Cinq jeunes marginaux qui n’ont rien en commun se retrouvent en même temps à devoir remplir des travaux d’intérêts généraux. Un jour, ils essuient un puissant et étrange orage et, au sortir, se retrouvent tous affublés de supers pouvoirs…
Note de l’Auteur
[rating:8/10]
• Saisons : 2
• Nombre d’épisodes : 13
• Format : 45 minutes
• Création : Howard Overman
• Avec : Robert Sheehan, Iwan Rheon, Lauren Socha, Nathan Stewart-Jarrett, Antonia Thomas
• Bande-Annonce :
Misfits, c’est avant tout une série anglaise. Croyez-moi la patte d’outre-Manche se devine dans chaque scène de la série. De part son irrévérence, sa désinvolture et son authenticité on loue les Anglais d’être tombés aussi juste.
Nous suivons l’histoire de ces cinq jeunes anglais vivant en banlieue de Londres (la ville fictive de Wertham). Nous faisons connaissance des protagonistes lorsqu’eux-mêmes se rencontrent. Ce sera au community service. Les 5 fantastiques ont été condamnés à des heures de travaux d’intérêts généraux.
La série traite surtout du mal-être mi-agressif mi-larvaire des post-adolescents d’aujourd’hui. Le terrain de jeu est donc formidablement bien trouvé, les personnages déambulent dans un espace déconnecté du reste de la société. Seules, au loin, quelques lumières de bureau allumées signalent la vie lointaine active de la société qui marche. Kelly (Lauren Socha), Curtis (Nathan Stewart-Jarrett), Alisha (Antonia Thomas), Simon (Iwan Rheon) et Nathan (Robert Sheehan) se retrouvent emprisonnés dans la capitale du désœuvrement, du travail obligatoire inutile.
Certes certains grands classiques des superpouvoirs reviennent. Notamment, le pouvoir présenté comme révélateur du trouble de l’individu; l’introverti peut devenir invisible, la bimbo peut rendre les gens fous d’elle et ainsi de suite. Le plus intéressant dans cette série est précisément que les pouvoirs sont secondaires. Ici, il ne faut pas s’attendre à de grands effets spéciaux et des mouvements de caméras hollywoodiens.
Le sujet central, le malaise adolescent, est nettement plus intéressant et est traité avec finesse. Les superpouvoirs deviennent un outil de compréhension. Les personnages découvrent leur pouvoir comme nous appréhendons, adolescents, notre sexualité, avec honte et excitation. Les personnages découvrent leur pouvoir spécifique en cachette. Ils éprouvent un mélange de honte et d’excitation. Dans un premier temps, ils cachent leur nouvelle capacité, persuadés d’être seul à avoir été touché. Bien vite, ils partagent leur secret et nourrissent leur relation de cette spécificité commune. Nous retrouvons bien les grands troubles du moment adolescent, la découverte de soi, la peur d’être différent et le rejet du monde de l’adulte. Oui, l’adulte, le surveillant du community service, est lui-aussi changé par l’orage et pris de pulsions meurtrières. En plein fantasme juvénile, nos cinq compères se lient pour combattre le monde de la responsabilisation sous contrainte.
L’humour sans retenue est ce qu’il y a de plus jouissif, servi par des dialogues justes et vulgairement vrais. Oubliez Plus belle la vie, l’authenticité est partout. Le nombre d’épisodes par saison est réduit (6 pour la première, 7 pour la deuxième). La série ne se répand pas en longueurs inutiles, elle traite son sujet tout en faisant avancer son intrigue vivement.
La mise en scène est elle aussi particulière. La série se déroule quasi exclusivement sur le terrain du community service. Tout y est gris, sans saveurs. Les personnages sont esseulés.
Une mention spéciale doit être faite au jeu de deux acteurs, Lauren Socha et Robert Sheehan. La première submerge d’abord par son accent du nord de l’Angleterre. Vous aimez les « Fock Ya » … vous serez servis. Elle propose derrière un personnage tout en angles, une vraie finesse de jeu. Et Robert Sheehan, bouffe toute la place. Un personnage aussi attachant qu’énervant. Il sert une prestation incroyable. Son seul jeu justifie que vous regardiez.
En conclusion, nous vous conseillons vivement cette série. Vous voulez du réel, voici peut-être le nouveau politiquement incorrect.