Les Bonzini tiennent le restaurant ‘la Pataterie’ dans une zone commerciale. Leur fils ainé, Not, est le plus vieux punk à chien d’Europe. Son frère, Jean Pierre, est vendeur dans un magasin de literie. Quand Jean Pierre est licencié, les 2 frères se retrouvent. Le Grand Soir, c’est l’histoire d’une famille qui décide de faire la révolution… à sa manière.
Note de l’Auteur
[rating:7/10]
• Date de sortie : 6 juin 2012
• Réalisé par Benoît Delépine, Gustave Kervern
• Film Français
• Avec Benoît Poelvoorde, Albert Dupontel, Brigitte Fontaine
• Durée : 1h32min
• Bande-Annonce :
Pour leur cinquième film, les duettistes grolandais Benoît Delépine et Gustave Kervern donnent la vedette à deux acteurs qui, bien qu’ayant déjà fait des apparitions dans plusieurs films des deux compères, n’avaient encore jamais tourné ensemble : Benoît Poelvoorde et Albert Dupontel. Le premier incarne « le plus vieux punk à chien d’Europe », rôle de marginal qui recoiffe sa crête à la bière et ne se sépare jamais de son « berger punk » qui lui va comme un gant. Le deuxième incarne son frère et son parfait opposé : commercial chez un vendeur de matelas et adepte des normes dont la vie va basculer, Dupontel est dans son rôle habituel de bombe à retardement (revoyez Le convoyeur ou Irréversible si vous avez un doute).
Autour d’eux, une belle brochette de « gueules », connues ou moins, de la barrée Brigitte Fontaine, pour son premier rôle au cinéma, barré comme il se doit, à Miss Ming, la poétesse à l’air absent déjà vue dans Mammuth. En passant par l’incontournable Gérard Depardieu, peut-être le dernier des punks dans la vraie vie, qui régale encore ici en lisant l’avenir… dans l’eau de vie.
Tout peut arriver, avec deux comédiens à l’abattage exceptionnel qui prennent la route dans l’unique but de ne pas avoir de but et font toutes les conneries qui leur passent par la tête, dans la lignée des Valseuses ou Notre Jour Viendra.
Le seul reproche qui peut être fait au film est d’être exactement celui auquel vous vous attendiez. Mais dans la mesure où vous attendiez à un film où tout peut arriver, avec deux comédiens à l’abattage exceptionnel qui prennent la route dans l’unique but de ne pas avoir de but et font toutes les conneries qui leur passent par la tête, bien dans la lignée des Valseuses ou Notre jour viendra, je ne vois pas où est le problème.
On reconnait tout de suite le style des réalisateurs grolandais, fait de longs plans fixes, dans le style de leur idole Aki Kaurismaki auquel ils rendaient hommage dans Aaltra, démentant au passage l’adage « C’est pas Finlande, c’est Groland ». Les cadrages, découpage et la photo sont toujours autant anticonventionnels : dans une scène avec un homme qui veut se pendre, l’image est tellement sombre qu’on ne découvre pas la corde autour de son coup tout de suite. Kassovitz et Dupontel, deux réalisateurs ayant tourné sous leurs ordres, se disent d’ailleurs effarés par leur refus de tourner des plans de coupe « de sécurité » ou juste plus explicatifs. Leur côté punk, sans doute. Si on y ajoute des dialogues qui font souvent mouche (« toi qu’es du coin, tu sais où y a le rayon bières & croquettes ? »), on ressort ravi de constater que le punk est « not dead ».