Vinyl
© HBO

[CRITIQUE SÉRIE] VINYL

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Mise en scène
9
Photographie / Bande son / Montage
9
Scénario
7
Casting / Direction d'acteurs
8
Fun
8.5
Implication / Intérêt
7.5
Note des lecteurs0 Note
0
8.2

Richie Finestra, directeur du label de musique American Century, doit réussir à conclure un accord avec la major PolyGram pour le sauver de la ruine. En même temps, ses choix passés semblent avoir pour conséquence de l’empêcher de réussir. Tel un édifice vétuste, sa vie menace de s’écrouler. 

VINYL est d’abord une claque visuelle, peut-être l’œuvre plastique de Martin Scorsese la plus aboutie en termes purement formels. Chaque plan est un tableau en mouvement qui réconcilie toutes les générations avec l’esthétique des années 70.
Style visuel que beaucoup à sa place aurait caricaturé en un simili-kitch navrant. La scène d’ouverture dans la boîte clandestine est digne d’une œuvre de Jérôme Bosch… avec une caméra à la place des pinceaux, et sous acide !

Les différents styles musicaux s’incarnent dans des créatures étranges et trans-genres qui apparaissent au héros comme les gardiens de l’Enfer dans lequel il entame sa lente descente. Accompagnée d’une bande-sonore parfaite (des tubes mais aussi des morceaux plus rares), l’expérience de visionnage de VINYL commence comme un trip.

Scorsese et Mike Jagger ont réussi à reconstituer la faune incroyablement riche de la scène musicale, sans tomber dans les clichés attendus. Le niveau de détail des décors, costumes, coiffures et instruments est hallucinant. L’œuvre a d’emblée une portée immersive qui invite à la contemplation.

 

Photo de la série VINYL
© HBO

Pourtant Scorsese fonce à 200km/h dans une histoire pleine de rebondissements, mais aussi très inégale. Tout dans l’histoire de VINYL transpire l’excès. Au-delà des impératifs propres à l’imaginaire de ce milieu (drogue et sexe), on sent Scorsese obliger de rajouter ses gimmicks thématiques (italianité proche de la négritude, communautarisme exacerbé, ubris d’un héros qui ne peut pas se contenter du cocon familial, etc.) encouragé par Terence Winter, venu avec ses propres « trucs » de scénariste déjà exploités jusqu’à la corde dans le Loup de Wall Street.

Très clairement, on se dit au bout de la deuxième heure qu’on est en train de nous enfumer avec un ou deux sous-intrigues de trop, totalement déconnectées du thème principal de cet épisode. Si l’histoire de l’assistante artistique qui cherche à percer en dénichant LE groupe de demain passe encore, tous les éléments relatifs à un meurtre (ce n’est pas un spoil, l’idée est implantée dès les premiers plans) semblent totalement grotesques et mal-venus. Comme si Scorsese n’avait pas pu s’empêcher de placer les Affranchis dans un univers qui marche très bien sans eux.
La répétition de l’excès finit par ennuyer, ça manque de contraste avec la vie trépidante de ces stars. Toutes ces péripéties inutiles seraient distrayantes si elles ne nous éloignaient pas de la mine d’or qu’est Richie Finestra (incarné par Bobby Cannavale).

« La scène d’ouverture de VINYL dans la boîte clandestine est digne d’une œuvre de Jérôme Bosch… sous acide ! »

Si à la base même du projet, la nostalgie est palpable chez ses créateurs, le poids du passé est bien le thème centrale de ce pilote (et on l’espère de la série). Dans la constellation d’orgies et de beuveries, seule la femme de Richie Finestra nous permet d’avoir un repère avec la vie « normale. » Olivia Wilde réussit à nous rendre palpable ce que Richie peut perdre. La scène la plus intense est paradoxalement la plus épurée en terme de rythme et d’ambition esthétique : réunissant Bobby Cannavale et Olivia Wilde dans une confrontation autour d’une simple bouteille de whisky, Scorsese réussit le tour de force d’amener le personnage et le spectateur à prendre conscience d’une ligne de force de la série. Juste avant cette scène, il y a un plan apparemment anodin, qui pourtant résume à merveille tout le propos. Bobby Cannavale se souvient d’un choix immoral qu’il a du faire par le passé (qui nous est montré sous forme de flashback) et il se retourne comme si la menace se trouvait derrière lui. Cet homme pourchassé par son passé, c’est ce qui fait toute la saveur de VINYL.

Image tirée de la série Vinyl
© HBO

Si on peut être rebuté dans un premier temps par les allers-retours permanents entre passé et présent, le montage fait totalement sens une fois qu’on a compris de quoi parlait vraiment VINYL. L’intelligence du projet réside aussi dans le fait que la focale est mise sur une période de crise pour l’industrie du disque, ce qui crée un parallèle direct avec notre époque. Les personnages de VINYL cherchent donc dans leur passé un âge d’Or du rock, alors que nous aurions la même tentation à propos des années 70. Même l’enchaînement des morceaux de la bande-son est parfaitement adapté à ce cocktail de destruction et de nostalgie.

Sur deux heures, le propos est en partie édulcoré par des sous-intrigues moins stimulantes et les gimmicks visuels et thématiques de Scorsese en partie éculés. Le véritable trip dans VINYL se loge donc dans des interstices qu’il faut patiemment attendre entre deux scènes plus convenues (comprenez ce que HBO pense qu’on attend de ses séries : du cul et du sang). La série aurait vraiment tout à gagner à se concentrer sur l’essentiel : un personnage riche et un univers du disque déjà hyper-cinématographique comme le démontre la séquence d’ouverture dans la boîte clandestine. Si cet épisode de VINYL avait été un long métrage d’1h30, cela aurait été LE chef-d’œuvre de Martin Scorsese car il aurait pu aller droit au butIl y a encore trop du Loup de Wall Street dans ce pilote de VINYL pour en faire un film totalement abouti. VINYL, c’est de la très très bonne came, mais on a quand même frôlé l’overdose avec ce pilote. Papy Martin Scorsese est au top de sa forme pour un projet qui gagnerait à se recentrer sur l’industrie musicale.

Thomas Coispel

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vinyl ocs[/column]

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Titre original : Vinyl
Réalisation : Martin Scorsese
Scénario : Terence Winter
Acteurs principaux : Bobby Cannavale, Olivia Wilde, Ray Romano
Pays d’origine : USA
Sortie : 14/02/16
Durée : 59mn
Distributeur : HBO / OCS : dès le 15 février sur OCS City US+24 à 20:55
Synopsis : Le richissime directeur de la maison de disque American Century se retourne sur son passé et ses choix douteux, alors que sa compagnie est au plus mal. 

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Rédacteur depuis le 20.06.2015
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