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310652 - [critique] WHAT WE DO IN THE SHADOWS
© Kane Skennar

[critique] WHAT WE DO IN THE SHADOWS

REALISATION
7.5
SCENARIO
8.5
CASTING
8.5
HUMOUR
7
Note des lecteurs5 Notes
7.9
7.9

[dropcap size=small]L[/dropcap]
orsqu’on me parle de cinéma néo-zélandais, quelques noms me viennent logiquement à l’esprit, comme Peter Jackson, Niki Caro ou Jane Campion, et puis quelques acteurs aussi, Keisha Castle-Hughes, Russell Crowe ou Sam Neill. Alors en entendant parler d’une comédie vampirique issue de ce même pays et qui aurait réussi à se frayer un chemin à l’international, puisque bien accueillie à Sundance l’an dernier, je n’ai pas résisté à ma curiosité. Grand bien m’en a pris !

What We Do in the Shadows, réalisé par Taika Waititi (plus connu pour son Boy, en 2010) et Jemaine Clement, est une gigantesque parodie qui s’assume. Et ça fait du bien pour une fois ! Le film est présenté comme l’ensemble des images tournées par une équipe de documentaristes ayant passé plusieurs mois au sein d’une société secrète de vampires en plein cœur de Wellington. Il y a donc Viago (Waititi en personne), dandy façon 18e siècle. Il y a Vladislav (Clement en personne), vaillant malgré ses 862 ans, une référence évidente à Vlad III de Valachie (1430-1476), alias Vlad l’Empaleur, alias Comte Dracula. Il y a Deacon (Jonathan Brugh ), le ‘jeunot’ de la bande, 183 ans au compteur, qui aime adopter des attitudes de mauvais garçon. Et enfin leur mentor à tous, reclus dans son tombeau, Petyr (Ben Fransham), huit mille ans d’âge, un vrai-faux Nosferatu aux airs de Max Schreck (version Murnau) mais à la stature de Klaus Kinski (version Herzog).

Le film ne dissimule absolument pas ses inspirations et n’en devient que plus jouissif encore. Au passage, la grande mode du found footage, qui a envahi les écrans depuis une quinzaine d’années, en prend pour son grade, avec ses habituels mouvements saccadés ‘caméra-au-poing’ façon [REC], et surtout Blair Witch, inspiration évidente d’une scène de poursuite plutôt pas mauvaise dans un sous-bois. What We Do in the Shadows emprunte ainsi au cinéma contemporain (genre ‘Mockumentary’) tout autant qu’aux jalons classiques. J’ai cité le chef d’œuvre de Murnau, j’aurais pu parler de Vampyr de Carl Theodor Dreyer ou des différentes adaptations de Dracula, bien entendu.

Mais alors pourquoi, pourquoi diable se déplacer pour ce film ? Parce que c’est drôle, tout simplement. En voici une première raison et une bonne ! Les cinéphiles retrouvent les hommages au 7e Art qu’ils aiment tant et les amateurs voient leurs monstres favoris sortir enfin de leurs châteaux poussiéreux pour évoluer dans un univers très, très moderne. Il faut les voir, ces buveurs de sang, essayer de lier connaissance avec des « humains », des vrais, dans les boîtes de nuit de la capitale. Tous les symboles traditionnels sont détournés bien entendu, du crucifix à l’absence de reflet, d’autant plus lorsqu’un nouveau venu se met en tête d’apprendre à ces immortels comment utiliser un téléphone ou un ordinateur.

© Kane Skennar
© Kane Skennar

Par-delà la dérision, What We Do in the Shadows est un étonnant souffle d’air neuf sur le marché du film de vampires, déjà bondé. D’abord parce qu’il s’en prend brillamment aux dérives d’une société devenue voyeuse à coups de télé-réalité et de programmes pénétrant toujours davantage la vie intime. Même si le ton est bon enfant, Waititi et Clement soulèvent de vrais problèmes éthiques quant au contenu à dévoiler, qui semble toujours pousser plus loin. Filmer le moindre évènement et partager sa prise sur les réseaux sociaux sont aujourd’hui d’une facilité déconcertante. Mais ira-t-on jusqu’à filmer des accidents, des cadavres ? Une mort en direct pour l’audimat, la vérité nue ? Il est fort à parier qu’en 2015, tout le monde ou à peu près sait que la toile est un puits sans fond dans ce domaine-là. Certains évoquent même le ‘darknet’, un Internet parallèle que la rumeur voudrait peupler de pédophiles, de hackers et de terroristes. En tous les cas, nul doute que le cinéma s’interroge également sur sa mission à l’heure de la communication instantanée, se demandant s’il doit de même tout montrer et tout de suite, ou poursuivre dans sa lente décomposition des choses via ses canaux traditionnels.

What We Do in the Shadows est un également un exercice intéressant en ce sens qu’il remet la figure du vampire à une place qui doit aussi être la sienne. Devant la floraison de productions toutes plus sérieuses, et d’ailleurs très bonnes, comme Morse ou Only Lovers Left Alive, où le vampire devient objet de réflexion sur la nature humaine, symbole des pulsions inassouvies ou de la laideur inavouable en chacun, la joyeuse troupe néo-zélandaise nous rappelle aussi, et c’est indispensable, que le vampire est avant tout une créature de divertissement. C’est peut-être parce qu’ils nous ressemblent tellement (hormis leurs canines et leur teint blafard) que pléthore de réalisateurs ont choisi de percevoir les vampires comme parfaite métaphore des passions et comme moyen séduisant de faire, mine de rien, de la métaphysique sur écran.

