PAULINA

[CRITIQUE] PAULINA

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Scénario
7.1
Dialogues et rhétorique
7.5
Mise en scène
6
Empathie
6.5
Atmosphère
7
Note des lecteurs2 Notes
5.9
6.8

Le titre original de PAULINA, second long métrage du réalisateur Santiago Mitre après El Estudiante en 2011, c’est La Patota, inspiré du film éponyme des années 60. La Patota en argot signifie la « bande de jeunes ». Dans cette version de 2015, la bande de jeunes garçons c’est celle que va rencontrer Paulina (très juste Dolorès Fonzi).  Le réalisateur a réussi le tour de force de construire le film sur des oppositions et rapports de force qui s’imbriquent à différents niveaux. Une différence de classe sociale tout d’abord puisque Paulina (très juste Dolorès Fonzi)  est issue d’un milieu social très privilégié de Buenos Aires. Ces jeunes garçons qui traînent en bande sont pauvres, et livrés à eux-mêmes. Sans références ni morale, ils trimballent leur colère et leur frustration dans ces terres aux confins du Paraguay et du Brésil.

Une différence d’éducation ensuite. Doctorante, Paulina a pourtant abandonné ses études d’avocate au grand dam de son père magistrat pour se consacrer à son engagement politique. Oscar Martinez, croisé dans Les nouveaux sauvages de Damián Szifron,  interprète le père très émouvant et dubitatif de Paulina. La relation qu’il a avec sa fille est bouleversante , mêlée de beaux moments de tendresse et de rhétorique. Les adolescents, eux, s’expriment à peine, par onomatopées. Ils sont plutôt brut de décoffrages, de vrais « sauvages », comme les décrit sa collègue institutrice. Leur absence de dialogue sera d’ailleurs à l’origine du drame.

Ad Vitam
Ad Vitam

Une rapport de maître à élèves puisque Paulina anime un atelier dans le cadre d’un programme des Droits de l’Homme, au cours duquel elle s’efforce de les intéresser à la politique de leur pays. Et puis un rapport de force entre cette belle jeune femme et ce groupe de garçons plutôt quelconques, banals.

Mais surtout PAULINA met en évidence la confrontation entre l’utopie presque inconsciente de la jeune femme à vouloir à tout prix tenter d’améliorer la vie et d’ouvrir l’esprit de ces jeunes appartenant à une classe sociale très pauvre et la mise en pratique dans la réalité. Mais hélas, la parole, la volonté de changer le monde et le regard, les convictions politiques et l’éducation ne suffisent pas toujours.

L’atmosphère dans laquelle Le réalisateur fait évoluer la jeune femme est suffisamment glauque pour mettre mal à l’aise le spectateur et lui faire pressentir le drame. Par de nombreux aspects et une montée en puissance assez intense, PAULINA rappelle DélivranceSantiago Mitre utilise un double procédé intéressant d’allers et retours sur l’histoire et de changements de points de vue: tantôt Paulina, tantôt son père, tantôt les agresseurs. Le spectateur comprend avant Paulina les déclencheurs de l’agression, suffisamment violente pour que le film soit interdit aux moins de 12 ans. Mais cette mise en scène a aussi l’inconvénient de casser quelque peu le rythme du film.

« PAULINA bouscule et questionne le spectateur à propos des choix post-traumatiques de l’héroïne et du sens donné à la conscience politique. »

La deuxième partie de PAULINA est de fait plus lente, se raccrochant au temps de la digestion par la Paulina de cet acte et de ses conséquences. Paulina va prendre conscience d’une autre possibilité qui s’offre à elle, et les choix qu’elle va faire sont pour le moins surprenants de la part d’une victime. Se raccrochant à la vie, en cohérence avec ses convictions humanistes, elle cherchera à connaitre la vérité, quand son père l’encouragera à chercher la justice. Jusqu’à l’agression, on éprouvait une grande empathie envers la jeune femme, mais ces choix, auxquels s’ajoute un regard par trop magnanime porté sur ses agresseurs, la remet en question. On a franchement été déstabilisé par ce positionnement original du réalisateur.

PAULINA est un film dont la tension maintient le spectateur en éveil jusqu’au bout. Tragédie moderne éminemment politique, le film a été auréolé du Prix de la Critique au Festival de Cannes de 2015 . Il a au moins le mérite de questionner le spectateur. Il le bouscule à propos des choix de Paulina, du sens donné à la conscience politique et de la cohérence de ses actes même après un drame.

Sylvie-Noëlle

 

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Affiche Paulina

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Titre original : La patota
Réalisation : Santiago Mitre
Scénario : Santiago Mitre, Mariano Llinás, d’après Daniel Tinayre et Eduardo Borrás
Acteurs principaux : Dolores Fonzi, Oscar Martinez, Esteban Lamothe
Pays d’origine : Argentine, Brésil, France
Sortie : 13 Avril 2016
Durée : 1h43min
Distributeur : Ad Vitam
Synopsis : Paulina, 28 ans, décide de renoncer à une brillante carrière d’avocate pour se consacrer à l’enseignement dans une région défavorisée d’Argentine. Confrontée à un environnement hostile, elle s’accroche pourtant à sa mission pédagogique, seule garante à ses yeux d’un réel engagement politique; quitte à y sacrifier son petit ami et la confiance de son père, un juge puissant de la région. Peu de temps après son arrivée, elle est violemment agressée par une bande de jeunes et découvre que certains d’entre eux sont ses élèves. En dépit de l’ampleur du traumatisme et de l’incompréhension de son entourage, Paulina va tâcher de rester fidèle à son idéal social.

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