JAMAIS ENTRE AMIS

JAMAIS ENTRE AMIS, Bachelorette en mieux – Critique

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Après Bachelorette (2012) la réalisatrice Leslye Headland revient avec JAMAIS ENTRE AMIS, une comédie romantique centrée sur deux personnages inaptes aux relations.

L’un enchaîne les conquêtes et sabote lui-même ses liaisons qui pourraient devenir sérieuses et à la longue lui briser le cœur. L’autre, incapable de se remettre de sa relation avec son ancien petit ami qui exerçait sur elle un contrôle maladif, est une infidèle chronique. Sujet original pour une comédie romantique. Mais à la différence du récent Un peu beaucoup aveuglément (2015), de Clovis Cornillac, qui respectait les codes scénaristiques de la comédie romantique mais innovait par son esprit déluré et burlesque, JAMAIS ENTRE AMIS trouve son intérêt dans le non conventionnalisme de ces codes – mis à part une conclusion malheureusement trop classique, à l’instar de Girls Only (2014), de Lynn Shelton. JAMAIS ENTRE AMIS se place ainsi dans la lignée de Bachelorette, en mieux, et des comédies de Judd Apatow qui utilisent le genre comique pour dépeindre les zones sombres des relations humaines – des parents en crise pour Apatow dans le très bon 40 ans mode d’emploi (2012), des amies trentenaires encore au stade adolescent pour Headland dans le moins intéressant Bachelorette.

Jake (Jason Sudeikis) et Lainey (Alison Brie) ont perdu ensemble leur virginité sur un coup de tête à l’université. Quand ils se recroisent 12 ans plus tard à New York, ils réalisent tous les deux qu’ils sont devenus des champions de l’infidélité. Prêts à tout pour trouver des solutions à leur problème, ils s’engagent dans une relation platonique sans tabous afin de s’entraider dans leur quête du véritable amour.

JAMAIS ENTRE AMIS garde le ton comique et politiquement incorrect de Bachelorette et de la vague du cinéma américain initié par Judd Apatow. Un style dans lequel les acteurs paraissent souvent en roue libre. On se souvient de Paul Rudd et de ses conversations à rallonges et proches de l’improvisation avec Leslie Mann dans 40 ans mode d’emploi. Ici, ce rôle est tenu par Jason Sudekis (Jake), habitué des comédies pas très fines comme Bon à tirer (2011), Comment tuer son boss ? (2011 et 2014) ou encore Les Miller, une famille en herbe (2013). Il incarne là une sorte de Woody Allen moderne qui au lieu d’agacer son entourage (et le spectateur) parvient à le charmer. S’il est l’atout comique majeur du film, de son côté Lainey, interprété par Alison Brie (les séries Community, Mad Men), en jeune fille vulnérable et fortement atteinte, se charge de la part dramatique. Une répartition des rôles peu originale, voire archaïque. Une nouvelle fois l’homme se place en « sauveur » d’une femme affaiblie. Une situation d’autant plus étonnante et regrettable pour une réalisatrice comme Leslye Headland, dont on connaît la capacité à casser ce genre de codes – faisant avec Bachelorette un film de potes avec des filles. Nous voilà même bien (trop) surpris lorsque Jake se charge d’apprendre à Lainey à se masturber « correctement ». Il est certes drôle de voir les deux acteurs frotter de manière studieuse un bocal vide pour se mettre dans le contexte. Cela étant, cette situation d’un homme connaissant mieux le corps de la femme qu’elle-même s’avère d’un machisme assez limite.

Dans la lignée de Bachelorette (en mieux) et des comédies de Judd Apatow.

Passé ce genre de séquence où il est préférable de ne pas trop réfléchir, JAMAIS ENTRE AMIS se révèle être un bon moment. Le film parvient à faire le travail nécessaire pour divertir sans pour autant révolutionner le genre, notamment en terme de mise en scène. Le principal point fort vient alors des dialogues excellents que les deux acteurs principaux s’accaparent à merveille. Tels Billy Cristal et Meg Ryan dans Quand Harry rencontre Sally (Rob Reiner, 1989) dont l’influence semble ici indéniable, Jason Sudekis et Alison Brie se rendent coups pour coups comme une partie de ping-pong et font preuve d’une vraie complicité dans leurs scènes à deux. En effet Jake et Lainey se verront régulièrement comme deux amis. Le reste du temps, l’un et l’autre évolueront de manière indépendante. Jake, désireux de charmer sa chef (interprétée par Amanda Peet, géniale dans la série Togetherness), avec qui il voudra enfin construire un semblant de relation et ne plus rester apathique – dans ses relations comme dans sa vie. Lainey, prête à se lancer dans une aventure en dépit de l’emprise toujours très forte de son ex Matthew (Adam Scott, froid, puant et parfaitement détestable). Les différents seconds rôles qui les accompagnent donnent ainsi une plus grande profondeur au film.

Leslye Headland met donc en scène une de ces fameuses amitiés impossibles entre un homme et une femme. Seulement contrairement à ce que pensent les deux protagonistes, attirance et sentiments se dissocient. Leur rapprochement rapide mènera ainsi à une amitié prenant la forme d’un couple. C’est allongés l’un en face de l’autre que Jake et Lainey se rendront compte de leur amour réciproque. Révélation qu’on pourrait penser pleine de bons sentiments, elle en sera au contraire tragique. Un des rares choix de réalisation intéressant de Leslye Headland. On regrette tout de même un final un peu trop long et sans surprises. Le film pouvant faire preuve de davantage d’originalité et de part dramatique en s’arrêtant une dizaine de minutes plus tôt.

Pierre Siclier

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