photo de Christa Theret dans le film LA FILLE DU PATRON
© Wild Bunch Distribution

[INTERVIEW] Christa Theret

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Pour son premier-long métrange, LA FILLE DU PATRON, Olivier Loustau dévoile un regard singulier sur le monde ouvrier. Entre film social et histoire d’amour, et dans lequel il tient également le premier rôle. A ses côtés, Christa Theret, révélée en 2009 avec la comédie populaire LOL, y interprète Alix, chargée d’étudier les conditions de travail des ouvriers dans l’usine de son père. Elle entame avec Vital (Olivier Lousteau), l’un des ouvriers, une relation amoureuse qui confronte ainsi leurs deux mondes. A l’occasion de la sortie du film, nous avons eu le plaisir de rencontrer l’actrice. Pour nous elle se dévoile, revient sur son parcours avec une certaine maturité, ainsi que sur son personnage dans lequel elle se retrouve parfois.

À lire également, notre critique du film LA FILLE DU PATRON.

 

Tu as commencé le cinéma assez jeune et tu as a décidé de ne pas aller jusqu’au bout du lycée, de ne pas passer ton Bac, pour te consacrer au cinéma. C’était un peu osé non ?

Christa Theret : Oui à cet âge il y a forcément un peu d’insouciance. En fait le cinéma s’est fait un peu par hasard. On m’a repéré et je n’ai pas tellement réfléchi. C’était une opportunité qui fait rêver. Et quand on l’a, on la prend.

 

Du coup tu as eu ton premier succès avec LOL. Est-ce que ça a changé quelque chose ce « succès » ? Professionnellement comme dans ta vie personnelle ?

– C.T : Dans ma vie personnelle pas vraiment. J’essaie de ne pas être actrice dans ma vie. Oui il y a eu du succès mais si on veut rester simple on y arrive. Après professionnellement forcément ça aide.

 

Dernièrement tu étais dans un gros succès, pour un second rôle dans Marguerite. Avec LA FILLE DU PATRON, tu retrouves quelque chose de plus resserré, de plus intimiste comme pouvait l’être Renoir. Y-a-t-il un cinéma vers lequel tu tends davantage ?

– C.T : Je pense que je suis quand même plutôt attirée par un cinéma disons d’auteur, où on peut avoir une profondeur dans le scénario, avec plusieurs lectures possibles. Cela passe aussi par l’image, le traitement du cadre et de la caméra. C’est quelque chose qui m’intéresse beaucoup l’image parce que j’ai envie de réaliser un court-métrage que j’ai écrite.

Photo du film LA FILLE DU PATRON
© Wild Bunch Distribution

Dans LA FILLE DU PATRON Olivier Loustau a donc une double casquette ; réalisateur et comédien. C’était compliqué pour tes repères ?

– C.T : Oui c’est toujours un peu difficile. Lorsqu’on joue, il n’y a pas forcément la distance nécessaire pour comprendre le ton. Avec lui à côté, on se dirigeait forcément un peu tout seul. Du coup on enchaînait les prises avant qu’il aille regarder le combo et qu’on fasse des ajustements.

 

Y avait-il une différence entre le Olivier Lousteau réalisateur et l’acteur ?

– C.T : Bon ce n’était pas Dr Jekyll et Mr Hyde, avec une transformation vraiment notable, mais oui forcément quand il était derrière la caméra, il était plus disponible pour la direction. Et quand on jouait ensemble on devait trouver quelque chose à deux, ce qui était intéressant.

 

D’autant qu’il est d’abord acteur et qu’il a beaucoup tourné. Tu l’as ressenti dans sa manière de diriger ?

– C.T : Oui, en effet il a beaucoup tourné, avec Kechiche notamment. Et il avait une manière d’enchaîner les prises, un peu comme Kechiche, en laissant une part à l’improvisation. C’est bien je trouve. J’aime beaucoup quand le réalisateur laisse tourner la caméra. Cela permet d’être en immersion dans la prise. On oublie même un peu la caméra à force, et ça favorise le naturel.

 

Ton personnage d’Alix, qui entame une relation avec Vital, est intéressant car il n’est jamais montré négativement. Elle n’est pas la cause des problèmes de couple de Vital par exemple.

– C.T : En fait, il y a une lassitude dans le couple de Vital et Mado (sa femme). C’est présent avant l’arrivée d’Alix qui est peut-être juste le moyen de s’ouvrir à autre chose pour Vital. Du coup c’est un personnage assez fort. Ce n’est pas le personnage de la maîtresse. C’est un détail qui vient de notre évolution avec le temps. Avant, elle aurait été la manipulatrice, la petite jeune sexy qui vient pervertir l’homme. On a évolué là-dessus, heureusement ! Du coup on se retrouve surtout avec la rencontre de deux êtres. Ce n’est pas vu sous le prisme du mal, ni le prisme masculin.

 

« Alix est sérieuse. En vrai, je suis un peu plus trash. »

 

Tu as des points communs avec Alix ?

– C.T : Sur certains points oui. J’aime beaucoup Alix. Je m’y suis retrouvée dans sa simplicité. C’est quelqu’un d’assez humain et de généreux. Elle vient dans l’usine pour aider les ouvriers en leur facilitant leur travail. Après, moi je ne viens pas d’une famille bourgeoise. Elle a quelque chose d’un peu plus strict et sérieux que moi. Donc il fallait que je travaille ce côté. Que je sois droite alors qu’en vrai je suis un peu plus trash.

 

Il se dégage du film quelque chose de très vrai, une certaine simplicité. Le summum est peut-être dans cette scène où tu manges des pâtes avec Vital, juste après avoir fait l’amour, tous les deux encore nus.

– C.T : Cette scène c’était de l’improvisation justement. En fait dans le texte il devait me parler de ma mère et je lui expliquais qu’elle était morte. Mais c’était un peu trop pathos. Du coup ils ont coupé la scène écrite pour garder les passages improvisés. Par contre, ça ne veut pas dire que ça s’est fait rapidement. On a enchaîné pas mal de prises. Et c’est ce que je disais, en laissant tourner la caméra on finit par l’oublier.

 

C’est là qu’on ressent vraiment la complicité entre toi et Olivier Loustau. Tu peux nous en parler ?

– C.T : Dans le cinéma il y a des rencontres humaines. Il y a des gens qu’on apprécie plus ou moins. Et en tant que comédien on doit parfois forcer un peu ça. Parce que jouer avec quelqu’un avec qui on ne s’entend pas, c’est dur. Donc il faut être un peu hypocrite parfois. Mais avec Olivier ça ne l’était pas, on s’est vraiment bien entendu. Et je pense que c’est cette relation naturelle qui sert les rôles.

 

Votre relation est particulière puisque c’est la rencontre de deux classes. Mais il y a également une différence d’âge importante. Tu y pensais à cette différence ?

– C.T : A la lecture du scénario oui, mais pendant le tournage non. En fait, Olivier, comme son personnage, a un côté très jeune dans sa tête. Tandis que moi et ce personnage d’Alix, on est assez mature. Et avec la complicité qu’on avait ensemble ça ne m’a pas trop gênée. Bon bien sûr les scènes d’amour étaient gênantes, mais comme n’importe quelle scène d’amour au cinéma. Qu’on ait le même âge ou pas, c’est jamais évident.

 

Finalement, LA FILLE DU PATRON c’est pour toi davantage une histoire d’amour ou un film social autour du monde ouvrier et de leur quotidien ?

– C.T : Un peu des deux je pense. C’est une histoire d’amour dans un genre social. On ne peut pas le mettre dans une case. D’ailleurs il ne s’y met pas lui-même.

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