The Voices
© Le Pacte

THE VOICES – Critique

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Mise en scène
8
Scénario
8
Casting
9
Photographie
9
Musique
8
Note des lecteurs2 Notes
7.5
8.5
Note du rédacteur

Pour son quatrième long-métrage, la réalisatrice, scénariste et dessinatrice française d’origines iranienne Marjane Satrapi continue de s’essayer aux différents genre du cinéma. Avec THE VOICES cela sera la comédie d’horreur, après le film d’animation Persépolis (2007), le drame Poulet au prunes (2011) et le thriller comique La Bande des Jotas (2013).

Partie d’un scénario qui n’est pas d’elle, une première pour la réalisatrice (auteur des bandes-dessinées Persépolis et Poulet au prunes, scénariste pour La Bande des Jotas), Marjane Satrapi parvient à s’approprier le projet dans sa réalisation rappelant l’univers de la bande-dessinée qu’elle connaît bien. Elle réalise là un film original absolument délirant qui alterne parfaitement entre humour et terreur.

Jerry (Ryan Reynolds) vit à Milton, petite ville américaine bien tranquille où il travaille dans une usine de baignoires. Célibataire, il n’est pas solitaire pour autant dans la mesure où il s’entend très bien avec son chat, M. Moustache, et son chien, Bosco. Jerry voit régulièrement sa psy, aussi charmante que compréhensive, à qui il révèle un jour qu’il apprécie de plus en plus Fiona (Gemma Arterton) – la délicieuse Anglaise qui travaille à la comptabilité de l’usine. Bref, tout se passe bien dans sa vie plutôt ordinaire – du moins tant qu’il n’oublie pas de prendre ses médicaments…

The Voices
© Reiner BAJO

Sur le papier THE VOICES avait l’air d’un grand n’importe quoi façon série B. Cet a priori est finalement vite écarté, dès l’apparition de Ryan Reynolds à l’écran. L’acteur en perdition à Hollywood depuis une série d’échecs commerciaux a repris du poil de la bête avec ce personnage plein d’ambiguïtés. Après avoir impressionné sous la direction d’Atom Egoyan dans Captives, c’est avec une parfaite subtilité qu’il alterne dans THE VOICES entre un personnage simplet mais attachant, à la limite du ridicule dans sa tenue de travail rose, à un angoissant tueur en série. Car plus le temps passe et plus Marjane Satrapi nous fait prendre conscience que nous sommes soumis au regard d’un esprit malade. Celui de Jerry, schizophrène, qui sans ses médicaments vit dans un monde sans problèmes, sans taches, au sens propre comme figuré. L’univers limite beauf de cette petite ville américaine, où un sosie asiatique d’Elvis Presley interprète les meilleurs titres du King dans un restaurant chinois, vient se mêler aux visions surréalistes de Jerry, pleines de papillons et d’apparitions divines. Un mixte qui permet à la réalisatrice de justifier ses choix d’images colorées génialement kitchs, et de pousser à l’extrême du ridicule certaines séquences, toujours drôles, comme la chenille des employés de l’usine, avec la magnifique Gemma Arterton en tête.

Un parfait mélange des genres à la fois terrifiant et à mourir de rire.

On retrouve comme toujours avec plaisir l’actrice britannique à la plastique incroyable. Avec elle Marjane Satrapi crée un paradoxe à la limite du frustrant. Insistant sur le corps et les formes désirables de la jeune femme, dans une robe des plus moulantes, à la manière d’Anita Ekberg dans La Dolce Vita (Federico Fellini – 1960), on ne voit finalement durant la majorité du film que la tête de l’actrice. Car sans surprise Fiona est la première victime, plus ou moins accidentelle, d’un Jerry instable. Ce dernier après s’être débarrassé du corps d’une manière pour le moins originale, ne garde d’elle que sa tête dans son congélateur. Une tête qui lui rappelle constamment son crime en s’adressant directement à lui, puisque sans ses médicaments Jerry entend des voix. Il imagine que ce qu’il « reste » de Fiona lui parle, tout comme son chien Bosco, bonne patte logiquement du côté de son maître, et son chat, le terrible mais hilarant M. Moustache. Si le chien est le meilleur ami de l’homme, ce n’est pas le cas du chat qui officie ici comme mauvaise conscience poussant au crime. Le comique vient évidement du choix de Satrapi de montrer à l’image les animaux (doublés par Ryan Reynolds lui-même) parler, toujours dans la logique de l’esprit de Jerry. Seulement avec cette multiplication de voix, la folie du jeune homme devient de plus en plus sombre, tout comme l’esthétique du film. Malgré son côté décalé à outrance, THE VOICES garde un vrai penchant pour l’horreur et la réalisatrice obtient un parfait mélange des genres, à la fois terrifiant et à mourir de rire. Bien qu’étant immoraux, les actes de Jerry provoquent le rire via la réalisation, mais lorsque la réalité le rattrape, les jolies couleurs irréalistes font place à la laideur et l’obscurité. Des moments angoissants portés encore une fois par le jeu double de Ryan Reynolds, toujours aussi difficile à cerner lorsqu’il dévoile son passé à Lisa (Anna Kendrick), une autre collègue. Vient à cela se glisser des moments gores que la réalisatrice préfère intelligemment suggérer par le montage, comme lors du premier « découpage » de Jerry. Avec une utilisation juste du cadre, Satrapi passe d’un plan à un autre, comme lorsque l’on suit les cases d’une bande-dessinée. Gardant toujours une pointe d’humour face aux pires situations, elle crée ainsi une séquence que certains jugeront drôle et qui paraîtra horrible à d’autres.

En allant jusqu’au bout de ce genre qu’elle découvre, Marjane Satrapi réussit parfaitement le mélange des styles. Indéniablement drôle, le film ne tombe pas pour autant dans la parodie avec une simple succession de gags façon Scary Movie (2000). C’est avant tout la situation incroyable et des séquences de frayeurs utilisées de manière judicieuses qui permettent au rythme de ne jamais baisser. En témoigne la scène du générique de fin, véritable cadeau offert au spectateur. Poussant une dernière fois le délire jusqu’à son paroxysme, les principaux protagonistes se lancent dans une interprétation du génial titre Sing a Happy Song (1979) de The O’Jays, formation vocale soul des années 1960 et surtout 1970, passé par une phase disco et toujours en activité. Dans leurs tenues toujours aussi colorées à outrance sur fond blanc, les acteurs participent à une ultime séquence jouissive qui fait de THE VOICES un pur plaisir, du début jusqu’à la fin.

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