MAÏWENN
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[INTERVIEW] MAÏWENN

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Nous avons rencontré la réalisatrice MAÏWENN à Bordeaux, à l’occasion de la présentation de son dernier film Mon Roi (sortie prévue le 21 octobre 2015 – Critique : ★★★☆). Reconnaissant qu’elle n’était sans doute pas la meilleure personne pour analyser son travail, elle s’est exprimée avec sincérité sur ses intentions à propos de cette passion étouffante et destructrice entre Tony/Emmanuelle Bercot et Georgio/Vincent Cassel et qui procède par de nombreux côtés d’une emprise psychologique déstructurante.

L’inspiration

Ce qui m’intéressait, c’était de parler de la passion amoureuse, de filmer l’état amoureux, de voir où se situe le bonheur. On est toujours trois dans une histoire d’amour, le couple tient la troisième place et je voulais évoquer la façon dont l’amour installe le couple dans la durée, surtout quand on n’a pas les mêmes centres d’intérêt, ou quand on vient d’un milieu différent.

Je crois aussi sincèrement que les gens ne changent pas et, c’est une des répliques de mon film, qu’on quitte les gens pour les mêmes raisons qu’on les a choisis. Georgio le dit d’ailleurs à Tony: « tu avais toutes les cartes en main, personne ne t’a forcé! »

Je voulais montrer aussi que le fait que Tony soit devenue maman après avoir attendu aussi longtemps pour fonder une famille, renforce l’envie de se battre pour cet homme justement. Il y a chez les femmes un instinct maternel qui nous fait oublier à tort notre part personnelle. Mon obsession, c’était que ça fasse vrai, qu’on voit le temps qui passe par des ombres, d’autres coiffures, qu’on sente les personnages usés par leur amour.

Je n’avais pas spécialement envie de réaliser un film sur l’emprise ou les pervers narcissiques, chacun y verra ce qu’il veut. Je n’ai pas réalisé d’enquêtes, ni rencontré de personnes concernées, mais je me suis inspirée de deux livres « Le plaisir de souffrir » de Alain de Botton et « Plein de vies » de John Fante. Si le film avait continué, Georgio aurait très bien pu dire à Tony qu’elle aussi était un pervers narcissique.

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Les personnages

Je défends mon personnage de Georgio que j’ai essayé de filmer sans jugement.Je l’ai installé d’emblée comme un séducteur mais il n’est pas complètement noir, ni irrespectueux. Il réveille d’ailleurs quelque chose chez les spectatrices : souvent de l’amour, d’ailleurs, parce les femmes aiment les voyous, sont attirées par le danger, il n’y a pas d’ennui avec ce type d’hommes.

Je raconte l’histoire d’une femme qui ne comprend pas pourquoi elle est dans les bras de cet homme. J’ai voulu découvrir les failles de Georgio par le regard de Tony. Je voulais qu’elle soit très différente du type de femmes avec qui était Georgio auparavant, et je l’ai voulu avocate. D’abord parce que je suis fascinée par ce métier, et le fait que les avocats reconnaissent aimer, non pas la justice mais le fait de défendre, je vais parfois à des concours d’éloquence. Et puis je trouvais intéressant de montrer quelqu’un d’aussi logique se laisser prendre à son propre piège.

« Je défends mon personnage de Georgio que j’ai essayé de filmer sans jugement. »

Le travail avec son co-scénariste Etienne Comar

Je lui ai amené une première version et il m’a surtout aidée à faire les allers-retours entre le fil de l’histoire et le Centre de rééducation, à couper, à structurer aux bon endroits et parfois à censurer…mais pendant le tournage on s’est rendu compte qu’on était allés trop loin dans la censure et j’ai finalement tourné les scènes coupées dans le scénario.

