VIDEODROME

VIDEODROME – Critique

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Videodrome ressort en salles, l’occasion de revenir sur ce classique du cinéma fantastique qui, près de 30 ans plus tard, témoigne de son caractère visionnaire.

A l’heure où le développement acharné de la télé-réalité semble avoir pris le pas sur toute forme de divertissement audiovisuel, Splendor Films, qui ne peut assister fébrilement qu’à l’essor de la pornographie et à la banalisation de la jouissance issue de la violence, a eu la merveilleuse idée de proposer une version restaurée de l’œuvre emblématique de David Cronenberg, VIDEODROME, après plus de 30 ans. Dans un monde qui voit la prolifération des écrans et les dépendances numériques grandir à toute vitesse, on trouve dans cette dorénavant célèbre chronique dystopique, Black Mirrorla digne héritière d’un film majeur du cinéma de genre.

VIDEODROME - RENN

Max Renn, véreux directeur de programme dans l’industrie X, tombe un jour sur une mystérieuse bande pirate du nom de Vidédrome. À son visionnage, les sévices sexuels les plus atroces tendent à définir les nouvelles frontières du voyeurisme dans une dimension jamais imaginée jusqu’à présent. Mais au fil des jours, Renn est pris d’incessantes hallucinations. Dans ce basculement vers le fantastique, le mirage, VIDEODROME dépeint avant tout une société lancée éperdument sur les traces de l’extase procurée par tant d’atrocité, une errance dans un monde qui court toujours vers davantage d’horreur. Devant ce spectacle à la mise en scène irréprochable, David Cronenberg nous renvoie, spectateurs hypnotisés, par une mise en abyme qui joue les effets intrusifs de miroirs cathodiques, devant notre propre condition de consommateurs frénétiques. Car VIDEODROME est bien cela, la démonstration sans détours de la fascination morbide pour le sexe et la violence.

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Il restera de cette œuvre, cette scène mythique, témoignage de la soumission suprême devant la machine, au moment même de l’unification matérielle de l’enveloppe humaine et des canaux hertziens. Voilà que l’absorption remplie d’appétit de la chair par l’écran dessine l’allégeance inexorable de l’Homme par le biais de la technologie. Et avec David Cronenberg, la transformation du corps agrémente cette unique obsession : l’oppressante perdition de la psyché et le jaillissement brutal de la camisole cérébrale (La Mouche, Maps to the Stars). Dès lors, Max Renn n’est plus qu’un magnétoscope vaginal et mobile mis à disposition de la propagande médiatique. Désormais aliéné à une puissance aussi malveillante qu’elle en est invisible, le pantin hybride est programmé à la destruction totale d’une organisation sociétale qui se rêve en chantre de la liberté. Puis, comme signe d’achèvement de la métamorphose, irrévocable, il est grand temps de décréter une longue vie à la « nouvelle chair », et le sang, corrompu par ce système cannibaliste, coule symboliquement sur le sol.

Injustement apprécié à sa sortie, chef d’oeuvre du cinéma de genre désormais reconnu, VIDEODROME est certainement un des films les plus « Cronenbergien ». On ne peut que vous encourager de partir à sa (re)découverte alors que la résonance prophétique de cette vertigineuse descente aux enfers sonne ici le glas de toute trace d’empathie humaine, condamnant, de fait, l’évolution du monde à un asservissement 2.0 totalement amoral. Et au terme de ce cauchemar, Max Renn regarde, face caméra, la fin de l’épisode. Le spectateur, crétinisé par tant de matraquage, n’a d’autre choix que de patienter scotché devant son écran, assujetti à une vicieuse appétence. L’évidente promesse de dépasser durablement les limites de l’entendement.

Sofiane

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Note des lecteurs11 Notes
Titre original : Videodrome
Réalisation : David Cronenberg
Scénario : David Cronenberg
Acteurs principaux : James Woods, Sonja Smits, Deborah Harry
Date de sortie : 16 mai 1984
Date de reprise : 12 Avril 2017
Durée : 1h28min
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