Foxcatcher
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[critique] FOXCATCHER

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photographie
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scénario
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mise en scène
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originalité esthétique
3
casting
9
direction d'acteurs
8
Note des lecteurs4 Notes
7.8
7.5
note du rédacteur

À LIRE ÉGALEMENT, notre contre-critique du film !

Bennet Miller pour son dernier film FOXCATCHER choisit d’adapter l’histoire tragique des frères Schlutz et du milliardaire John Eleuthère du Ponts, survenus aux Etat-Unis entre les années 80 et 90. Pour cela il choisie les brillants acteurs Channing Tatum (Marck), Steve Carell (John du Pont), et Mark Ruffalo (Dave), dont l’interprétation est saluée et guidée par Marck Schultz en personne. Se met alors en place une relation d’abord amicale puis de plus en plus malsaine, entre Marck et John. Jusqu’à ce que Marck craque… c’est alors son frère qui devient l’objet de ce cercle vicieux dont le milliardaire semble dicter la cadence. L’expérience de spectateur est éprouvante au sens ou son empathie envers les personnages, et principalement celui de John, est sans cesse bouleversée, il hésite entre la pitié et la compassion amusée, puis entre la peur et la haine.  A ce moment vous devez vous dire : mais pourquoi elle nous sert son verbiage sentimentale et psychologique alors que c’est un film sur le sport? Bien entendu une des thématique est: la lutte, le sport, les jeux Olympique. Mais à mon humble avis, il s’agit plus d’un prétexte que d’un véritable enjeux. Effectivement le coeur du film semble se trouver dans la lutte entre les personnages, au sens de : domination, soumission, combat, victoire. En ce sens, la lutte serait celle du milliardaire solitaire pour suscité la fierté par sa mère et de son entourage, la lutte pour s’émanciper de la notoriété de son frère pour Marck, la lutte pour Marck et Dave de faire exister leur passion. Ces luttes ont pour terrifiante et cinglante arme : l’argent. Si ces trois personnages se trouvent réunis, c’est parce que le milliardaire l’a souhaité, et si John éprouve une telle passion pour la lutte c’est qu’elle est une échappatoire au fardeau de ses millions.

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© Mars Distribution

L’on remarque cette domination de l’argent dans la mise en scène et les accessoires, le sport est en lui-même assujetti à l’argent. Par exemple la salle de sport n’est qu’une des maisons parmi la vaste propriété de la famille du Pont. Les survêtements sont à l’effigie du nom choisie par John « Foxcatcher« , au lieu d’arborer le nom de l’équipe des Etats-Unis. Les matchs sont eux-même truqué lors d’un tournois, pour laisser gagner le milliardaire, qui s’essaye lamentablement à la lutte. Les dirigeants et représentants de la lutte aux Etats-Unis se plient aux volonté de Monsieur du Pont, contre la donation de 500 milles dollars par an. Voici quelques éléments qui permettent de juger la place donnée à l’argent dans ce film, comme synonyme de pouvoir et domination.

« Miller nous propose un film sur l’homme dans son rapport à l’autre, sous la métaphore de la lutte« 

La lutte va alors prendre une valeur beaucoup profonde, puisque synonyme de victoire sur sois-même et sur les autres. On peut alors comparer la relation entre John et les frères Schultz (Marck dans un premier temps, et Dave dans le second), à la dialectique du maitre et de l’esclave (cf: Hegel Phénoménologie de l’esprit). Hegel entend par cette dialectique le rapport de force entre deux individus, dont l’issu du combat amène à la soumission de l’un au profit du vainqueur. L’esclave assouvira alors les désirs du maitre, tandis que le maitre se contentera de commander. Le maitre pensera s’accomplir et prendre conscience de lui même, puisqu’il exaucera ces désirs (en l’occurrence gagner des tournois de lutte pour John), mais il ne parviendra pas à obtenir la reconnaissance qu’il attend (frustration, paranoïa, solitude de John) car il ne considérera pas son esclave (Marck) comme égale à lui même. Hegel démontre ainsi la nécessité d’une égalité dans le rapport à autrui afin de prendre conscience de son être. Dans le cas, de FOXCATCHERMarck ne supporte pas la soumission malsaine que lui impose John (qui passe par la drogue, l’alcool, et une tension sexuelle). Il va alors se refermer sur lui même, et nier tout ce qui peut le ramener à ce qu’il était avant : un homme libre. Cette difficulté à s’accepter peut être illustrée par les scènes où Marck se regarde dans un miroir, à chaque fois il brise son image. John quant à lui va s’enfermer dans ce cercle vicieux en essayant de toujours renvoyer une image positive de lui dans l’espoir d’une reconnaissance de la part des lutteurs, de sa mère, de l’Amérique. Cela passe au début du film, par le discours qu’il demande à Marck de lire  devant 400 convives : « John a été un coach mais aussi un père, un modèle pour moi ». Puis lorsque son délire est plus aigu, part le documentaire à sa gloire qu’il commande. L’aboutissement de ce cercle est la prise de conscience de son échec et de sa solitude par John, lorsqu’il regarde seul la cassette de son documentaire. C’est après cette scène où il se regarde en face, comme si c’était en se regardant sa propre image (dans le documentaire) qu’il  peut prendre conscience de l’absurdité maladive de son ambition mégalomane, et prendra la décision fatale qui clôture le film. Ainsi c’est un film sur la liberté, la reconnaissance par autrui, le courage, comme seule véritable victoire à l’issue d’un combat. C’est un film sur l’homme dans son rapport à l’autre, sous la métaphore de la lutte avec pour fer de lance l’argent.

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© Mars Distribution

Cependant sous un angle plus technique et esthétique, le film n’est pas surprenant. Le montage est très linéaire, les combats sont souvent filmés dans des plans d’ensembles peu expressifs, même si cela permet de mieux visualiser le combat. Les points forts, sont l’utilisation de plan long qui permettent de laisser s’installer la tension. Et le leitmotiv du renard qui est omniprésent dans la décoration, sur laquelle Miller multiplie les plans. Le scénario est intéressant mais sans fantaisie puisqu’il reste « collé » à la réalité. Raconter une « histoire vraie » dans un film de fiction, pose toujours des problèmes éthiques de respect, et esthétiques de reconstitution. Les témoins de cette histoire semble être satisfait par le film (cf: Interview Marck Schultz). Les enjeux semble respectés puisque le film révèle les évènements tout en délicatesse sans donner une vision caricaturale et simpliste. Au contraire il expose de manière sous-jacente et progressive, l’ambivalence malsaine de la situation. L’appellation « histoire vrai » renforce la tension et la valeur du film, mais en contre partie, elle limite la part de création. En tant que cinéphile on peut donc être déçu par le manque d’innovation et de fantaisie de ce film qui est principalement porté par le scénario.

L’avis d’Adèle. 

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21 janvier 2015 Foxcatcher

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– CRITIQUE
CONTRE-CRITIQUE
– FOXCATCHER – nominations aux oscars

Titre original : Foxcatcher
Réalisation : Bennet Miller
Scénario : Dan Futterman, E. Max Frye
Acteurs principaux : Channing Tatum, Steve Carell, Mark Ruffalo
Pays d’origine : Etats-Unis
Sortie : 21 janvier 2015
Durée : 2h14min
sociétés de productions :Annapurna pictures; likely Story; Media Right
   Synopsis : L’histoire vraie des frères Schultz et du milliardaire John du Pont. 

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