What We Do in the Shadows emprunte au cinéma contemporain tout autant qu’aux jalons classiques.”

Pourtant, pour quelle raison lit-on encore Dracula de nos jours ? Pour quelle raison les lecteurs contemporains de Stoker en avaient-ils déjà fait un best-seller ? Etait-ce pour se plonger dans un questionnement profond sur leurs propres mystères et leur cruauté ? Possible, mais espérons pas seulement. Le vampire est celui qui nous intrigue, qui nous passionne voire nous amuse. Dracula, on le lit sur la plage, un verre de grenadine à côté, juste pour voyager un peu, juste pour s’évader dans une bonne histoire. En récupérant la créature de la nuit, le cinéma l’a travestie malgré lui en personnage maudit, condamné à l’élégance de Bela Lugosi ou le charme discutable de Robert Pattinson. Il était temps de redire qu’il est une de ces créations comme les autres de l’esprit humain qui, et ce n’est pas l’Histoire qui le contredit, est surtout capable de trouvailles lorsqu’il use de son formidable pouvoir d’imagination.

Alors, même si Jarmusch fait du bon boulot (je suis le premier à l’adorer !), calmons-nous tout doucement avant de vraiment faire du vampire notre nouveau prof de philo. Prenons les choses à la légère pour une fois, ne soyons pas si terre-à-terre. Et rions un peu, ça nous détendra !

Tom Johnson

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Titre original : What We Do in The Shadows
Réalisation : Taika Waititi et Jemaine Clement
Scénario : Taika Waititi et Jemaine Clement
Acteurs principaux : Taika Waititi, Jemaine Clement, Jonathan Brugh, Ben Fransham, Jackie Van Beek
Pays d’origine : Nouvelle-Zélande
Sortie : 13 février 2015 (Etats-Unis), prochainement en France
Durée : 1h22
Distributeur : Madman Entertainment
Synopsis : Un vrai-faux documentaire suivant le quotidien des vampires Viago, Vladislav, Deacon et Petyr, partageant un appartement à Wellington.

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Rédacteur depuis le 09.03.2015

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REALISATION
SCENARIO
CASTING
HUMOUR
Note finale

  1. Le film, tend à porter un regard très 90’s-centré sur le cinéma de vampires. Le trio initial symbolisant/parodiant un film, une tendance de cette époque… Ce qui est plutôt cohérent, puisqu’il s’agirait de l’age de la découverte (20 ans) pour les deux réalisateurs.

    Ainsi, Vlad pour la tendance glamrock du Dracula de FFC (avec un petit coté Nick Cave 🙂
    Viago, le romantique, à la Entretien avec un Vampire,
    Deacon, la rockstar, référence détournée à ces vampires indés, jeunes et magnifiques de génération perdue ou Frontières de l’aube (Puis un peu Spinal Tap)

    Ce qui est marrant, est d’avoir donné à chacun un coup de vieux (20 ans), et par là, permet un regard distancié et respectueux sur le passé (petyr/nosferatu – le vampire de la cave) et le futur (Nick, génération Twilight – le vampire con qui s’incruste)

    Au passage, de nombreuses références, par l’humour ou l’image, à Polanski (Bal des Vampires) à Carpenter (quelques clins d’œil de mise en scène) à Peter Jackson (autre Kiwi-gore reconnu), au Found footage, avec la petite scène de poursuite… Un peu de Kubrick (la scène de « chasse au Nick »), un peu de Warriors / WSS (les rencontres avec les loups garous)…

    Bref, comme beaucoup de films de notre génération, une oeuvre inspirée par l’inconscient collectif.

  2. Le film, tend à porter un regard très 90’s-centré sur le cinéma de vampires. Le trio initial symbolisant/parodiant un film, une tendance de cette époque… Ce qui est plutôt cohérent, puisqu’il s’agirait de l’age de la découverte (20 ans) pour les deux réalisateurs.

    Ainsi, Vlad pour la tendance glamrock du Dracula de FFC (avec un petit coté Nick Cave 🙂
    Viago, le romantique, à la Entretien avec un Vampire,
    Deacon, la rockstar, référence détournée à ces vampires indés, jeunes et magnifiques de génération perdue ou Frontières de l’aube (Puis un peu Spinal Tap)

    Ce qui est marrant, est d’avoir donné à chacun un coup de vieux (20 ans), et par là, permet un regard distancié et respectueux sur le passé (petyr/nosferatu – le vampire de la cave) et le futur (Nick, génération Twilight – le vampire con qui s’incruste)

    Au passage, de nombreuses références, par l’humour ou l’image, à Polanski (Bal des Vampires) à Carpenter (quelques clins d’œil de mise en scène) à Peter Jackson (autre Kiwi-gore reconnu), au Found footage, avec la petite scène de poursuite… Un peu de Kubrick (la scène de « chasse au Nick »), un peu de Warriors / WSS (les rencontres avec les loups garous)…

    Bref, comme beaucoup de films de notre génération, une oeuvre inspirée par l’inconscient collectif.