J’avais même pensé au titre « Rien ne sert de courir » mais je n’avais pas eu le même coup de foudre que lorsque j’avais trouvé Polisse;  « Mon Roi » est venu en écoutant la chanson de Elie Medeiros « Toi mon toi »

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Le choix des acteurs

C’était une évidence d’écrire le personnage de Tony pour Emmanuelle Bercot depuis la fin de Polisse (NB: co-scénariste). Elle était d’ailleurs très angoissée et me disait que j’aurais dû choisir une fille plus jeune, plus jolie: j’ai trouvé ses réserves charmantes au début, puis ça m’a gonflé et je lui ai dit que c’était mon film et ma vision, et qu’il fallait me laisser faire!

Même Vincent Cassel ne comprenait pas qu’un type aussi séducteur puisse s’amouracher d’une fille comme elle, et qu’elle n’était pas Marylin Monroe ! Et puis ils se sont rencontrés et ça a tout de suite fonctionné. Il avait même une sorte d’emprise sur elle!

J’avais envie d’expérimenter des changements, et ne pas faire partie de la distribution en était un: je n’aurais pas pu jouer ce rôle de victime, cette petite chose qui se laisse bouffer peu à peu et en même temps diriger le film!

J’ai pensé à Vincent pendant que j’écrivais le personnage de Georgio, j’avais envie de montrer sa part d’humour, on ne le voit jamais comme un mari ou comme un papa dans ses rôles, il est souvent masqué, et même grimé. Je le trouve même très proche de son personnage, et je crois que le film tombait au bon moment dans sa vie, on parlait beaucoup de nos vies pendant le film.

Je voulais absolument travailler avec Louis Garrel/Solal ; pour moi, il est un contre Georgio, même s’il n’empêche pas Tony de le voir;  j’ai aimé l’idée du couple stable qui’l forme avec Babette/Isild Le Besco : Tony et Georgio ont l’argent, la vie assise, un métier et ils ont toutes les chances de réussir en tant que couple mais celui de Solal -qui n’a pas de vraie situation- et de Babette fonctionne parce qu’ils partagent justement les mêmes centres d’intérêt: c’est eux le vrai couple du film !

L’humour

Mes personnages rient beaucoup, même dans les moments dramatiques, mais c’est mon caractère qui veut ça: je tiens ça de mon grand-père qui riait et faisait rire à tout moment. La légèreté est quelque chose qui m’intéresse, surtout quand on ne vient pas du même milieu social ou culturel (NB : cas des rencontres que fait Tony au Centre de rééducation).

Cannes

Je n’étais pas à Cannes comme une petite fille dans un conte de fée, car je l’avais déjà vécu avec Polisse. J’ai plus senti qu’on m’attendait avec des kalachnikov chargés, surtout de la part de certains journalistes français qui avaient été jusque là plutôt bienveillants à mon égard. Pourtant, j’ai  l’impression d’avoir vraiment progressé depuis Polisse et d’avoir réalisé pour la première fois un film de cinéma. Ce qui m’a consolée, c’est de voir que le film était déjà vendu dans le monde entier avant le Palmarès (NB: Emmanuelle Bercot a remporté le Prix d’Interprétation féminine). C’est déjà tellement inouï d’être à Cannes et d’être choisie parmi 2000 films et de pouvoir défendre un film qu’on adore le Palmarès, c’est la petite cerise sur le gâteau!

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MAIWENN: l’interview sincère
+ CANNES 2015: les autres films de la sélection officielle

Titre original : MON ROI
Réalisation : Maïwenn
Scénario : Etienne Comar, Maïwenn
Acteurs principaux : Vincent Cassel, Emmanuelle Bercot, Louis Garrel, Isild le Besco
Pays d’origine : France
Sortie : 21 octobre 2015
Durée : 2h10
Distributeur : StudioCanal
Synopsis : Tony est admise dans un centre de rééducation après une grave chute de ski. Dépendante du personnel médical et des antidouleurs, elle prend le temps de se remémorer l’histoire tumultueuse qu’elle a vécue avec Georgio. Pourquoi se sont-ils aimés ? Qui est réellement l’homme qu’elle a adoré? Comment  a-t-elle pu se soumettre à cette passion étouffante et destructrice ? Pour Tony c’est une difficile reconstruction qui commence désormais, un travail corporel qui lui permettra peut-être de définitivement se libérer…

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