MUSTANG
© Ad Vitam

[CRITIQUE] MUSTANG

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Mise en scène
9
Scénario
8
Casting
9
Photographie
8
Emotion
8
Note des lecteurs23 Notes
7.6
8.5
Note du rédacteur

[dropcap size=small]P[/dropcap]résenté à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes 2015 où il a remporté le Prix Label Europa Cinema, MUSTANG, premier film de Deniz Gamze Ergüven, porte son regard sur la condition des femmes en Turquie. Un sujet bien connu de la réalisatrice qui a grandi entre la Turquie et la France où elle fit ses études (diplômée à l’école de cinéma La FEMIS). Bien qu’étant tourné sous forme de fiction, le film s’inspire d’histoires vécues, par la réalisatrice ou bien des membres de sa famille. Une œuvre personnelle donc, portée par cinq héroïnes, cinq sœurs pleines d’énergie, de fougue et d’une envie de vivre, capables de résister au système qui leur impose un mode de vie. Ergüven livre avec MUSTANG un film remarquable et puissant, hommage à la féminité sous toutes ses formes, et ode à la liberté.

C’est le début de l’été.
Dans un village reculé de Turquie, Lale et ses quatre sœurs rentrent de l’école en jouant avec des garçons et déclenchent un scandale aux conséquences inattendues.
La maison familiale se transforme progressivement en prison, les cours de pratiques ménagères remplacent l’école et les mariages commencent à s’arranger.
Les cinq sœurs, animées par un même désir de liberté, détournent les limites qui leur sont imposées.

© Ad Vitam
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Tout part d’une situation anodine. D’un jeu enfantin entre filles et garçons. Un petit groupe qui à la sortie de l’école, voyant le beau temps, a décidé d’aller plonger dans la mer tout habillé. Les filles grimpent sur les épaules des garçons et essaient de se renverser mutuellement. Les cris et les rires s’entremêlent tandis que toute cette troupe rentre tranquillement à la maison. Pour leur grand-mère et leur oncle, en charge des cinq jeunes adolescentes et pré-ados, la vision n’est pas la même. Pour eux, ce ne sont plus des enfants mais déjà des femmes. Évidemment les cinq filles n’en sont pas à leur première incartade. On devine aisément les bêtises que font les « enfants » à cet âge. Seulement dans ce petit village de Turquie (on le devine à plusieurs kilomètres de Trabzon) les coutumes archaïques font la loi. Et pour s’être « frottées » contre des garçons, risquant d’être « souillées avant le mariage », les sœurs vont perdre petit à petit leur liberté. L’école est remplacée par des cours de cuisine pour faire d’elles de parfaites maîtresses de maison, et ainsi pouvoir les marier. C’est le passage de l’innocence et de l’insouciance, à un monde brutal et fermé. Le tout, porté intelligemment par le regard de Lale, la plus jeune des cinq. Bien que chacune des actrices, plus belles les unes que les autres, se subliment à l’écran, la jeune Güneş Nezihe Şensoy sort du lot. Souvent en retrait, observant par exemple sans rien dire l’aînée qui brave les interdits pour rejoindre en cachette son amoureux. Celle-ci se révèle tout de même active et finalement la plus révoltée des cinq.

« Un film remarquable, hommage à la féminité sous toutes ses formes et ode à la liberté. »

La facilité serait alors de rapprocher MUSTANG du premier film de Sofia Coppola, Virgin Suicides (1999). Les articles sur le film se succèdent et on peut déjà lire en masse : « Le Virgin Suicide Turque ». Cependant MUSTANG est bien autre chose et cette comparaison limiterait le film à une relation de cinq sœurs et à une certaine nostalgie de la jeunesse. Avec MUSTANG, Deniz Gamze Ergüven montre avant tout la place des jeunes femmes en Turquie, ou du moins dans une partie encore archaïque de la société. Exprimant une envie de révolte contre ces conditions d’enfermement et de contrôle. Un enfermement qui se matérialise sous les yeux de Lale, qui voit sa maison, anciennement pleine de vie, se transformer en une prison, barreaux aux fenêtres et grilles autour de la propriété. Le contraste entre ce lieu et ces jeune filles solaires émeut. De plus, si MUSTANG frappe autant, c’est grâce à la réalisation intelligente d’Ergüven qui transcende son sujet. Des plans sublimes où les corps et les longs cheveux bruns des actrices s’emmêlent, évoquant ainsi leur union et leur solidarité face aux épreuves, à de simples regards pleins de détresse, Deniz Gamze Ergüven envoûte. Sa maîtrise du cadre et de l’esthétique impressionne et porte MUSTANG très haut. Nous voilà pris dans un flot d’émotions, devant ce drame qui réunit sentiments de joie, de tristesse, mais surtout d’espoir.

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17 juin 2015 (Mustang)

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Titre original : Mustang
Réalisation : Deniz Gamze Ergüven
Scénario : Deniz Gamze Ergüven, Alice Winocour
Acteurs principaux : Güneş Nezihe Şensoy, Doğa Zeynep Doğuşlu, Elit İşcan
Pays d’origine : Turquie, France, Allemagne
Sortie : 17 juin 2015
Durée : 1h37
Distributeur : Ad Vitam
Synopsis : C’est le début de l’été.
Dans un village reculé de Turquie, Lale et ses quatre sœurs rentrent de l’école en jouant avec des garçons et déclenchent un scandale aux conséquences inattendues.
La maison familiale se transforme progressivement en prison, les cours de pratiques ménagères remplacent l’école et les mariages commencent à s’arranger.
Les cinq sœurs, animées par un même désir de liberté, détournent les limites qui leur sont imposées.

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