sorti en 2013 sur nos consoles, à savoir casser complètement l’image de cette femme pulpeuse bravant moults pièges et dangers, devenue par la suite un véritable sex-symbol faisant fantasmer la gent masculine. Pour cela, il suffisait de placer l’héroïne au milieu d’un environnement naturel hostile, accentuer les mécaniques de survie (chasser pour se soigner…) puis pousser sa vulnérabilité à l’extrême face à divers éléments : tentatives de viol, torture, chutes dangereuses transformant peu à peu son physique au fil des heures de jeu, entre blessures, coupures et sang séché sur les vêtements. Au cinéma, hormis une ou deux égratignures, on regrettera ce refus d’aller aussi loin, aseptisant l’ensemble, comme souvent avec les grosses productions.

Pas du grand cinéma, mais une adaptation respectueuse du jeu vidéo, marquée par la griffe de son réalisateur, qui insuffle une belle énergie aux scènes d’action.

La direction artistique est également un copié-collé du jeu vidéo, au niveau des décors et des costumes, allant jusqu’aux accessoires que les joueurs reconnaitront instantanément. Si le scénario suit aussi scrupuleusement la même trame et certaines péripéties à la lettre, un peu plus de liberté a été prise autour du final et pas forcément pour le meilleur. Ces dernières 20 minutes s’enlisent dans un n’importe quoi général, entre infection de zombies et gros clichés hérités du cinéma américain type série B des années 90, soit encore et toujours des situations ultra réchauffées. Les non joueurs quant à eux, parcourront un scénario assez faible et auront toujours l’impression de suivre un sous Indiana Jones, ou un truc lorgnant du côté d’un Benjamin Gates (Benjamin Gates étant un sous Indiana Jones, donc).

Alors oui, le film ne tient pas souvent la route et ne nous surprend jamais et oui, on pourra rire devant certaines acrobaties intrépides et invraisemblables de même que lors des sauts de gazelle de Lara, comme propulsée par des ressorts géants, mais il faut avouer que le spectacle est bel et bien marqué par la griffe de son réalisateur, toujours à l’aise lors des séquences aquatiques et nous gratifiant de scènes d’action dopées par une belle énergie et un montage au cordeau, pour un résultat parfois jouissif.

Au final, l’exercice terriblement périlleux de l’adaptation d’un jeu au cinéma est plutôt réussi. Car Roar Uthaug ne ringardise pas une licence comme ne l’avait fait Paul WS Anderson avec Resident Evil, il ne livre pas un nanar grotesque comme le Doom de Andrzej Bartkowiak et n’échoue pas là ou Mike Newell s’était trompé avec Prince of Persia. Il reste cependant derrière Christophe Gans et son Silent Hill, à ce jour toujours indétrôné dans cette catégorie, mais semble avoir compris lui aussi que pour réussir son adaptation de jeu vidéo, il suffit parfois de lui être fidèle, quitte à préparer les mêmes plans et mouvements de caméra aperçus manette en mains. Une façon de boucler une boucle, puisque le jeu vidéo cherche depuis de nombreuses années à faire son propre cinéma.

Loris Colecchia

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Titre original : Tomb Raider
Réalisation : Roar Uthaug
Scénario : Geneva Robertson-Dworet, Alastair Siddons
Acteurs principaux : Alicia Vikander, Dominic West, Walton Goggins, Daniel Wu, Kristin Scott Thomas
Date de sortie : 14 Mars 2018
Durée : 1h58min

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