Nous savons qu’il s’agit là, du dernier Ghibli. Lorsque le gros Totoro, emblème du studio apparaît à l’écran avant le début du film, l’émotion est indéniable. Nous réalisons que nous ne découvrirons plus de chefs-d’oeuvre portant cette marque singulière, après celui-ci…
Donc une certaine pression pèse sur les épaules de SOUVENIRS DE MARNIE.
Les maîtres Miyazaki et Takahata viennent de délivrer leurs masterpieces Le Vent Se Lève et Le Conte de la Princesse Kaguya, Films-somme des obsessions de leurs auteurs, mais également, renouveaux finals inattendus. Hiromasa Yonebayashi ne prétend simplement pas à cette maturité ! Il faut donc tenter de considérer ce SOUVENIRS DE MARNIE sans trop le comparer aux chefs d’œuvres de ses maîtres. Difficile… Nous ferons deux petits rapprochements, pas plus. Promis.
SOUVENIRS DE MARNIE se rapproche de l’esprit Takahata :
Si le film est ainsi très beau, ce n’est pas une histoire de technique, mais de soin du détail. SOUVENIRS DE MARNIE lorgne ainsi vers le naturalisme anti-sensationnel du magnifique/touchant/parfait Omoide Poroporo.
Ce parti-pris impose donc un non-rythme dont seule l’empathie envers l’héroïne Anna Sadaki peut en éviter l’assimilation à de l’ennui. Or, Il peut être très pénible d’embrasser ces travers propres à l’adolescence, de dépréciation de soi, de haine et de peur de l’autre, ou cet égoïsme typique de l’inexpérience. Chihiro, héroïne souffrant au début de son Voyage, des mêmes maux, se voyait asséner dès les premières minutes une leçon d’humilité face à l’immensité culturelle métaphoriquement représentée sous ses(nos) yeux éberlués .
Ici, la solution du mal-être d’Anna ne peut venir que d’elle même, d’un cheminement intérieur… Ce « passage à l’age adulte » sera non-pas causé par des évènements spectaculaires, mais par introspection… Et cet apprentissage par la psychologie se matérialisera sous la forme de Marnie. Ce personnage – très surprenant – arrive à point nommé pour relancer l’intérêt du film. Par son physique, qui détonne complètement avec cette peinture du Japon contemporain, puis par son esprit, libre, fou, fragile. Une classique opposition blanc/noir qui n’est heureusement pas synonyme de manichéisme… Mais plutôt de complémentarité. On a, simplement eu l’impression que les auteurs ne savaient pas toujours comment représenter cette singularité si « occidentale »… Ce qui donne quelques instants gênants comme une scène de barque ou une autre de valse, très « Titanic« .
« Film accessible mais subtilement complexe, qui pêche par son rythme ou manque d’empathie. Une conclusion en demi-teinte pour Ghibli. »
Aucune simplicité ne vient guider le spectateur quant à ce personnage. Mieux, le récit se fait multi-pistes sans jamais ni en approfondir ni en délaisser aucune. Marnie est-elle un rève ? un désir ? Un fantôme ? schizophrénie ? On peut par moments, se demander si le réalisateur Hiromasa Yonebayashi sait ou il emmène son film… Pourtant, et c’est important de le savoir, SOUVENIRS DE MARNIE à un but. Une histoire explorant de nombreuses voies plus ou moins attendues – mais saura recentrer son récit vers une émotion insoupçonnée.
Ce point de vue, cette sensibilité est unique et réellement singulière dans l’univers Ghibli. Une énorme force.
Niveau mise-en-scène, rien à dire. Le film est joli sans être exceptionnel, propre mais détaillé… En dehors du personnage de Marnie, la direction artistique correspond à un certain naturalisme. Difficile de vraiment critiquer ce point. On apprécie en outre le travail sur les différentes ambiance lumineuses, magnifiques.
Au final, SOUVENIRS DE MARNIE clôt l’aventure Ghibli par un film réussissant à trouver son ton propre, malgré l’ombre immense de ses illustre maîtres Miyazaki et Takahata… Mais malgré Marnie – beau personnage – ou une accessibilité subtilement complexe, le film ne retrouve jamais cette universalité qui fit la marque des plus grands films du studio. Il se perd également dans un rythme peu soutenu par un manque d’empathie envers l’héroïne… On retiendra surtout de ce SOUVENIRS DE MARNIE, cette émotion véritable amenée avec délicatesse.
Georgeslechameau
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• Réalisation : Hiromasa Yonebayashi
• Scénario : Keiko Niwa, Masashi Ando, Hiromasa Yonebayashi, d'après l'oeuvre de Joan G. Robinson
• Date de sortie : 14 janvier 2015
• Durée : 1h43min