Under The Skin

UNDER THE SKIN – Critique

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Mise en scène
9.5
Scénario
7.5
Casting
8.5
Photographie
9
Musique
8.5
Note des lecteurs5 Notes
8.9
8.6

Under the skin accompagne une jeune femme blonde (Scarlett Johansson) apparemment vierge de toute interaction sociale, dont on ne sait rien. Celle-ci cherche invariablement à séduire les hommes, tous types d’hommes. Elle semble ne pas connaitre les codes sociaux traditionnels, et ne pas savoir vraiment qui elle est… S’en suivra, des disparitions étranges, des mises à mort…

La réaction à la découverte des premières images, est ambivalente, on ne sait pas vraiment à quelle sauce on va être mangé, un peu de surprise, d’appréhension… Ce film a une identité très marquée, qui se matérialise lors des tous premiers plans.
La scène d’ouverture envoie immédiatement la salle dans un univers mécanique, futuriste, étrange. Nous nous trouvons plongés dans un corps, au centre d’un dispositif de rouages modernes reliant l’intérieur d’un corps à un œil.. la caméra sort de la pupille par un mouvement de recul, nous sommes maintenant “devant la peau…”

le film peut désormais se lancer, et accompagner Scarlett dans son étrange périple, en Écosse plus exactement…

J’ai tout de suite été surpris par rapport au Pitch que j’avais lu, qui annonçait plutôt un film d’extra-terrestre. Avec le recul, j’y vois plutôt un drame psychologique… Loin de la SF ou de films conventionnels. Ne vous attendez pas à des aliens ou à un thriller au suspense ”efficace” habituel, il n’en est rien…
C’est un film que l’on peut assimiler à une expérience, tant au niveau de la mise en scène, du ton abordé, et du choix de la narration.

Dès l’entame, le cerveau du spectateur se met en ébullition. Un jeu de questionnement intérieur s’enclenche, en parallèle du film qui lui, déroule, et nous laisse paisiblement prendre le temps d’envisager des solutions, de faire nos hypothèses, de nous construire un chemin mental.

under the skin photo
© Senator Home Entertainment

Qui est cette femme ? Quelle est sa mission? Ou va t-elle nous emmener? La réception est cérébrale, Jonathan Glazer a choisi, par le montage, de laisser le temps de la digestion et de l’anticipation du propos. Il nous fait confiance…
Et cela fait un bien fou de se sentir libre de penser, de juger (au sens large). C’est en partie pour cela que j’estime que c’est un film risqué, qui doit impérativement être vu. Pour l’expérience qu’il procure.
Le réalisateur nous donne un jeu de clés, avec une représentation stricte, factuelle, relative à des situations de séduction, d’interactions Hommes/Femmes. Cependant, il ne nous prend jamais la main pour nous aider à en saisir l’essence ; il nous laisse choisir.

Les informations sont d’une neutralité angoissante, naviguant entre situations tragiques, meurtres ou anéantissements, avec un point de vue Johansonnien et une caméra qui revient vers Scarlett, inexorablement… Jusqu’à l’obsession. Plusieurs thèmes sont abordés au travers des différentes rencontres et des différentes réaction des protagonistes : la manipulation, la séduction, la bienveillance, la spontanéité, la solitude contemporaine, l’animalité des rapports humains, l’injustice, la quête, l’amour, ou plutôt l’absence d’amour, le côté mécanique et pulsionnel des rapports humains… l’Humanité…

« C’est un film pour les curieux sensibles… Un film qui n’est figé ni dans un scénario précis, ni dans des dialogues sclérosants, ni dans des formats pré-établis. »

Attention, nuance oblige : c’est par contre un film réfléchi, structuré et très minutieux…

Il est construit de manière mathématique. Avec une introduction marquée, une fin conclusive, et au milieu de tout cela, un ensemble de chapitres qui coïncident avec les rencontres masculines aléatoires que fait notre Héroïne.

À cela s’ajoute la scène du miroir, élément majeur du film, qui marque un changement pour le personnage, à partir duquel Scarlett s’humanise. En tout cas, elle agit de la sorte, mais se retrouve très vite confrontée à ses limites : elle essaie de manger, de faire l’amour, de dormir, mais sans succès…

Il y a aussi une utilisation marquée de symbolisme esthétique lors des scènes d’union physique ; celles ci qui posent des questions. Est ce que l’acte sexuel est une mise à mort mentale/physique ou sublimée ?
Et puis de nombreuses touches oppressantes de plans des animaux de masse, soumis : fourmis, chiens, pour annoncer les contacts Homme/Femme, peut-être pour rappeler que nous ne sommes rien d’autre que des machines organisées, des êtres de pulsions…

Bref on peut dire que le développement de UNDER THE SKIN suit une logique personnelle, propre à Jonathan Glazer, et que l’évolution de l’ensemble est maîtrisée, au compte goutte. La tendance est majoritairement misanthrope, désespérée et pessimiste…

Pour conclure, chaque étape se termine par un lot de questions, et entraîne son lot de suppositions… Le tout est servi par une photo remarquable, une bande son maligne (Mica Levi), et des paysages d’une grande beauté.
Pour pinailler je noterai des petites longueurs sur la fin, mais très largement compensées par l’omniprésence et la justesse de la plantureuse Scarlett Johansson, sur laquelle le film se repose peut-être un peu trop…
C’est un film qu’il faut appréhender, élucider, et je pense que tout l’intérêt d’ UNDER THE SKIN réside dans la recherche de sa seconde lecture. Il sera nécessaire d’accepter d’être actif, durant le visionnage, pour laisse place à un réel plaisir… A voir, évidemment.

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