© Céline Nieszawer

[critique] WEEK-ENDS

Mise en scène
7
Scénario
7
Personnages et interprétation
8
Photographie
6
Musique
7
Note des lecteurs0 Note
0
7

[dropcap size=small]L[/dropcap]’histoire : au gré de différents week-ends et saisons, WEEK-ENDS ausculte deux couples, Sylvette & Ulrich, et Christine & Jean, respectivement interprétés par Noémie Lvovsky, Ulrich Tukur, Karin Viard et Jacques Gamblin.

Dans les deux premières scènes, Christine (Karin Viard) vole volontairement la place d’une autre femme sur le parking d’un supermarché ; s’ensuit une embrouille plutôt commune… L’instant est raconté dans la scène suivante par Christine à son mari, et ses deux voisins et amis.
Christine évidemment, déforme les faits pour ne pas passer pour une connasse, une individualiste – caractères qu’elle transfère sur l’autre femme. Les réactions de ses interlocuteurs montrent qu’ils connaissent bien Christine : son mari ne l’écoute même pas, Sylvette propose de remettre en contexte, Ulrich y est indifférent.
Le ton du film est ainsi donné. Chercher dans le décalage l’effet du temps qui passe sur la perception des autres. Opposer le point de vue et la manière de raconter l’histoire.

Les gros arguments du film, ce qui le distingue de la masse, c’est son casting et sa réalisation.

Les interprètes du film sont ainsi, tous parfaits. Chacun dans un style propre, à la fois éloigné et proche de leur répertoire habituel. Noémie Lvovsky est Sylvette, l’amie plus ou moins fidèle ; moins touchée par les problèmes de Christine que par ceux qui altèrent sa propre perception du couple. L’actrice est dans un rôle proche de ceux quelle a déjà interprété, tout en étoffant son personnage par de petits tics et manières, lui donnant ainsi une consistance qu’il n’est alors, pas nécessaire d’expliquer par le dialogue.
Ulrich Tukur – son mari, colle également à son personnage jusque dans le détail ; son accent allemand, son pragmatisme et ses gestes / attitudes douces et aimantes en font un personnage singulier.
En face d’eux, Jacques Gamblin est juste et touchant, sans effusion. Karin Viard est sa femme Christine. Parfaite en française absolument moyenne, rendue hystérique par passion.

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Leurs performances est sans aucun doute fusionnelle avec la mise en scène du film. Anne Villacèque filme de façon assez classique, et « française » mais émaille WEEK-ENDS de toutes petites trouvailles formelles évitant au spectateur l’ennui d’observer le spectacle du quotidien (enfin de l’hebdomadaire, puisque chaque scène prend place en week-end).
Ainsi, son sens du timing et du rythme s’allie à un ton très spécial tout en décalage, qui rappelle Lvovsky-réalisatrice, justement.
Par ailleurs, les scénaristes Villacèque, Sophie Fillières (Arrête ou Je Continue) et Gilles Taurand servent pleinement leurs acteurs par de savoureux dialogues remarquablement écrits, dont le minimalisme et l’absurdité jurent avec l’histoire racontée. Ils contrastent également avec la voix-off, dont la prose, cache une véritable ironie ; rare, elle distille pourtant durablement une ambiance mélancolique en mettant en parallèle la réalité du couple et le temps qui passe. Le cadre (la Haute-Normandie) est également un personnage illustrant cette mélancolie, avec ses humeurs et les changements qui l’habitent au fil des saisons.
Le récit, par l’association de ces divers éléments avance sans discontinuer, sans répétition autre que celle liée au titre.

”réalisation sobre mais inventive et casting au top pour une réflexion intelligente sur le temps qui passe et le déclin du sentiment amoureux.”

Puis, intervient un cinquième protagoniste – Pascale, interprétée sobrement par Aurélia Petit – ce personnage dont le spectateur partage momentanément le point de vue, permet un changement d’ambiance, passant de légèreté/hystérie, à une distance permettant une vision différente de personnages dont on avait pénétré l’intime !

C’est ce changement subit de point de vue qui permet au film d’acquérir l’unité qui manquait légèrement à la succession plaisante mais un peu absurde des différentes scènes. À son apparition, l’équilibre de ce film singulier est enfin atteint ; WEEK-ENDS s’impose comme une façon légère d’aborder un sujet commun à tous, un discours sur le
temps qui passe, sur la détérioration du sentiment amoureux.

Sa dernière scène est à ce titre, intelligente : elle oppose ce discours à une vision très jeune. En quelques minutes, évitant soigneusement tout cliché sur la jeunesse, elle réussit à permettre de relativiser le spleen cinquantenaire en l’opposant au spleen de la jeunesse actuelle. Hors, elle présente celle-ci comme capable de comprendre et d’accepter la tristesse d’un amour qui ne fonctionne pas en quelques instant… Chose pour laquelle plusieurs saisons et un film entier seront nécessaire aux protagonistes principaux pour en admettre l’inélucatbilité. Ainsi est présentée la génération « twitter », génération de l’instant, loin des clichés habituels du cinéma d’auteur français – comme porteuse d’espoir, dans l’adaptation. Une conclusion parfaite pour un film plus intéressant et ouvert, que son aspect « gauche-Télérama » ne le laisse deviner.

[divider]INFORMATIONS[/divider]

week-ends

Titre original : Week-ends
Réalisation : Anne Villacèque
Scénario : Anne Villacèque, Sophie Fillières, Gilles Taurand
Acteurs principaux : Karin Viard, Noémie Lvovsky, Jacques Gamblin, Ulrich Tukur, Aurelia Petit
Pays d’origine : France
Sortie : 26 février 2014
Durée : 1h30min
Distributeur : Haut et Court
Synopsis : Un rien suffit parfois à gâcher un week-end à la campagne. Un simple malentendu sur un parking de supermarché, un mauvais réflexe, et voilà que tout se détraque. Rien ne va plus pour Christine. Jean la quitte. Ses amis de toujours, Sylvette et Ulrich, sont un peu moins ses amis. Tout fout le camp. Mais la vie est toujours pleine de surprises.
Amours et désamours dans la vie de deux couples, le temps des week-ends.

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