White God
© Delphi Filmverleih

WHITE GOD – Critique

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Habitué du Festival de Cannes où il présenta son deuxième long métrage, Johanna, en 2005 puis Delta en 2008 et Tender Son – The Frankenstein Project en 2010, Kornél Mundruczó marqua les esprits lors de la 67e édition du festival (du 14 au 25 mai 2014) avec White God, qui remporta le Prix Un certain regard, l’une des sections parallèles de la Sélection officielle.

Ce film haletant, très différent des œuvres précédentes du réalisateur hongrois, est à la fois un film d’aventure, d’héroïsme, de vengeance et de révolte. En dépit de quelques séquences prévisibles et une durée un peu trop longue, White God est un beau résultat.

Lili (Zsófia Psotta), 13 ans, vit avec sa mère (Lili Horváth) et son chien, Hagen, qu’elle aime plus que tout. Sa mère, qui doit se rendre à l’étranger pour plusieurs mois, la confie à son père Daniel (Sándor Zsótér). Ce dernier n’est pas ravi d’accueillir sa fille et encore moins son chien. Car pour favoriser les chiens de race, le gouvernement inflige à la population une lourde taxe sur les bâtards. Face aux pressions des habitants de son immeuble, Daniel est obligé d’abandonner l’animal. Commence alors une aventure terrible pour Hagen, confronté pour la première fois à la violence et la cruauté des hommes. Alors que Lili part à sa recherche, Hagen est transformé petit à petit en un animal monstrueux dont la vengeance sera terrible.

Photo du film WHITE GOD
© Delphi Filmverleih

Avec White God, Kornél Mundruczó nous emmène dans beaucoup de directions. Il y a d’abord la relation compliquée de la jeune Lili avec son père. L’adolescente se voit confiée à ce dernier après le départ de sa mère pour plusieurs mois. Une situation qui ne satisfait ni l’une ni l’autre. Lili tient régulièrement tête à son père qui ne sait pas comment la gérer. Elle est en pleine rébellion et refuse de se soumettre aux règles. Avec ce personnage le réalisateur développe une partie de son propos, à savoir ne pas se conformer à la norme. Elle est l’héroïne qu’on n’attend pas et fait preuve de courage jusqu’au bout.
De plus, il y a en parallèle les conséquences de l’abandon du chien de Lili. Avec lui White God se transforme en une aventure. C’est celle d’Hagen qui doit désormais s’en sortir seul, trouver de quoi se nourrir tout en échappant à la violence des humains voulant le mettre en fourrière puisque c’est un bâtard. La métaphore sur la société et les conditions des minorités est facilement discernable mais reste intelligemment traitée, sans trop appuyer.

Sans avoir toutes les qualités, sur la durée, des Oiseaux d’Hitchcock et en abordant un sujet proche de La Planète des Singes, mais de manière moins fantastique, White God n’en est pas moins surprenant et absolument angoissant.

Cependant c’est avant tout dans sa mise en scène que Kornél Mundruczó parvient à quelque chose d’incroyable. Avec quasiment aucun dialogue, on accompagne Hagen dans un long trajet. La caméra parvient à s’adapter à l’animal. Elle utilise aussi bien des plans larges que des plans rapprochés, selon les mouvements dictés par ce dernier, sans pour autant étourdir le spectateur. L’inquiétude grandit devant son avenir incertain, tout comme une compassion inattendue. Au fur et à mesure le film change alors de ton et de genre. Le film d’aventure devient un film d’horreur. Les chiens enfermés et violentés se retournent contre les hommes, Hagen à leur tête. On pense avec White God à l’un des chefs-d’œuvre d’Alfred Hitchcock, Les Oiseaux (1963), évoqué sur l’affiche du film. Mais si Hitchcock surprenait par le contraste entre l’image douce véhiculée par des oiseaux et la violence dont ils étaient capables dans le film, avec White God, les animaux sont dès le début imposants. Le réalisateur utilise près de 250 chiens puissants qui véhiculent pour la plupart une image violente. Par cet aspect le film se rapprocherai davantage de La Conquête de la planète des singes de Jack Lee Thompson (1972) et de son remake La Planète des singes : Les origines de Rupert Wyatt (2011), deux des huit œuvres tirées du roman de science-fiction de Pierre Boulle La Planète des singes (1963). Hagen devenant un meneur à la manière du singe César dans ces films cités.

Ici, parvenir à contrôler et diriger autant d’animaux devient une prouesse technique et l’on reste sans voix lorsque une centaine de chiens féroces poursuivent dans une rue déserte la jeune Zsófia Psotta sur son vélo, sans aucune protection apparente. Une séquence remarquable et terrifiante dès lors que les animaux apparaissent dans le champ. La jeune actrice confrontée à cet événement traumatisant s’avère très courageuse. Elle tient d’ailleurs en grande partie le film. Sous ses airs de garçon manqué avec son gros sweat à capuche, elle dégage une beauté juvénile. Son regard fascinant est à la fois dur et plein de douceur.

Photo du film WHITE GOD
© Delphi Filmverleih

S’il arrive à nous scotcher durant une grande partie de son film, Kornél Mundruczó, faiblit malheureusement sur la dernière partie qu’il étire trop et étale sur près de quarante minutes. Après avoir ouvert la porte à plusieurs sujets sans les développer davantage, notamment la relation père-fille, il s’offre une dernière séquence de grand spectacle, où la meute de chien revisite les lieux présentés durant le film. Enfin, même si on voit facilement venir la scène finale, où se confrontent Lili et les chiens révoltés, celle-ci n’en est pas moins magique. Le travail effectué par les dresseurs et Teresa Ann Miller, en charge de la coordination des animaux, se doit d’être appuyé tant le résultat impressionne. Sans avoir toutes les qualités, sur la durée, des Oiseaux d’Hitchcock, et en abordant un sujet proche de La Planète des singes, mais de manière moins fantastique, White God n’en est pas moins surprenant et absolument angoissant.

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Mise en scène
Scénario
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